Chapitre 9

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Horrible, ce mec était horrible, repoussant, hideux et pervers. J'avais passé la discussion à envisager les mille et une manière de le tuer et de décrocher ce petit sourire suffisant qu'il avait collé sur le visage. Steve était vraiment arrivé au bon moment et je n'avais pas pu retenir mon soupir de soulagement. Pourtant j'avais fait bonne figure malgré mon dégoût et avais paru en surface intéresse au propos de Lyman. Mais en pensée j'étais partie, et Dieu que j'étais partie loin. Je ne savais pas l'expliquer mais me remettre à séduire pour une mission avait fait remonter des mauvais souvenirs depuis la nuit dernière. Ça m'affectait plus que ce que ça aurait dû et je n'aimais pas ça. Je n'avais pas l'habitude d'être autant réticente à effectuer une mission. Le travail était littéralement ce qui faisait tourner ma vie. Je n'avais pas de famille enfin de famille biologique, pas d'amis ou depuis peu et pas de relation amoureuse. Pas de foyer, pas de dîner à préparer en famille, pas de petites têtes blondes à border et pas d'histoire à raconter. Cette vie me convenait ou du moins je m'en contentais jusqu'à maintenant. Malgré la résignation de vivre comme cela jusqu'à la fin de mes jours, je restais faible, affreusement faible, j'étais humaine et je me noyais à petit feu dans la mer de regrets que j'éprouvais. J'arrivais normalement à maîtriser mes démons mais cette foutue mission me confrontais à eux plus que ce que je n'avais prévu. J'avais cauchemardé toute la nuit et je savais que quand mes cauchemars étaient si présents je criai. Steve avait dû m'entendre mais il n'avait fait aucune remarque et je ne l'avais pas encore remercié pour cela ; il faudra que je le fasse mais là n'était pas le moment.

- Alors je lui ai tapée dans l'œil ça ne fait aucun doute. [ Surtout ton décolleté si tu veux mon avis. Chuchota Steve.] Le plan est en marche.

Je le scrutais, il était assis dans le fond de son siège, les bras muscles saillants croisés sur sa poitrine, les cheveux encore mouillés plaqués descendants contre sa nuque. Le visage tendu dans une expression colérique, colère que je n'expliquai pas. Le regard fuyant. Sa moue bien qu'adorable signifiait que quelque chose ne lui allait pas.

- Steve notre amitié repose sur la transparence il me semble... Alors soit tu me dit ce qui se passe, soit tu te démerdes pour faire mieux semblant que tout va bien.

- C'est seulement quand ça t'arrange que la transparence est notre mot d'ordre... Murmura-t-il puis plus fort Et surveille ton langage .

Ses yeux avaient retrouvé leurs petites étincelles et une fossette supère mignonne s'était installée sur sa joue gauche. Toute trace de colère avait disparu de son visage.

- Tu arrives presque à être aussi bipolaire que moi. Dis-je en riant pour détendre l'atmosphère.

Il ria, ça me fis énormément de bien d'entendre son rire chaleureux et contagieux et je riais avec lui.

- Bon qu'est-ce qu'on fait maintenant grand sous-chef suprême ?

Je haussais un sourcil.

- Sous-chef ? Je mérite mieux que ça vu que je vais faire tout le boulot toute seule... A moins qu'une paire de seins te pousse cette nuit.

Il s'étouffa avec sa salive, retenant le rire bruyant qui lui était venu. Il se racla la gorge, histoire de reprendre contenance.

- Bien alors je te nomme provisoirement grand chef suprême car je ne prendrai pour rien au monde ta place de tentatrice maléfique.

Je ris à mon tour.

- Tentatrice maléfique ça me va parfaitement. Je propose que l'on ré-attaque cet après-midi. Le mieux serait que Lyman m'invite à prendre un verre dans sa suite mais je pense que c'est un peu prématuré. Alors je resterai au bar et nouerai un peu plus le contact. Il faut qu'on détermine un signe pour nous prévenir mutuellement quand il faut que l'autre rapplique.

- Si l'on porte les oreillettes on peut choisir un mot, par exemple une injure vu que c'est ton langage préféré...

- Définissons d'abord ce qu'est une injure Rogers je ne voudrais pas que tu te ramènes si je dis « merde » ou « putain » Dis-je taquin.

- Mais ce sont des grossièretés Nat. Fit-il en levant les yeux au ciel.

Je levai les miens aussi, gentiment excédée par la naïveté et la droiture de Steve.

- Va pour les injures alors ! Tu veux qu'on fasse quoi jusqu'à cet après-midi?

Il réfléchit un instant, les activités ne manquaient pas ici, enfin pour les touristes qui ne devaient pas espionner un mec. Sauf que nous n'étions pas en vacances comme les autres personnes présentes ici, j'avais tendance à l'oublier ces dernières heures.

La réponse de mon partenaire me surprit agréablement.

- Soyons juste de parfaits amoureux en vacances, et montrons-le à tout le monde.

Nous avions continué à flâner durant le reste de la matinée puis nous nous étions installés pour un pique-nique sur la plage. La discussion était légère et agréable, je me sentais bien, vraiment heureuse, ça faisait longtemps, je profitais pleinement du moment et enregistrais chaque détail dans ma mémoire.

Le repas fut trop vite fini, devant reprendre le travail je retournais à la chambre pour me changer. Je ressortis à peine quelques minutes plus tard vêtue d'une robe noire moulante toute simple m'arrivant au-dessus des genoux, les cheveux coiffés en un chignon déstructuré comme si je ne venais pas juste de le faire. J'avais mis mon oreillette.

- Pense à te tourner toutes les heures si tu ne veux pas bronzer que d'un côté Rogers. Dis-je à Steve qui était resté sur la plage.

- Je demanderai à une jolie femme seule de me passer de la crème solaire ne t'en fait pas pour moi Romanoff.

Je ris jaune à sa réplique, piquée, jalouse. D'un pas décidé, je me dirigeais vers le bar où je vis Peter adossé. Parfait. Je me rapprochais de lui, féline et aguicheuse.

- Peter

- Ho Annie, comment allez-vous ?

- Ho je vous en prie Peter, tutoyez-moi.

Il me regarda et me sourit, je pouvais lire son désir grandissant rien qu'en le regardant.

- Je te dois des excuses pour ce matin Hayden est un peu... Comment dire .... Protecteur.

- C'est logique, avec une femme comme toi il doit être constamment obligé de défendre son territoire...

Je rougis et dans mon oreille j'entendis Steve grogner quelque chose d'incompréhensible.

- Je peux t'inviter à prendre un verre avec moi ? En toute et bonne intention bien sûr...

- Avec plaisir.



Redoutable tentation [ Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant