La fleur des glaces ( Kurapika x OC )

Fuyu, homme...?

Fuyu tourna doucement la tête vers celle qui avait décidé de le protéger. Il la regarda pendant quelques secondes, avant de prendre la parole.

"Qui suis-je.... Je dois avouer que je ne me suis jamais vraiment posé la question. Un homme ? Un enfant ? Ou même autre chose ?"

Aisu et Kurapika retinrent leurs souffles alors qu'il continuait :

"Je serais bien tenté de vous dire que je suis un enfant comme les autres, mais ce serait mentir, et je n'aime pas le mensonge. Je pense très sincèrement que mon âme est celle d'un humain, tout comme l'est mon coeur. Mais définir ce qu'est mon esprit..... est une chose bien plus complexe à réaliser."

Les deux adolescents se regardèrent. Fuyu n'avait que 6 ans.... Comment pouvait-il s'exprimer de cette manière, comment pouvait-il manipuler et tenir ses mots comme il le faisait ? Leur regard se reporta sur lui quand il reprit :

"Je vais l'appeler. On saura bien pourquoi je suis comme ça si je l'appelle.

- De qui parles-tu, Fuyu ? lui demanda Aisu avec sa gentillesse habituelle.

- Tu verras......"

Le petit corps commença à s'élever dans les airs tout en scintillant. Kurapika recula de quelques pas, méfiant, tandis qu'Aisu, du haut de ses 1 m 56, cherchait à lever la tête pour voir le visage du garçon alors qu'il se soulevait en direction du plafond. Il ouvrit brusquement ses yeux, qui brillaient d'une lueur mauve, puis s'écroula au sol.

"Fuyu ! s'exclama Aisu en le rattrapant avant qu'il ne touche la pierre froide.

- Nnnghh... 

- Ça..... ça va ?"

Roooh, mais non nounouille, tu vois bien que ça va pas ! Qu'est-ce que je peux faire ? Je vais quand même pas le laisser mou-

Elle fut interrompue dans ses pensées par une main se posant sur son épaule. Elle eut un faible sourire en ressentant la chaleur qu'il dégageait. Les quelques semaines de séparation entre eux avaient été balayées par cette quête, par ce simple combat contre un homme (ou autre ?).... Ils avaient regagné leur complicité d'avant, du temps où ils s'entraînaient encore ensemble. Cette période lui parut si lointaine...

Aisu reporta son attention sur le petit être qui gisait dans ses bras. Il respirait, certes faiblement, mais il respirait tout de même. Aisu eut un sourire amer ; elle avait voulu s'occuper de ce petit, en prendre soin... Elle aurait voulu donner à cet enfant tout l'amour qu'il méritait, mais elle n'était même pas capable de sauver les personnes qui lui étaient chères. Elle n'avait pas su prendre ses responsabilités. Elle n'avait pas su remplir le rôle qu'elle s'était attribuée... celui d'une potentielle.... mère ?

Après tout, elle n'avait que 16 ans : elle n'était pas capable de faire face aux réalités de la vie. Elle ne pouvait pas encore élever d'enfant, elle n'était pas prête. Et quand bien même, son travail ne le lui permettait pas. La meilleure réaction aurait été de confier cet enfant à un orphelinat... Mais sur le coup, elle ne s'en était pas rendue compte. Elle avait laissé l'orgueil et la prétention l'envahir, croyant qu'elle aurait pu s'occuper seule de cet enfant. 

Quelle idiote je suis, pensa-t-elle avec un rire amer.

Kurapika l'entendit, et pressa encore plus sa main contre son épaule, lui intimant par ce geste de lui dire ce qui n'allait pas. Aisu n'en avait pas envie, et ne voulait pas qu'on la force, surtout en ces moments critiques ; le jeune homme sembla le comprendre et enleva délicatement sa main de son épaule.

"Tu me le diras un jour, quand tu seras prête, souffla-t-il à son oreille."

Elle hocha doucement la tête, les larmes lui montant aux yeux. Elle avait conscience qu'elle était toujours très enfantine. Elle avait des réactions qui n'étaient pas adaptées à la vie sociale. Mais, en un sens, cela pouvait se comprendre : la seule véritable vie sociale qu'elle aie jamais eu remontait jusqu'à ses neuf ans. Ensuite, elle avait passé la première partie de son adolescence seule, torturée par un homme.... elle avait donc gardé les habitudes d'une vie sociale adaptée à celle d'un enfant de neuf ans. D'autant plus qu'elle était très souvent seule dans sa jeunesse, ses parents ne voulant pas qu'elle se montre aux yeux du monde.