22. Tout mais pas ça .. Je t'en supplie ..

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Je refermai l'armoire. Lucas, la reine et moi nous étions mis d'accord sur le partage de ces boîtes de conserves. Comme nous ne savions pas combien de temps nous resterions, nous avions décidé de manger qu'une boîte de conserve toutes les 12 heures, soit deux par jour. En calculant, nous supposons que nous pouvions nous nourrir durant 9 jours, mais qu'ensuite il n'y aurait plus rien. Je me souvenais avoir vu un reportage parlant de la famine et de la sécheresse dans le monde. J'avais entendu dire que les êtres humains ne pouvaient pas survivre sans eau plus d'une semaine. Cela était agaçant, car il n'y avait aucune eau ici, à part les gouttelettes qui ne cessaient de couler dans le coin de la pièce. Nous n'étions même pas sûr que ce soit de l'eau..

- On fait quoi du coup ? demandai-je, pris d'un ennui considérable.

- Bah..

Lucas commença à réfléchir, mais bien sûr, il ne trouva aucune idée. De toute façon, que pouvions-nous bien faire ? Il n'y avait rien ici. Aucun jeu de cartes ou encore de société. Même avec un bâton je me serai éclaté, mais il n'y avait rien. Juste des boîtes de conserves contenant, je supposai, des petits pois que je détestais, ou alors des carottes. J'espérais que ce soit des raviolis, mais bon, avec la chance que j'avais, je n'espérais pas trop.

- On peut essayer de sortir, non ? demandai-je.

- Bah.. il y a plein de débris, on est pas assez fort pour les déplacer, répondit-il.

- Oui, mais la reine ?

Entendant qu'on parlait d'elle, elle se retourna. Elle me lança un regard avant de se rendre compte que j'avais raison.

- Bah oui ! s'écria-t-elle.

Elle remonta les escaliers, suivie par Lucas et moi. Lucas ne comprenait pas où nous voulions en venir, alors je lui expliquai :

- Elle a des pouvoirs. Elle a réussi à te projeter, alors pourquoi elle n'arriverait pas à projeter ces débris ?

- Dis que je suis gros temps que t'y es !

Je ris. Ce rire était naturel. Cela me fit bizarre, ça faisait longtemps que je n'avais pas ri. Lucas rigola également.

La reine fit des gestes avec ses mains, mais rien ne se passa. Peut-être était-ce trop lourd ? Ou peut-être n'avait-elle pas encore commencé. Je ne savais pas, pour moi, la magie était incompréhensible.

Soudainement, elle fit éjecter les briques et objets qui empêchaient la porte de s'ouvrir. Elle sortit par la porte qu'elle venait d'exploser. Lucas et moi fîmes de même. Une fois sortis, nous regardâmes autour de nous et aperçus la maison qui était à moitié détruite. Il ne restait plus qu'un mur qui tenait encore debout, mais tout était écrasé. Il n'y avait plus rien. Des débris jonchaient le sol, et un nuage de poussière nous empêcher de respirer normalement.

- Ça va ? me demanda Lucas, apercevant que je toussai incessamment.

- Oui oui.. - Je toussai - Faut juste qu'on sorte d'ici..

Nous sortîmes et nous retrouvâmes au milieu de la rue. Aucun scarabée était là, mais nous devinions facilement la direction par laquelle il était parti. Des gros cratères dans le sol, qu'était sûrement les traces de pas du scarabée, étaient visibles sur le sol. Il avait écrasé des voitures sur son passage, et également fissurer plusieurs bâtiments, dont même un qui s'était démoli au beau milieu de la route.

- Il faut qu'on aille se cacher autre part, proposai-je.

- Je pense aussi, renchérit la reine.

Lucas acquiesça également d'un mouvement de tête. Nous courûmes dans la rue, afin d'y passer le moins de temps possible. Nous cherchions du regard une maison, ou un immeuble dans lequel pouvait se trouver des gens qui pourraient nous aider.

- Ici ! Je crois avoir vu une lumière s'éteindre ! affirma la reine.

Je me retournai et regardai en direction du doigt de la reine. Effectivement, j'aperçus des silhouettes bouger à l'intérieur d'une maison qui était identique à celle des voisins. Les maisons étaient grises et très tristes. Nous courûmes jusqu'à la maison habitée et frappai à la porte. Personne ne répondit. Je savais très bien qu'on ne nous ouvrirait pas, car c'était bien trop dangereux d'ouvrir "à des inconnus" dans une situation pareille.

- Ouvrez ! hurla la reine, toujours avec son autorité hors du commun.

Personne n'ouvrit.

- Eloignez-vous de la porte.. nous demanda la reine, ce qu'on fit aussitôt. 

Elle fit exploser la porte d'un seul coup de bras. La porte explosa et nous aperçûmes un père et ses deux enfants au fond du couloir. L'homme déposa son jeune enfant qu'il portait dans son bras et s'avança vers nous.

- Sortez ! Partez !

- Nous voulons juste survivre, tout comme vous ! fit Lucas.

- Nous n'avons pas besoin de gens comme vous ici ! Dégagez !

- S'il vous plaît, soyez généreux ! Vous n'allez pas nous laisser dehors, alors que des scarabées géants traînent les rues !

- Et bien si !

Il voulut nous claquer la porte au nez, mais il se rendit compte que la porte n'était plus là, ce qui me vaut un léger fou rire, qui l'énerva davantage.

- Laissez nous passer ! ordonna la reine.

Elle s'engouffra dans la maison. Lucas fit de même. Je regardai l'homme qui était à présent concentré sur la reine qui s'approchait des enfants. Elle les contourna avant de se diriger dans ce qui me semblait être le salon.

L'homme courut jusqu'à ses enfants, sûrement pour les mettre en lieu sûr. Il devait penser que nous étions des terroristes, ou des gens qui ne voulaient que son mal, alors que ce n'était pas le cas. Nous voulions juste un endroit où nous protéger.

- Mathéo, viens voir ! me lança Lucas, d'une voix inquiète.

J'allai jusqu'à lui et regardai en direction de son regard. Il y avait un buffet, sur lequel était posées différentes photos de familles. Je les regardai une par une. Je reconnus l'homme, et vis une femme qui devait sûrement être sa femme. Mon regard se posa sur une photo, qui m'intrigua. C'était le choc. Sur la dernière photo de la longue rangée de photographies, il s'y trouvait une photo de moi, que j'avais prise avec Lucas. Une photo de nous deux durant les vacances avec nos parents, quand ils nous avaient emmenés dans une villa. Nous étions tous les deux sur cette photo, en maillot de bain et t-shirt. Comment se faisait-il que cet homme avait une photo de nous ?

- Sortez d'ici avant que je ne vous explose la tête, nous menaça l'homme, qui se trouvait derrière nous.

Je me retournai brusquement et aperçus l'homme, tenant une arme à la main, sûrement un fusil à pompe. Je n'osai plus bouger, Lucas non plus. La reine était partie en direction de la cuisine, et n'avait rien vu de la situation.

- Sortez d'ici ! IMMÉDIATEMENT !

Lucas se mit à courir le plus vite possible et sauta sur l'homme, sûrement pour lui retirer l'arme des mains, afin de me protéger.

~ PAAAAN. ~

Le coup partit tout seul. Je sursautai et fermai les yeux instinctivement. Lorsque je les rouvris, j'aperçus du sang qui coulait et qui longeaient la pièce. La flaque grandissait peu à peu, jusqu'à s'approcher de mes pieds. L'homme se releva doucement, et reprit son arme.

Lucas était au sol, gisant dans son sang. Il venait de se faire tirer une balle en plein dans le ventre. Je sanglotai d'un seul trait. L'homme me visa à nouveau avec son arme, mais cela me fut égal. Je me contentai de fixer Lucas au sol. Cela ne pouvait pas être possible.. Je ne pouvais pas perdre Lucas comme ça.. Non.. pas comme ça..

"Vous m'avez manqué mes p'tits choux." [BoyxBoy] (Tome II.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant