Chapitre 4 : Sam ✔︎

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— Tu sais, elle est amoureuse de toi..., m'avait avoué une de ses amies.

Cet aveu, bien que prononcé dans un murmure m'avait frappé de plein fouet. Je ne saurais dire si positivement, ou négativement. J'étais tellement ahuri par la nouvelle ! Alors Lia m'aimait ?
Je me repassai les images de nos dernières entrevues, et j'essayai de trouver des petits signes subliminaux qui auraient pu trahir ses sentiments.
Et plus je réfléchissais, plus je me rendais compte que j'avais été bien aveugle. Elle était tellement attentionnée avec moi... Bien plus qu'avec n'importe qui d'autre, mais je ne l'avais pas remarqué.
Alors, était-ce donc vrai ? Lia m'aimait-elle ? Je me reposai la question au moins une dizaine de fois, essayant de me comprendre. Avais-je des sentiments pour elle ? Je ne savais pas.

Puis, mon regard se posa sur elle. Nos yeux se croisèrent, comme ils l'avaient déjà fait de nombreuses fois auparavant. Mais cette fois c'était différent. Les yeux de Lia avaient lu en moi, et avaient décelé mon indécision. Aussitôt, un voile sombre couvrit ses pupilles si claires d'habitude. Ses yeux avaient perdu leur éclat, comme s'il reflétaient toute la tristesse qui lui pesait à ce moment précis.

Je ne savais que faire à l'époque. Et puis, nous n'étions que des enfants...

Alors j'étais parti, sans piper mot. J'avais lu la tristesse dans son regard, suivie d'une faible colère. Je ne savais pas si elle était en colère contre moi, ou contre son "amie", mais cela me touchait. Elle était anéantie, je le savais. Au fond, je savais aussi qu'elle m'aimait depuis bien longtemps, mais je n'avais pas eu le courage.
Non, je n'avais pas eu le courage de répondre à ses sentiments.

Comme un imbécile, je l'avais laissée dans le doute. Je ne lui ait jamais répondu, ni même adressé la parole depuis.

Aujourd'hui pourtant, je sais ce que j'aurais répondu.

Lia me manque énormément. Ses sourires rayonnants, sa voix douce et sa gentillesse innée. Tout me manque chez elle. J'aimerais tellement lui parler ! Je regrette vraiment l'époque où nous étions amis... Maintenant, je sais que je veux être bien plus avec elle.

Je me suis éloigné d'elle après cet incident. Nous aurions pu rester amis, mais après cet incident c'était bien impossible. Ç'aurait été trop douloureux, pour moi comme pour elle.  
Cela a dû être vraiment très dur pour elle... Je n'imagine même pas ce qu'elle a pu ressentir. Au fond, je percevais la même chose, mais j'étais incapable de m'en rendre compte, ou même de le formuler à voix haute...

J'aimerais rattraper mes "bêtises" mais la peur m'en empêche. La honte même. La honte d'avoir tout gâché.

Comment avais-je pu être aussi con ? Franchement, je ne sais pas moi-même. J'ai laissé passer une chance incroyable qui ne se représentera plus à l'avenir.
Mais si je lui avouais ce que je ressentais, elle pourrait me rire au nez, ce serait parfaitement normal... Où même m'humilier, je ne lui en voudrai pas.
Je rentrais chez moi. J'habitais dans un petit appart de type T5. Il comprenait quatre chambres, une cuisine, un petit salon et également un petit balcon.

J'entrai dans l'appartement, déposai mes chaussures à côté de la porte, et marcha rapidement vers ma chambre. À ma surprise, ma mère y était.

— Maman... Qu'est-ce que tu fais ? demandai-je, tout en posant mon sac dans un coin de la petite pièce.

— Et bien, je range, parce que je sais que tu ne le feras pas Sam. Ta chambre, c'est une vraie porcherie ! me réprimanda-t-elle.

Elle n'avait pas tort. Des vêtements traînaient sur le sol, mes cahiers étaient éparpillés sur mon minuscule bureau, mon lit était défait, et ma poubelle était pleine.

Je m'assied sur mon lit défait, et la regardai ranger.

— Comment va Lia ? Toujours première de la classe ? me demanda ma mère, soudainement.

Tiens, ça faisait longtemps qu'elle ne m'avait pas parlé d'elle. J'aurais été tranquille un moment, au moins...

— Maman... Je sais pas, je suis pas son ami, répondis-je, exaspéré.

— Ok, ok... Mais avant vous étiez tellement mignons tous les deux !

— Oui, oui, si tu veux..., lâchai-je avant de sortir de ma chambre.

Je ne peux même pas être tranquille dans ma propre chambre ! Je l'aime bien ma mère, mais il y a des limites.
Je suis fatigué, et elle me rabâche encore sur le même sujet : la fille dont je suis amoureux, mais que je ne pourrais jamais avoir à cause d'une connerie que j'ai faite.

J'entrai dans la cuisine, et me pris un verre d'eau froide. Je le posai sur la table devant moi, et je l'observai. À vrai dire, je regardais dans le vide, car je pensais encore à elle.
En repensant à mon imbécilité, je serrai les poings, à tel point que mes jointures blanchirent. Ma mâchoire se contracta si fort que j'en eus presque mal.

Lorsque j'attrapai le verre afin de boire l'eau, le verre se brisa dans mes mains, et les éclats de verres s'éparpillèrent autour de moi. Je tenais toujours mon poing serré, les yeux dans le vide, la mâchoire contractée, comme un fou.

— SAM !!! Qu'est-ce qui s'est passé ?! Tu vas bien mon chéri ? paniqua ma mère, inquiétée par le bruit.

Je revins à moi, et constatai les dégâts. Les débris de verre jonchaient le sol carrelé de la cuisine. Puis, mon attention se reporta sur une ma main qui me lançait.
De petits morceaux de verre étaient enfoncés dans ma paume gauche.

Merde.

Si proches... Et pourtant... [EN RELECTURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant