LE CORBEAU

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Le chant d'un corbeau résonna dans un petit quartier de Houston lors d'un matin grisâtre d'octobre 1994. Il se posa sur la branche tordue d'un arbre dépourvu de feuilles, il poussa encore un cri, puis un autre, comme pour signaler un mauvais présage, qui se préparait à débarquer. Il s'en alla dans un battement d'ailes agréable malgré l'ambiance sinistre qui pesait quelques minutes avant. Il plana juste au dessus d'une petite maison, d'une famille moyenne et ordinaire, ses cris réveillèrent le fils aîné de cette famille, Jonathan Boward. Il ouvrit délicatement les yeux et observa le plafond gris beige de sa chambre. Il soupira en sachant qu'il était l'heure de se tirer du lit chaud et douillet pour aller au collège. Il retira sa couette dans un geste rapide, et posa ses pieds sur la douce moquette. Il bailla et se gratta la tête qui était recouverte d'épis brun. Il ouvrit ses rideaux et observa la rue parsemée de maison du même modèle que la sienne, elles se ressemblaient tellement qu'on pouvait parfois se tromper et rentrer chez les voisins. Ca ne lui était jamais arriver mais l'idée lui parcoura souvent l'esprit.

Il leva les yeux et fit une grimace de dégoût en voyant le ciel d'un gris dense, il finirait bien par pleuvoir et il détestait aller au collège les jours de pluie. Il quitta sa chambre et croisa sa mère dans le couloir. Elle lui fit un sourire et lui fit de même avec son visage à peine réveillé.

- Tu as bien dormi ?

- Ca va oui, mais les meilleures  choses ont une fin.

- Ton père et moi-même sommes aussi aller à l'école pendant des années, et ça ne nous a pas tuer, tu peux le faire toi aussi.

- Ouais justement vous en avez fini avec l'école, moi je ne suis qu'en 4ème.

Il prit un air pensif, puis sa mère remarqua bien l'inquiétude dans ses yeux.

- Et puis... vous avez jamais vécu d'événements comme nous subissons en ce moment.

- John mon chéri, la... la police a dit qu'ils avaient fugué, ne t'en fais pas pour ça.

- Cinq élèves qui décident, un par un, de fuguer en deux mois ? Maman c'est vraiment absurde. L'un d'entre eux, Bryan, c'était mon ami, et il me manque.

Il s'en alla en passant à côté d'elle sans rien dire de plus, elle se retourna et prit un air presque triste en s'imaginant que son fils puisse être a ce point perturbé par ces étranges disparitions. John se rendit dans la cuisine et se mit à table pour le petit-déjeuner au côté de sa petite sœur, Carmen. Elle mangeait tranquillement une tartine de beurre salé tout en lisant un magazine. John lui posa une question tout en se préparant à manger.

- Papa est déjà parti ?

- Oui, depuis dix minutes.

- C'est lui qui t'a préparé tout ça ?

- Non c'est maman, il a pas le temps, son métier de soldat lui tient à cœur.

- C'est un policier Carmen.

Du haut de ses neuf ans, Carmen ne savait pas tout différencier encore, heureusement pour elle, avoir un grand frère de seize ans peut lui apporter de bonnes choses. Ils entendirent un orage, Carmen sursauta du haut de sa chaise et tourna sa tête vers john, pour observer sa réaction. Il avait les mains posées sur le lavabo et fixait, depuis la fenêtre juste en face de lui, le ciel qui s'assombrisssait de plus en plus.

- Je vais devoir prendre mon parapluie.

Il partait à pied au collège, il en avait pour un peu plus de quinze minutes, sa sœur toujours a l'école primaire, se faisait emmener par leurs mère qui n'avait pas de travail et restait à la maison. Leurs père étant policier, elle restait beaucoup trop souvent seule, les journées étaient longues. Il se brossa ensuite les dents, prépara son sac et son parapluie. Il n'oublia pas de se gominer ses cheveux bruns, qui après ça, reluisaient de tout côtés. Sur le pas de la porte sa mère l'embrassa.

- Sois prudent sur la route et ne parle pas aux étrangers.

- Maman, ça fait trois ans depuis la sixième que j'y vais à pied tout les jours, je sais ce que je dois faire.

Il embrassa sa petite sœur qui enfilait ses petites bottes pour la pluie, il l'observa faire puis souria. Il l'aimait plus que tout, avec ce qui se passait dans son collège il était vraiment content qu'elle soit encore en école primaire. Il déplia son parapluie et quitta la maison en leurs faisant un dernier signe de la main depuis le portail à l'entrée du jardin. Le lotissement était désert, il observait chaque maison, chaque rue et arrivait toujours au même résultat : Rien. Il entendit un corbeau, leva la tête et le vit qui volait au dessus de lui, il se posa sur le capot d'une voiture et se mit à l'observer silencieusement. John fit de même tout en continuant à marcher, puis il lui fit peur en s'approchant brusquement de lui, l'oiseau noir s'envola apeuré.

- Sale bête.

En marchant il repensa aux disparitions de cinq élèves au collège. Cinq, en deux mois, c'était plutôt deux mois et demie mais il n'en prêtait pas attention. Deux filles et trois garçons. La première, le 10 septembre, Sandra Parish, après la sortie des cours elle y était retournée en disant qu'un prof voulait la voir. On ne l'as plus revu. Le deuxième, Bryan Failder, un de ses amis, il avait allumer un pétard en pleine classe et le prof d'histoire, Mr. Colter, lui as ordonner de sortir de la classe en dernier, il ne l'a jamais revu. Le troisième, c'était un garçon qu'il ne connaissait pas, un cinquième, il s'était battu avec un autre élève à la cantine, la directrice l'a emmener dans son bureau, et il a disparu. Il vit un homme sortir de sa maison en courant afin d'échapper à la pluie et grimper dans sa voiture. La voiture démarra, puis passa juste à côté de lui. La pluie tombait de plus en plus forte, même sous son parapluie, il sentait que de l'eau lui coulait légèrement sur la tête.

Il replongea dans ses pensées. Le quatrième, un des membres de l'équipe de Football, un troisième, Logan Stone, un frimeur chouchou des filles, après un entraînement c'était le dernier à être encore dans les vestiaires, ses camarades l'attendaient tous devant l'entrée mais il n'en sortit jamais et il n'a jamais été retrouver à ce jour. Et la dernière, le quatorze octobre, Georgia Walls, elle rentrait à pied du collège et ses parents affirment qu'elle n'est jamais arrivée. C'est la seule a avoir disparu en dehors du collège. La police a menée une enquête, son père, Donald Boward, travaillait dessus. Ils ont interrogé la totalité des élèves, des profs, des surveillants et des parents mais ils se sont arrêtés la. Ils n'ont même pas lancer des recherches, rien. John avait demander à son père pourquoi il avaient arrêter d'enquêter la dessus, et Donald, assis devant la télé, sa chemise déboutonnée, lui avait répondu très calmement sans même le regarder.

- Ils ont fugués fiston, c'est la seule piste possible.

"Ils ont fugués" c'était des conneries, et john le savait très bien. Il arrêta de penser à cette pénible affaire quand il arriva devant son collège, se disant une dernière fois qu'il y en aura forcément un sixième.

La SecteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant