"Ce nouveau visage n'est pas répugnant"
Dimanche midi.
Castiel descendit les escaliers de sa demeure avec une nonchalance non feinte. Il venait à peine de se réveiller, première grasse matinée qu'il s'offrait de sa vie, et ce n'était pas pour lui déplaire. Il se sentait mieux, plus humain peut-être ?
Il soupira en entendant la voix bourrue de son père dans la salle à manger et se dirigea vers les voix sans y prêter attention. Il s'installa simplement à sa place, déviant son regard vers la nourriture généreusement placée au centre de la table et écouta d'une oreille discrète la conversation autour de lui.
"Je n'ai rien à te dire." fit la voix glaciale de son aîné.
"Rien à me dire ? Ça nous inquiète mais tu décides de faire ta forte-tête ?"
"Manu, laisse-le, ce n'est qu'une petite égratignure."
"Ouais et bientôt, ça va être un bras plâtré qu'on va encore se coltiner ! Mais qu'est-ce que j'ai fait pour avoir des enfants aussi fragiles ?!"
Castiel leva les yeux vers Gabriel qui grognait silencieusement et il vit une vilaine coupure sur sa lèvre supérieure. Il haussa un sourcil dans sa direction lorsque ce dernier riva ses yeux aux siens et Gabriel lui répondit par un petit sourire contrit.
"T'es au courant de quelque chose, Castiel ? Sur l'état lamentable de ton idiot de grand-frère ?" questionna Emmanuel d'un ton acerbe.
"Pas le moins du monde mais je suppose qu'il l'avait bien cherché." fit-il en mâchouillant sa viande froide.
Castiel posa son regard à nouveau sur Gabriel qui hochait la tête avec gravité. Était-ce la signature de Dean ? Probablement. Et Castiel ne ressentait rien d'autre que de l'indifférence pour cette blessure. Après tout, Gabriel l'avait largement mérité.
"Vous me fatiguez, les garçons. Est-ce que je peux avoir le sel, Amy ?"
"Tiens. Qu'est-ce que tu fais cet après-midi, Cassie ? On pensait aller faire un tour au parc avec ton père et-"
"Je pense que je vais sortir voir Dean." répondit Castiel sans se sentir coupable de couper la parole à sa mère ni même d'annoncer ça devant Gabriel.
"C'est le garçon qui a escaladé notre façade avec une échelle, c'est ça ? Il est fréquentable au moins ?"
Le rire de Gabriel emplit la pièce ce qui obligea leur père à se tourner vers lui.
"Il est le capitaine de l'équipe de basket du lycée et c'est aussi le mec le plus branché de toute la région."
"L'équipe des Warriors ? Ceux qui ont remporté la coupe régionale l'année dernière ?"
"Ceux-là même."
Castiel soupira en voyant le regard fier de son géniteur dans sa direction, comme si être ami avec Dean le rendait nettement plus intéressant à ses yeux.
"C'est bien, Castiel ! S'il souhaite venir à la maison ou si tu souhaites l'inviter, je n'y vois aucun inconvénient. Sais-tu où est-ce qu'il veut aller après le bac ? Je suis sûr qu'avec une valise comme la sienne, il peut intégrer n'importe quelle faculté."
"Il est déjà pris pour intégrer l'université de Kentucky." répliqua Castiel en jouant avec sa fourchette, délaissant les légumes dans un coin de son assiette.
"Ses parents doivent être fiers de lui. Tu devrais prendre exemple sur ce garçon, Castiel. Tu te rends compte, Amélia ? Il a quoi, seize ans ? Et est déjà promit à un bel avenir !"
Le cadet des Novak se leva subitement, ignorant la bienséance apprise par ses parents, et se dirigea vers la cuisine pour ramasser sa vaisselle qu'il abandonna dans l'évier. Puis, il mit son trench sur ses épaules tandis qu'il vit du coin de l'œil son père venir jusqu'à lui.
Il crispa sa mâchoire, sachant qu'il aurait le droit à une minute de remontrance pour agir de la sorte, et il sentit la paume de son père se poser sur son épaule.
"Souhaite le bonjour à Dean de ma part et dis-lui bien qu'il est le bienvenu, d'accord ?"
Castiel le dévisagea sans comprendre et fut autant surpris en voyant Emmanuel lui ouvrir la porte, avec un sourire sincèrement heureux inscrit sur son visage.
Pour autant, Castiel ne chercha pas à en savoir davantage et s'éloigna à la hâte pour ne plus affronter le regard de son père.
Ce père qui était simplement fier que Castiel ait un "ami" du nom de Dean. Fier qu'il côtoie quelqu'un d'exceptionnel. Pourquoi est-ce qu'il se sentait encore plus en colère devant ce fait ? Il se fichait de son géniteur, de ce qu'il pouvait bien penser, alors pour quelle raison avait-il envie de lui cogner la tête ? Et puis, depuis quand Castiel ressentait le besoin de frapper quelqu'un ?
Il s'arrêta sur le bord de la route, essayant de contrôler ses nerfs, avant de reprendre la marche en direction de la petite maison de Dean. Est-ce que son père serait toujours aussi fier s'il apprenait que Dean l'avait embrassé ? Sur les lèvres ? Est-ce que son père serait toujours aussi fier s'il apprenait que Dean n'était pas qu'un simple ami ?
Il se stoppa à nouveau devant le portillon des Winchester et laissa son regard observer le petit jardin lui faisant face. Était-il toujours perçu comme étant un petit-ami ? L'avait-il été un jour d'ailleurs ?
Après tout, Dean l'avait à nouveau embrassé que la veille, est-ce que cela confirmait leur statut ? Et puis, la conversation qu'ils avaient eu autour de la table n'avait pas non plus arrangé la chose, l'avait peut-être même empiré.
Pourquoi est-ce que tout semblait compliqué ? Pourquoi personne ne lui avait dit qu'aimer quelqu'un était si difficile et si incompréhensible ? Dans les films, cela paraissait simple alors pourquoi ne l'était-ce pas avec lui ?
Il arrêta de divaguer en voyant Dean ouvrir la baie vitrée et son sourire s'illumina dans la seconde, surtout en voyant ce même sourire se dessiner sur le visage de ce dernier.
Peu importe que cela soit compliqué, dès que son Dean montrait le bout de son nez, Castiel ne voyait plus rien d'autre et ne ressentait plus qu'un bonheur sans nom s'inscrire dans ses veines.
Alors, tant pis s'il souffrait la seconde d'après, tant pis si les autres ne percevaient pas ça d'un bon œil, tant pis si cela faisait souffrir son aîné, tant que Dean le regardait avec tendresse, passion et désir, Castiel sautera dans cette complication les deux pieds joints et la tête la première.
VOUS LISEZ
(Castiel)Un amour incroyable
Genç KurguL'invisible et le populaire ? Le banal et l'excellence ? Deux adolescents que tout oppose et pourtant... Le premier amour, le vrai, le beau."