chapitre 17

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"J'ai merdé, je le sais"

Castiel se retrouva à nouveau emmitouflé dans sa couette, comme si cette couverture allait le protéger de la suite des événements, comme si elle retenait Dean de ne faire ne serait-ce qu'un seul geste dans sa direction. Il se sentait un peu plus en sécurité derrière ce drap.

Quand Dean eut les deux pieds sur le parquet et qu'il eut fermé la fenêtre, Castiel crut percevoir un voile de déception et de honte traverser ses iris.

Il avait bien évidemment toutes les raisons du monde pour ressentir ce genre d'émotions, il avait été trop loin, et pourtant, Castiel eut un pincement au cœur en le voyant ainsi. Il paraissait avoir toute la détresse du monde sur ses épaules et cette constatation rendit Castiel plus sage, plus calme, plus ouvert à une discussion.

Dean se racla la gorge tout en se massant l'arrière de la nuque avant d'aviser la petite chaise de bureau en face du lit et il s'y installa, maladroitement, cherchant vraisemblablement les mots pour entamer la conversation.

"Cas… Je…"

Il entendit un soupir sortir des lèvres de son Dean et il percevait la concentration se dessiner sur ses traits. Castiel laissa le silence envahir la pièce, pas du tout envieux à l'aider.

"Si tu savais comme je m'en veux. Je voulais pas… Je voulais vraiment manger avec toi ce midi mais ils… Je croyais qu'en leur faisant prendre conscience de l'importance que je te porte, ils changeraient mais…"

Dean se dandina sur sa chaise, essuyant ses paumes contre son jean, de toute évidence mal à l'aise alors qu'il évitait son regard.

"Je croyais qu'ils en avaient fini avec toi, je leur avais demandé d'arrêter ! Que tu comptais pour moi mais Lisa, elle… elle te déteste sans même te connaître !"

Castiel vit les doigts de Dean se serrer contre sa paume et il arrivait à ressentir la colère qui émanait de lui. C'était plutôt agréable de savoir que le capitaine tenait assez à Castiel pour réagir de la sorte.

Le jeune Novak plissa le nez en se concentrant sur le magnifique visage à quelques mètres de lui. Il semblait légèrement plus rouge du côté de sa joue droite, s'était-il battu ? Avec qui ? Il voyait mal Dean se battre avec Lisa. Était-elle sa petite amie d'ailleurs ? Dean ne lui avait rien dit à ce sujet avant qu'il ne reprenne les bancs de l'école.

"Qu'est-ce que tu t'es fait à la joue ?" osa-t-il demander.

Il observa la main de son ami se poser sur la peau rougie et un fin sourire se dessina sur ses lèvres comme si ce qu'il avait était bien mérité, comme s'il en était fier.

"Un cadeau de Még."

Castiel entrouvrit les lèvres, un peu médusé par la révélation. Il ne savait pas s'il devait la remercier pour avoir remis les idées de Dean en place ou s'il devait lui en vouloir pour avoir marqué un aussi beau visage. Quoi qu'il en soit, il ressentit une petite pointe de fierté pour avoir une amie aussi attentionnée à son égard.

Dean se frotta la joue encore un moment, perdu dans ses pensées.

"Je ne comprends pas pourquoi ils s'acharnent tous ainsi sur moi… Ils ne me prêtaient jamais attention avant mais depuis qu'ils savent que tu me côtoies…"

Castiel n'arriva pas à terminer sa phrase, un sanglot se bloquant dans sa gorge. Il donnerait tout pour devenir aussi invisible qu'auparavant. Il donnerait tout pour ne plus avoir ce harcèlement constant. Il commençait vraiment à angoisser pour n'importe quoi et il n'aimait plus, n'aimait pas, vivre dans la peur.

Est-ce qu'il regrettait son amitié avec Dean ? Oui et non. Oui parce qu'étrangement, tous ses malheurs étaient liés à cet homme, il n'en doutait plus. Non parce que c'était sans aucun doute la plus belle amitié qu'il avait et puis, au plus profond de son être, il espérait que cette relation change au fil du temps, que Dean tombe amoureux de lui comme lui était tombé amoureux de ce basketteur.

Pourquoi espérait-il ? Dean semblait ne pas vouloir s'attacher ou s'il voulait le faire, cela semblait être parti pour que ce soit avec Lisa, et non lui. Il dévia son regard vers les mains du jeune capitaine qui se les triturait.

"Parce qu'ils savent…"

Ça avait été un murmure, presque inaudible, mais Castiel l'avait bien entendu. Ils savent ? Que savaient-ils au juste ? Et c'était qui ces "ils" ? Lisa, Amara, Cassie ? Toute sa troupe ? Gordon, Dick, Adam, Benny ?

"Que savent-ils ?"

Dean ouvrit la bouche, la referma, se leva, fit un pas, se frotta la nuque, fit un deuxième pas, se mit à rougir, se pinça les lèvres, lâcha un soupir, approcha son poing à sa bouche, grogna une phrase incompréhensible. Castiel plissa le front, dans l'incompréhension total, et fut sur le point de répéter sa question quand le regard de Dean se posa dans le sien.

Il se noya dans le vert de ses yeux, subjugué par la brillance qu'il y voyait. Avait-il déjà vu tant de beauté dans un regard ? Son cœur rata un battement et il se mit à accélérer la cadence en observant les gestes de Dean dans sa direction.

Il fit un nouveau pas dans sa direction, s'installa sur le bord du lit, lentement, comme si le temps venait actuellement de se mettre au ralenti, sa paume se posa sur le haut de sa cuisse, celle-ci bien cachée sous la couverture, et son visage s'avança.

La respiration de Castiel s'arrêta. Est-ce qu'il était sur le point de vivre ce qu'il avait rêvé vivre depuis des mois ? Est-ce que c'était réel ? Allait-il vraiment sentir les lèvres pleines de son fantasme sur les siennes ?

Ses yeux s'agrandirent quand il perçut la douce sensation se posant sur sa bouche, un toucher léger telle une plume, puis il ferma les yeux en sentant l'espace se rétrécir ostensiblement.

Une effusion de bien-être lui traversa le corps, il se sentait à sa place, ici, il se sentait libre, heureux. Il se sentait important aussi. Il ne pensa plus le temps de l'instant, simplement rivé sur ce baiser et ses sensations, sur ce qu'il ressentait.

C'était doux, c'était bon, c'était merveilleux. C'était sage, c'était timide, c'était calme.

Était-ce le début de quelque chose ? De quelque chose de beau ? Ou était-ce la fin ? La fin d'un magnifique rêve ?

Il ouvrit à nouveau les yeux quand il ne sentit plus les lèvres sur les siennes et ses pupilles fusionnèrent avec celles de Dean. Il y lut la tendresse et la joie mais il percevait autre chose aussi. De la peur.

Aucun son ne brisa l'échange, ils se regardaient juste, se demandant silencieusement l'un et l'autre si ce qu'ils vivaient était vrai et sincère. Comment diable Dean pouvait-il en douter ?

N'avait-il jamais remarqué les gestes timides et maladroits de Castiel ?

Dean se redressa un peu et le jeune Novak approcha ses doigts de ses propres lèvres, encore sous le choc de ce majestueux premier baiser. Son premier baiser. Avec Dean.

Un sourire épanoui se dessina sur ses lèvres et il lui semblait n'avoir jamais éprouvé aussi belle sensation.

(Castiel)Un amour incroyable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant