Une vie à reconstruire

Prends ton temps Katsuki.

Le blond le regardait en pleurant. Il ne pouvait y croire. Son Shoto, celui à qui il tenait, ne se souvenait de rien.

-Non...

Shoto baissa les yeux.

-Je suis désolé Katsuki. Je ne peux pas t'apporter les réponses dont tu as besoin.

Le blond ne pouvait croire à ces mots. Non, c'était qu'une blague, oui c'est ça! Une grosse blague! Son Shoto ne pouvait pas l'avoir oublié!! Ça ne pouvait pas être réel!

Le bicolore caressait doucement la joue du blond en le regardant tendrement.

-Si je suis revenu à Yuei, c'est pour retrouver la mémoire. Comme c'est mon ancien lycée, les médecins pensent que ça me la ferait retrouver plus vite.

-Alors... tu ne savais pas pourquoi... je t'avais frappé?

-Non... j'ai juste ressenti ton immense colère envers moi.

Le blond n'en pouvait plus. C'en était trop pour lui. Il lâcha la bicolore et se laissa tomber, les yeux dans le vide. Il se sentait totalement détruit.

-Alors tu m'as oublié...

Shoto se releva et le regarda. On avait l'impression que Katsuki venait de voir un mort tellement il était pâle.

- Je ne pense pas.

Katsuki sursauta et le fixa absolument perdu.

-Enfin... si on se base sur les souvenirs, oui j'ai oublié tout ce qu'on a vécu. Mais... je pense avoir encore les émotions. Je ne sais pas pourquoi, mais rien que le bracelet me rappelais des souvenirs, surtout les moments joyeux qu'on passait ensemble. Lorsque je suis prêt de toi, je me sens étrangement bien. Quand tu m'avais frappé, j'avais qu'une envie, c'était de te connaître un peu plus. J'ai regardé toutes les vidéos du championnat, mais il n'y a que notre combat où je me rappelle vaguement de ce que j'avais vécu. Mes émotions ne t'ont pas oublié Katsuki.

Le blond le regardait sans le croire. Il ne croyait pas à ce possible miracle. Il s'approcha lentement de lui, et comme le bicolore ne bougeait pas, le prit dans ses bras.
Il détestait montrer ses émotions, mais seul Shoto méritait de les voir. C'est pourquoi il osa se laisser aller. Il pleura face à cette annonce qui le rendait si heureux. Il pouvait retrouver son Shoto. Il ne lui manquait que leurs souvenirs. Si ce n'était que ça, alors il fera tout pour l'aider à les retrouver. Sinon, il lui en créera d'autres.

-Putain... tu fais vraiment chier le glaçon!

Shoto sourit et le serra doucement contre lui. Il avait une grande envie de pleurer aussi, mais une immense joie l'empêchait de se lâcher. Il était heureux d'avoir le blond prêt de lui, qu'il ait accepté son amnésie.
Ca peut sembler bizarre d'avoir peur d'une réaction pour une telle information, mais tu ne sais pas comment un proche peut réagir face à ça. Car tu as oublié qui il était et ses possibles réactions.

Le blond sécha ses larmes mais gardait le bicolore prêt de lui.

-Bordel t'as pas intérêt de repartir Double face! Surtout pas maintenant!

Shoto sourit en caressant ses cheveux.

-Tu crois vraiment que je pensais tous ce que j'ai dit ? Non, je préfère largement rester prêt de toi.

Les deux étaient heureux, malgré la triste nouvelle. Shoto se sentait libéré de lui avoir dit ce problème, et Katsuki était encore un peu sous le choc.

-Qui est au courant ?

-Toi, les médecins, les professeurs...

-Comme moi.

Les deux adolescents se figèrent. Ce n'était pas leurs voix.
Il se tournèrent vers cette nouvelle voix. C'était Aizawa. Il semblait légèrement en colère.

-Grouillez-vous, le gymnase va être fermer. Venez tout de suite dans mon bureau. Tous les deux.

L'heure de la punition avait sonné. Les garçons suivirent leur professeur et s'assirent devant lui une fois dans son bureau. Aizawa soupira et regarda Katsuki.

-Tu n'aurais pas dû répondre aux provocations de Shoto. Vous vous êtes battus. Même sans alter, ça reste grave. Tu es un futur héros. Apprends à mieux gérer tes émotions, même si elles sont fortes.

Katsuki hocha la tête. Il n'écoutait que d'une oreille. S'il y avait bien une chose à ne pas regretter, c'est ce combat, qui lui a servit de délivrance.

Puis Aizawa se tourna vers Shoto. Il le sentait, il allait morfler.

-Alors toi... par où je commence ?
Tu provoques un de tes camarades, tu l'entraînes au combat, tu te prends des coups en pleine tête alors qu'elle est fragile mais en plus tu lui parles de ton problème! On t'avait pourtant dit de ne pas le dévoiler! Surtout que c'était en plein gymnase! Tout le monde pouvait t'entendre! Et ce que j'ai dit à Katsuki sur ces émotions s'applique aussi à toi! 

Shoto se sentait mal. La peur était revenue. Il n'osait plus bouger. Il gardait sa tête baissée, ne regardait rien autour. Il écoutait les remontrances de son professeur en sentant la peur monter de plus en plus.

Puis un seul mot lui vins en tête :
« fuir »

Shoto voulait prendre ses jambes au son cou mais la peur l'avait tétanisé. Il savait où était la porte mais n'osait pas la franchir.

Il était paralysé.

Puis il se calma en sentant la main douce, chaude et rassurante de Katsuki sur la sienne. Il le regarda. Le blond lui souriait. Cela le fit lui aussi esquissé ce même geste.

Aizawa soupira, brisant leur petit instant.

-Ok, je vois que vous vous en fichez bien. Je réfléchirai à votre punition plus tard. Allez, filez sales gosses.

Les deux garçons sourirent et se levèrent en même temps.

-Katsuki.

Le blond, surpris, regarda son professeur. Celui ci gardait son air indifférent.

-Vu que tu es au courant pour son problème, ça serait pas mal de l'aider. Par contre tu as l'interdiction formelle de le répéter à quelqu'un. Est-ce clair ?

Le blond hocha la tête.

-Oui bien sûr.

-Parfait. Cassez-vous.

Shoto et Katsuki sortirent, la main de ce dernier tenait encore celle du premier.
Shoto ne savait réellement si il avait bien fait de lui en parler, mais ça lui avait fait du bien sur le moment.

-Shoto ?

Il regarda le blond. Katsuki le fixait de ces yeux rouges persans. Mais cette fois-ci, il lui souriait.

-Je prends rapidement une douche et je viens te voir dans ta chambre ? J'ai encore pas mal de choses à remettre dans l'ordre.

Shoto lui sourit.

-Bien sûr. Prends ton temps Katsuki. Je sais que ce n'est pas une nouvelle facile à digérer.

Le blond lui sourit et posa un petit bisous sur son front.

-Alors à tout à l'heure Double face.

Et il partit, laissant le bicolore rouge avec un cœur qui bat à la chamade.