CHAPITRE 11

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POINT DE VUE ZACH

FLASHBACK: IL Y A DEUX ANS

Je regarde la femme en face de moi. Elle porte mon sweat-shirt noir avec un jean et juste en la regardant comme ça, mes pensées ne sont pas très saines. Elle me jauge avec ses yeux marrons, nos regards se croisent et on ne se lâche pas. Je distingue de l'incompréhension dans les yeux, elle essaie de me percer et le pire c'est qu'elle commence à y arriver. Je sais qu'elle se pose un tas de questions comme pourquoi est-ce que j'ai redoublé, pourquoi je fais comme si je ne la connaissais pas au lycée alors que je sais tout d'elle, je connais ses expressions par cœur par exemple elle mord sa lèvre quand elle est gênée ou stressée comme en ce moment. Je pense que sa question favorite qu'elle doit souvent se poser c'est pourquoi je suis un gros con tout le temps sauf quand elle est dans les parages. D'ailleurs, moi aussi c'est ma question favorite. Une chose que je n'ai jamais comprise c'est pourquoi elle est toujours là, pourquoi elle n'a pas déjà fuit ? Mais je sais que si elle avait fait, je ne l'aurais pas laissé car personne ne laisse une bouée de sauvetage s'en allée.  Je l'observe, elle aussi est partie dans ses pensées et j'aimerai tellement lire en elle quand je vois sa tête crispée. Je l'attrape et la met sur mes genoux en espérant que mon intimité reste tranquille. Ses mains se dirigent vers mes cheveux, je la laisse jouer avec, en faite je crois que je sais pourquoi elle est toujours là, c'est grâce à mes cheveux, je les remercierai. Pris d'un élan, j'approche mes lèvres des siennes. 

Collision. 

Douceur. 

Apaisement. 

Téléphone. 

Merde. 

C'et un numéro inconnu mais mon instinct me conseille de répondre. Je ne la sens plus sur moi, elle s'est éloignée avec un air gênée et me fait un petit sourire qui me fait complètement craqué. 

-Monsieur ? Vous m'entendez ? 

-Eh oui excusez-moi. 

-Je suis désolé de vous annoncer ça par téléphone mais...

Non. 

-QUOI ? M'annoncer quoi..?

S'il vous plaît. Non. 

-Votre mère vient de nous quitter. Toutes mes condoléances. Nous avons déjà informer votre père. 

Vide. 

Silence. 

Cris. 

Elle. Non. Je n'ai pas le droit. Elle n'a pas le droit de m'apaiser. Je ne dois pas ressentir ce putain d'apaisement alors que ma mère est morte. Morte. Morte. Je dois être en colère. Elle doit avoir mal aussi. 

Cœur éteint. 

Cerveau allumé.

-Tu sais quoi Anna, j'en ai marre de jouer un putain de rôle avec toi. C'est vrai, tu ne mérites pas ça, t'es une fille bien et gentille. 

Elle fronce ses sourcils. Elle doit avoir mal. Tu n'as le droit de ressentir de l'apaisement Zach. Pense à ta mère. Morte.

-Tout ça pour un stupide pari que j'ai réussi d'ailleurs et ça m'arrange. Donc merci d'avoir joué le jeu Anna. 

Oui, je sais Anna, je suis un gros con. Je suis désolée mais je n'ai pas le droit. Tu dois me comprendre. Ne me regarde pas comme ça, pas avec son regard, pas avec tes yeux qui brillent par ma faute. Il faut que tu partes, je vais craquer. Pars. 

-Si tu pouvais partir maintenant parce que j'ai une affaire un petit peu plus important que toi à gérer. 

Maman. 

-Anna s'il te plaît, faut y aller. 

Maman. Je ne pense qu'à elle. Je ne pense pas à ce que je viens de faire, je ne pense pas à la douleur d'Anna, je ne pense pas à ce qu'elle m'a dit, je ne pense pas à ces cinq mots. 

-Je ne suis pas Amanda. 

Oui Anna, j'ai compris ce que je devais comprendre même si je pensais juste à, maman. 

Après qu'elle soit partie, j'ai tout relâché, j'ai pleuré comme je n'avais jamais pleuré puis je me suis interdit de repleurer un jour. Parce que aucune douleur ne doit égaler celle-là, celle de perdre la femme qui m'a donné la vie, celle qui m'a tout donné. Ma putain de maman. La seule femme que j'aime. Mensonge. Il y a ta sœur. Et elle.  Ma sœur, ma sœur, elle n'aura que des souvenirs d'une mère malade. J'entends la porte d'entrée s'ouvrir, mon père et ma sœur apparaissent. Ambre est toute rouge, ses larmes silencieuses ne s'arrêtent pas de couler, elle vient vers moi et je la prends dans mes bras. Mes larmes ont arrêté de couler car je dois être fort, pour moi et pour elle. Je regarde mon père, ses yeux sont dans le vide, je sais qu'il a mal, c'était l'amour de sa vie mais je sais aussi qu'il ne montrera jamais ses émotions et qu'il est en train de former une carapace autour de lui. J'amène ma petite sœur dans ma chambre et la pose dans son lit en lui conseillant de dormir.  Quand je redescends mon père est dans le canapé avec une bière en regardant le foot. 

Comme si de rien n'était. 

Maman. 

Ne craque pas Zach. Sois fort. 

-Tu étais là ? 

-Non. 

-Tu étais où ? 

-Au boulot. 

-Tu étais censé être avec elle. Le samedi, tu dois être avec elle. C'est ce qu'on avait dit.

Maman. 

-Je sais. 

-Alors..alors pourquoi, putain POURQUOI TU N'Y ÉTAIS PAS ? 

-J'avais beaucoup de travail Zach. 

Maman. Maman est morte seule. Sans sa fille. Sans l'amour de sa vie. Sans son fils. Seule. 

-Tu...tu..tu devais être là, papa. TU DEVAIS PUTAIN. Elle...elle est morte SEULE. SEULE.

-Arrête Zach. 

-Tu l'as laissé..

-Ne finis pas cette phrase ! 

-Tu as laissé tomber maman. 

Nos regards noirs ne se lâchent pas. On a laissé tomber Valentine Vender. 

Maman. 

Parce qu'il travaillait.

Parce que j'étais avec elle. 

-On part dans une semaine. Je ne veux pas rester dans cette ville, me dit mon père. 


MY SUNBEAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant