14. Faites que ça cesse, je vous en supplie.

1.7K 196 15
                                    

Je m'étais "réveillé" sur ce lit, dont j'étais toujours attaché, en larmes. Je pleurai énormément. Jamais je n'avais autant souffert d'une jalousie aussi monstrueuse. Le voir dans les bras d'un autre, et faire ça devant moi.. je n'en pouvais plus. Oui, j'avais tout vu.. TOUT. C'était pire que long, c'était abominable.. Ils avaient l'air de prendre leurs pieds..

- Arrête de pleurer, p'tit chou, ce n'était qu'un cauchemar..

Armelle passa sa main sur une méche de mes yeux qui retombait sur mon visage afin de la dégager de mon front. Elle me souriait. Je savais qu'elle était heureuse de mon malheur. Comment pouvait-on être aussi horrible qu'elle ?!

- Bon.. ce n'est pas que je ne pense pas à toi, mais il faut que tu te rendormes, p'tit chou.. tu es prêt ? 

Voulait-elle m'achever ?! Une épreuve de plus me tuerait, mais au pire, peut-être que c'était mieux comme ça. Mourir pour ne plus souffrir. Mourir pour être heureux.

Je serrais les poings et essayais de me sortir de ce lit, mais je n'y parvins pas. Je ne savais pas avec quoi elle m'avait attaché, mais ça n'avait rien de naturel. Les cordes qui me maintenaient étaient extrêmement fines, mais très résistantes. Cela ne m'aurait pas étonné si elle avait utilisé un sort ou je-ne-savais-quoi pour renforcer ces filaments qui me clouaient sur ce lit.

Lucas avait pleuré. Je le vis sur ces joues, elles étaient humides. Je supposai qu'il vivait le même genre d'épreuves que moi même j'étais victime. Je ne voulais pas qu'il souffre..

- 4 .. 3 .. 2 .. 1 ..

Je n'entendis même pas le 0, que j'étais déjà parti.

Je me fis bousculer par une personne, puis par une seconde.

J'étais au milieu d'une foule de gens qui couraient dans tous les sens. Ils étaient habillés comme dans l'ancien temps : robes en soie pour les femmes, et salopettes pour les hommes. Cela me fit penser à "La petite maison dans la prairie". Les gens avaient l'air apeuré.

Je regardais mes vêtements. J'étais habillé de la même sorte qu'eux : pieds nus, pantalon qui gratte et bretelles, sous lesquelles se trouvait une chemise à carreau rouge foncé.

- Ne restez pas là ! s'exclama un homme, me prenant par le bras.

Il m'éloigna de la foule et me déposa contre un mur en bois. Je lui lançai un regard d'incompréhension.

- Tu n'es pas du coin ? me demanda-t-il.

- Non, que se passe-t-il ? m'écriai-je, afin de me faire entendre.

Il y avait énormément de bruit. Des cris d'enfants et de femmes effrayés raisonnaient dans la rue. Enfin.. "rue".. Il y avait juste un chemin de terre et quelques bâtisses en bois. 

- La reine veut encore tuer ! s'écria-t-il.

- La reine ?

- Oui, la sorcière Blanche !

Je ne savais pas de quoi il parlait, mais je m'en fichais. De toute façon, ce n'était qu'une illusion, non ? Je me demandais, si je me suicidais dans ce rêve, est-ce que je me réveillerais aux côtés de Lucas et Armelle ? J'eus peur d'essayer.

- Elle arrive ! s'écria un "paysan".

Je me retournai et aperçus une calèche très jolie. Elle était blanche, noire et dorée. La calèche s'arrêta non loin de moi, et j'aperçus une femme y sortir.

Cette femme ressemblait fortement à ma mère, mais je savais que ce n'était pas elle. Ma mère avait le teint plus foncé et les cheveux plus clairs.

La "reine" regarda autour d'elle. Elle regardait, toute souriante, les gens apeurés courir autour d'elle. Elle jubilait face à la terreur des habitants de ce village. Elle me faisait penser au caractère d'Armelle.

Soudainement, elle posa son regard sur moi. Me voyant rester sur place, et ne pas courir comme les autres, elle s'approcha de moi. Elle tenait un long bâton dans sa main, au bout duquel se trouvait une boule violette. Elle brillait légèrement. Je reconnus tout de suite la magie.

- Qui es-tu ?! s'exclama-t-elle.

- Pourquoi cette question ? demandai-je, avec sang froid.

Elle écarquilla les yeux. Elle ne devait pas avoir l'habitude qu'on ne lui répondît pas à ses questions. Elle esquissa un léger sourire, montrant une dentition parfaite, aussi blanche que la neige.

- Tu es courageux, mon garçon.

Elle força un sourire avant de me viser avec son bâton qui s'illumina de plus en plus. Dieu seul savait ce qu'elle allait faire.

- Malheureusement, je n'aime pas les courageux, lâcha-t-elle.

Un éclair sortit de la boule de son bâton et finit son chemin sur moi. Je fus éjecté sur l'un des murs d'une bâtisse en bois. Ce choc entre le mur et mon dos me fit terriblement mal. Par chance, ma tête ne claqua pas. Le mur céda suite à ce choc, et je me retrouvai à l'intérieur de cette petite maisonnette. J'étais au milieu d'un salon, où se trouvait une cheminée, une table et quelques chaises. J'étais allongé sur le dos. Je levai doucement la tête, et regardai le trou dans le mur causé par mon passage. J'aperçus la reine qui me regardait par celui-ci.

Elle pointa de nouveau son bâton en ma direction. Au moment où un éclair vint à moi, je roulai sur le sol jusqu'à me retrouver hors de la portée de la reine. Je fus très impressionné du réflèxe que je venais d'avoir.

Je me levai avec difficulté, et me tins les côtes. Je m'étais sûrement cassé quelque chose.

Mais non ! Si ce n'était qu'une illusion, cette douleur était fausse, non ? J'essayais de courir, même si je sentais une forte douleur sur le côté. Je ne savais pas pourquoi j'essayais de survivre, alors que j'étais simplement endormi, peut-être par défi.

Je sortis par l'arrière de la petite maison et courus dans une rue peuplée de monde. Je me doutais bien que la reine me poursuivait, mais je n'eus pas le courage de regarder derrière moi si c'était bien le cas. Je boitais légèrement.

- REVIENS ICI !

Je reconnus la voix de la reine. Imposante et autoritaire, mais pas assez pour me faire obéir.

Je fonçai dans la foule et passai entre les gens, essayant de me frayer un chemin. Je voulais me fondre dans la masse. J'espérais qu'elle me perdît de vue et qu'elle me laissât tranquille, mais cela ne fut pas le cas. Alors que je me cachais derrière un homme assez robuste, lorsqu'il aperçut la reine non loin de nous, il partit en courant, me laissant donc sans protection devant elle.

- Oh.. je t'ai enfin trouvé ! s'exclama-t-elle avant de me prendre fermement le bras.

Malgré que ce fût une femme assez fine, elle avait une sacrée poigne. Elle me faisait terriblement mal au bras. Je me débattais mais son emprise sur moi était beaucoup trop forte pour pouvoir tenter une fuite. Nous marchâmes jusqu'à sa calèche, où elle me lança à l'intérieur.

Je me retrouvai à genou, sur le siège arrière. Les sièges étaient en cuir, ce qui m'étonna, vu "l'époque" où je supposais être.

- Démarrez ! ordonna-t-elle au chauffeur.

Celui-ci s'executa, et je fus emmené je-ne-savais-où, en compagnie de cette maléfique personne, qui me regardait tout en souriant, contente de m'avoir eu..

"Vous m'avez manqué mes p'tits choux." [BoyxBoy] (Tome II.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant