CHAPITRE 5

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-Ta maladie est spéciale et comme tu le sais elle n'a pas vraiment de nom. Les chercheurs n'ont pas trouvé de remède. Juste quelques médicaments qui t'aident à aller mieux mais je ne sais pas si tu peux en mourir. Tout dépend de ton corps. La dernière patiente atteint de cette maladie est morte. Mais son corps était beaucoup plus fragile que le tien.

Mes parents et mon frère ont tout entendu et ils me regardent tristement. Je ne veux pas qu'ils me regardent comme ça. Mon corps est fort, je suis forte et je peux très bien m'en sortir.

-C'est..c'est quoi les statistiques ?

Mon corps tremble, je pose des questions mais je ne veux même pas entendre les réponses sauf que j'en ai besoin. J'ai besoin de savoir comment va être mon futur.

-En France que 10 personnes sont atteints de ce virus par an en moyenne. Cinq sur dix en meurt. Ça peut aller très vite comme prendre des années. Les chercheurs n'arrivent pas à trouver de solution miracle car cette maladie se repend différemment dans chaque organisme.

-Tout va bien, j'ai 50 % de chance de m'en sortir. Je l'ai depuis un an déjà et je suis toujours vivante. Je vais battre ce virus, j'en suis capable. Je prendrai les médicaments tous les jours et je ferai du sport comme m'a dit le médecin.

Je regarde ma famille en disant ces mots pour essayer de les convaincre que tout ira bien. Mais en vérité c'est moi que j'essaie de convaincre. Pour la première fois de ma vie la peur est en train de prendre le dessus.

Dans la voiture l'ambiance est glaciale, personne n'ose parler ou se regarder. Mon frère me regarde pendant tout le trajet mais je ne veux pas affronter son regard parce que je sais que je me mettrai à pleurer toutes les larmes de mon corps. Avant je pleurai tout le temps quand j'étais énervée, quand j'étais triste même quand j'étais heureuse. Mais le jour où j'ai appris que j'étais malade, aucune goutte n'est sorti de mes yeux. Je n'ai plus pleuré depuis ce jour-là, juste une fois, c'est tout. A peine arrivés chez nous, je monte dans ma chambre, prends mes écouteurs et met ma musique en aléatoire, triste coïncidence je tombe sur: Damso, Baltringue.

"Tu vis par principe, tu ris mais t'es triste"

"Ce de quoi t'es fait, tu n'peux pas le fuir"

"Tu fuis la vie, tu fuis la mort, tu te fuis toi-même"

Je n'ai pas appris à me battre, à affronter la vie et ses problèmes. Dès le début, j'ai choisi la voie la plus simple. Fuir. Si on me demande quelle est ma meilleure qualité, je serai capable de répondre que c'est fuir. Je sais manier l'art de fuir depuis toute petite, ça peut apporter des bonnes choses mais aussi des mauvaises. J'ai essayé de fuir cette maladie, j'ai essayé de fuir mon passé, j'ai essayé de me fuir moi-même mais tout nous rattrape un jour. Ma maladie m'a rattrapé, mon passé m'a rattrapé, je me suis rattrapée. Nous fuyons tous notre réalité en nous imaginant une autre vie, en essayant de créer une personne que nous ne sommes pas pour plaire aux gens. A force de se mentir à soi-même, le mensonge devient une habitude et nous n'arrivons même plus à le différencier de la vérité.

Je dois parler à mes amis et leur dire la vérité, pour mon bien-être. Je les appelle un-à-un et leur dis de me retrouver au centre-ville dans le café de d'habitude. Quand j'arrive, ils sont déjà tous là. Je vois à leurs têtes qu'ils s'inquiètent ce qui me fait encore plus stresser. Je m'assois, je souffle, une, deux, trois fois. Mesdames et messieurs pour la première fois de ma vie je vais faire face à un problème. Quand on a la bombe dans notre main et que le minuteur est activé, il faut la lancer et partir en courant sauf que je ne partirai pas en courant. Je l'affronterai.

-Je suis malade. Depuis un an. Je ne sais pas si je vais mourir tout dépend de mon corps. Donc si Monsieur veut que je meurs bah je meurs, dis-je sur un ton ironique, le virus n'a pas de nom, la solution miracle n'existe pas. Et non je ne peux pas vous la refiler donc ne vous inquiétez pas.

Sept paires de yeux me fixent. Je me tais et attends une réaction de l'un d'eux mais apparemment ce n'est pas pour tout de suite, ils sont en train de digérer je crois.

-Je le savais ! J'en étais sûr qu'il y avait un truc ! crie Pauline

Sa réaction me fait rire, on dirait qu'elle vient de gagner un million d'euro au loto.

-Ah non Anna ce n'est pas drôle. Pourquoi tu rigoles toujours dans les mauvaises situations ?!

Je ne sais pas pourquoi mais sa tête et son ton me font encore plus rire. Je ne peux pas m'arrêter de rire surtout en voyant les sept têtes qui me regardent comme si j'étais folle. Je viens de leur annoncer que j'ai une maladie et que mon corps choisit si je veux mourir ou pas et je rigole. Oui je rigole, Anna reprends-toi ! Je les regarde tour à tour en essayant de reprendre mon sérieux mais ils ne m'aident pas.

Pauline est fière d'elle mais a l'air triste ce qui fait un mélange de sentiments assez drôle.

Jeanne, comme d'habitude, fixe quelque chose, ses sourcils sont froncés comme si elle essayait de trouver le remède miracle.

Lydia et Arthur se regardent, je crois qu'ils sont en train de se réconforter par télépathie.

Pierre est stressé car depuis que j'ai annoncé la grande nouvelle, il cligne des yeux et fait des bruits de bouches.

Nathan a l'air concentré...à ne pas pleurer.

Et Bastien, j'ai l'impression qu'il vient de manger quelque chose qui déteste.

J'attends de voir qui va prendre la parole en premier et Nathan commence à ouvrir sa bouche.

-Pourquoi tu nous l'as pas dit plutôt ?

-Parce...

-Bastien, elle avait sûrement ses raison, d'ailleurs on aurait du le remarquer ! s'énerve Jeanne

-Mais...

-Elle a raison ! Je me sens tellement conne, dit Lydia

-Ne dis...

-Bon c'est quoi les symptômes ?

-Oui très bonne question Pierre, comme ça on sera préparés à agir ! s'exclame Pauline

-Vous pouvez me laisser parler pour que je vous explique tout ?

-Oui oui pardon vas-y dis nous.

-Par contre, une fois que j'ai terminé, on mange et on parle d'autres choses !

-Bien sûr Anna, on en parlera que quand tu voudras.

-Ma maladie a été détectée il y a un an et on ne sait toujours pas comment je l'ai eu. Il fallait donc que je prenne des médicaments spéciaux pour réduire les maux de tête et les pertes de connaissances. C'est aussi fort déconseillé que j'aille dans des endroits où il y a beaucoup de monde comme les soirées ou les matchs de basket. J'ai arrêté mon traitement avant les vacances d'été car je pensais que j'allais mieux mais à la rentrée j'ai eu de très gros maux de tête et je me suis évanouie deux fois depuis. Je recommence à prendre mes médicaments, je vais éviter d'aller aux matchs et aux soirées. Je vais aussi devoir faire plus de sport. Voilà vous savez tout.

-Dernière question...euh..qu'est-ce qui peut provoquer ta mort ?

-Plusieurs choses, on ne sait pas vraiment mais la dernière patiente atteint de cette maladie dans le secteur est morte. Par exemple si je tombe mal quand je tombe dans les pommes je peux risquer un traumatisme crânien.

-C'est chaud.

La réaction de Pierre me fait rire, l'atmosphère se détend petit à petit surtout quand la nourriture arrive. Les sujets de nos discussions sont redevenus normal et pour la première fois depuis un an, j'ai l'impression qu'un poids a été enlevé de ma poitrine et je me sens beaucoup plus légère.

MY SUNBEAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant