chapitre 16

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"J'ai besoin de te voir"

Lorsque Castiel ouvrit la porte de chez lui, se retenant de verser de nouvelles larmes, il fut dans l'optique de grimper rapidement les escaliers pour rejoindre son lit mais, à la place, il se figea à l'entrée en entendant la voix grave de son père de l'autre côté de la cloison.

"Cassie ?" fit sa mère, surprise.

Le susnommé ouvrit la bouche avant de la refermer en voyant son père dans l'embrasure du salon, autant surpris de son apparition que lui.

"Qu'est-ce que... ? T'es pas censé être au lycée à cette heure-là ?" grogna son père, mécontent, en croisant ses bras sur son torse.

Castiel le fusilla du regard, à fleur de peau, et se contenta de le dévisager ouvertement.

"Bonjour Papa."

Puis, il se dirigea vers les marches, pas prêt à affronter les remontrances de son père. Il n'avait qu'une seule hâte : se mettre en boule dans son lit et ne plus penser à rien. Ne plus penser à Dean, ne plus penser à la honte qu'il avait ressentie.

"Castiel ! Je viens de te poser une qu-"

"Manu, laisse ton fils tranquille, s'il-te-plaît."

"Quoi ? Tu l'autorises à sécher maintenant ? Je pars quelques mois et-"

Castiel ouvrit la porte de sa chambre, la referma avec force, faisant trembler les murs, et se dépêcha de rejoindre ses draps dans lesquels il s'emmitoufla.

Son père était rentré. Il avait pensé que sa journée n'aurait pas pu être pire mais, finalement, elle l'était. Il laissa une nouvelle larme poindre le bout de son nez et il la sentit descendre lentement le long de sa joue.

Pourquoi subissait-il tout ça ? Il n'avait jamais eu de problèmes auparavant mais depuis quelques mois, sa vie ne se résumait qu'à être médiocre et l'arrivée de son père n'allait aucunement l'aider. Pourquoi sa mère ne les avait-elle pas prévenus, Gabriel et lui ?

Il ferma les yeux, décidé à oublier cette journée horripilante, et fut sur le point de s'endormir lorsqu'il entendit la clenche être tournée. Il se pétrifia dans la seconde, peureux à l'idée que ce soit son père, mais les petits pas qu'il entendit sur le parquet le rassura.

"Cassie ?"

Son lit s'affaissa légèrement et il tourna la tête pour croiser le regard inquiet de sa mère qui commençait à lui caresser sa chevelure ébouriffée.

"Que s'est-il passé ?"

"Tu avais raison, maman, c'est à mon âge qu'on subit les pires expériences." dit-il en déviant son regard vers sa fenêtre, observant les branches d'un peuplier être balancées au rythme du vent.

"Et les meilleures, également. C'est à cause de Dean ou les autres ?" interrogea-t-elle de la plus douce manière qui soit.

"Tout le monde. Je ne veux pas y retourner, maman." parvint à dire Castiel en sentant de nouvelles larmes se profiler entre ses cils.

"Repose-toi, d'accord ? Nous en reparlerons ce soir."

Il sentit les lèvres de sa mère sur son front et cette étreinte le rendit un peu plus léger. Il l'entendit s'éloigner mais il se retourna vivement ce qui fit stopper les gestes de sa mère.

"Pourquoi… Pourquoi tu nous as pas dit que Papa revenait ?"

Les yeux d'Amélia se voilèrent doucement et elle finit par dessiner un sourire las mais sincère sur ses lèvres.

"Il ne m'a rien dit. Je me charge de ton père, ne t'inquiète pas. Repose-toi, je viendrai te chercher pour dîner."

Castiel la regarda s'éloigner, puis, il s'enfonça dans sa couette et laissa le sommeil l'envahir.

Il crut entendre la voix de son frère s'élever avec ferveur du rez-de-chaussée durant sa sieste mais il n'en comprit pas un mot et s'enfonça à nouveau dans le noir.

Il se réveilla en sursaut alors que la voix de Gabriel hurlait sous sa fenêtre. Il fronça les sourcils, se réveillant doucement, et se concentra sur la conversation houleuse qui provenait de l'extérieur.

"Maman ! C'est à cause de lui que Castiel est dans cet état ! Papa, vire-le !"

"Gabriel ! Touche ne serait-ce que d'un pouce cette échelle et tu peux dire adieu à ta sortie de ce week-end !" cria sa mère.

"Mais… Vous allez pas le laisser grimper ?! Il est toxique, ce mec ! Je-"

"Cela suffit, Gabriel, je t'ordonne de venir dans la maison et de laisser ce jeune homme tranquille !" finit par s'énerver sa mère.

Castiel fut sur le point de se lever pour aller voir ce qu'il pouvait bien se passer à l'extérieur de la bâtisse mais la tête de Dean se trouva dans son champ de vision juste derrière la vitre et il sursauta.

Que diable faisait-il là ? À plusieurs mètres de hauteur devant sa fenêtre ? Il vit le poing de son fantasme frappait doucement contre cette dernière et il entendit sa voix grave résonner à travers le double vitrage.

"Ouvre-moi, Cas. S'il-te-plaît." Sa paume s'étala sur la vitre. "Il faut que je te parle. Laisse-moi entrer."

Le susnommé se leva de son lit et se contenta de s'approcher sans avoir pour projet de le laisser escalader sa fenêtre. Il croisa ses bras sur sa poitrine et le dévisagea méchamment.

"Qu'est-ce que tu veux, Dean ? Et puis, qu'est-ce que tu fiches sur cette échelle ?" s'énerva Castiel.

A vrai dire, il avait le cœur qui battait la chamade, il se serait cru dans Roméo et Juliette face à cette scène mais il se rappela de la raison pour laquelle Dean était là et il avait de nouveau une boule d'angoisse coincée dans sa gorge. Il n'avait pas besoin d'entendre les excuses pitoyables de cet homme, il n'avait pas besoin de connaître le pourquoi du comment qu'avait eu Dean pour l'avoir ridiculisé de la sorte. Il n'en avait pas besoin pour la simple et unique raison que Castiel savait qu'il pourrait lui pardonner et il ne voulait pas le faire. Dean ne méritait pas qu'il le fasse.

"Je suis venu dès que les cours se sont terminés mais Gab' m'a interdit d'entrer alors j'ai été cherché ce truc chez moi pour te voir. J'ai besoin de te voir, Cas. J'ai envie de te voir, okey ? Et sache que même si tu te décides à me laisser derrière cette putain de fenêtre, je resterai là toute la nuit jusqu'à ce que tu en décides autrement, capiche ?"

Castiel n'aimait pas le ton qu'employait Dean. C'était à lui d'être fâché, pas ce basketteur. C'était lui qui avait été humilié, remit à sa place de la pire manière qu'il soit, et pourtant, Castiel soupira en abaissant la poignée afin de le faire entrer.

Après tout, c'était Dean et Dean pouvait tout lui demander, Castiel le ferait.

(Castiel)Un amour incroyable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant