CHAPITRE 23

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POINT DE VUE ZACH: 

 Une semaine. Une semaine que je me sens complètement vide. J'ai viré Ariane de chez moi, j'avoue que je me suis comporté en gros cons mais je ne me contrôlais plus. J'ai rejeté la faute sur elle alors que je suis le problème, j'ai toujours été le problème. J'ai déjà perdu ma mère, je ne peux pas la perdre aussi. Je sais que je ne la mérite pas, je sais qu'elle serait mieux avec ce putain de Nathan avec qui elle passe ses journées mais je sais aussi que j'ai besoin d'elle. C'est égoïste mais l'homme est comme ça, il faut parfois faire passer ses besoins avec ceux des autres. Sauf que plus je vois Anna sans moi, plus elle a l'air d'aller mieux. Elle est bien entourée et elle n'a pas besoin d'un connard dans sa vie en plus de sa maladie. Je pensais pouvoir la garder pour moi jusqu'à ma mort ou la sienne mais je suis tombé de haut, de très haut. La maison est vide, Ambre et mon père sont partis en week-end. En temps normal, j'aurai organisé la plus grosse fête de l'année mais je n'ai pas du tout la tête à ça. Je veux juste me morfondre dans mon lit avec plein de nourriture en me répétant que je suis un connard égoïste qui ne mérite l'amour de personne. Le destin en a décidé autrement car, je ne sais pas comment il a su, mais mon meilleur ami vient de franchir le seuil de ma porte accompagné de bière et de pas mal de monde. 

-C'est l'heure de se bourrer la gueule les amis ! crie Julien. 

-Mec, à quoi tu joues ? 

-Oh, c'est plutôt à moi de te poser cette question depuis quand tu n'organises pas de fête quand il n'y a personne chez toi ? Tu me déçois fortement Zach, j'espère que tu vas te rattraper.

Je ne peux pas m'empêcher de rire devant son air abattu et après tout, quoi de mieux que l'alcool pour noyer ses problèmes ? 

-Occupe-toi de la musique. 

La fête bat son plein depuis quelques heures. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est. J'observe de loin la soirée avec une bière à la main. J'en ai bu pas mal, mais je suis assez calme. J'en ai bu assez pour ne plus penser à rien. Au début, je croyais que mon imagination me jouait des tours mais non, Anna est chez moi, dans ma maison. Elle est accompagnée de ce Nathan, je ne le connais pas mais je ne l'aime pas du tout. La manière dont il la regarde me fait bouillir de l'intérieur. Là, j'ai juste envie d'aller lui mettre mon poing dans sa belle gueule puis embrasser Anna et ensuite lui prouver que je ne suis pas si horrible que ça, j'ai juste besoin d'elle pour me rendre meilleur. Je pourrai aller les accueillir et leur souhaiter une bonne soirée, c'est ce que je m'apprêtais à faire si seulement Nathan ne venait pas d'attraper Anna par la tailler pour l'amener sur la piste de danse. Je ne réfléchis plus normalement, la colère et la bière ne créent pas un très bon ensemble. J'attrape la première fille sur mon chemin en lui demandant une danse, bien sûr elle accepte, elles acceptent toutes, sauf elle. J'observe le plus discrètement possible Anna, elle rit, elle rit pour de vrai. Non, il n'y a que moi qui a le droit de la faire rire comme ça. A quoi elle joue ? Elle ne joue à rien, elle a juste changé de livre, un peu trop vite à mon goût. Je veux qu'elle me regarde, qu'elle me voit et qu'elle regrette tout et qu'ensuite elle se jette dans mes bras. Mais son regard ne quitte pas celui de Nathan. En tout cas, je ne sais pas ce qu'elle avait derrière la tête mais elle a réussi une chose, elle a réussi à me faire péter un plomb. Je ne suis pas un colérique, juste de temps en temps, quand je me rappelle ma mère ou quand je vois la fille que j'aime avec un autre. J'abandonne ma cavalière sur la piste de danse pour me diriger vers la sono, j'éteins la musique et tout le monde se retourne vers moi dont elle. C'est ça regarde-moi bien parce que tu ne me reconnaîtras même plus dans les secondes à venir. Regarde-bien le cadavre que je suis, regarde-bien l'homme que tu as créé. Je t'ai laissé tomber, tu m'as laissé tomber, tu m'as juste rendu la monnaie de ma pièce. J'aurai pu le comprendre mais je ne le veux pas. Alors je vais faire ce que je sais faire le mieux, détruire puis fuir. 

-J'aimerai que tout le monde se casse d'ici. Et je ne le répéterai pas deux fois, je crie avec une vois ferme. 

Je lance des regards noirs à toutes les personnes qui me regardent. Les gens commencent à partir en se demandant pourquoi j'agis comme ça. Ma maison se vide petit à petit, je sens Mathieu qui s'approche de moi. 

-Dégage de chez moi Mathieu. 

-Mec, à quoi...

-BARRE-TOI. 

Ses yeux ont peur, il ne m'a jamais vu avec autant de haine en moi. Cette haine je l'ai depuis que ma mère nous a laissé, j'ai toujours réussi à la cacher mais là, c'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Le salon est vide et j'ai besoin de me défouler. Je casse tout ce que je peux casser, tous les cadres photos se fracassent au sol, je retourne tout, j'en ai besoin, enfin je crois. Mais je finis par m'arrêter parce qu'elle se tient devant moi, son regard est froid et ne laisse transparaître aucune émotion, elle a l'air vide, exactement comme moi. Je ne peux pas m'empêcher de laisser mes larmes coulaient, je suis faible devant elle et je l'ai toujours été.

-Pars. 

-Non. 

-Pourquoi ? 

-Putain Zach. 

-Quoi ? 

-Regarde autour de toi. 

Je laisse mon regard dérivait à travers la pièce, tout en dessus-dessous mais je m'en fous, je m'intéresse juste à la personne devant moi.

-Tu joues à quoi ? Pourquoi organiser une soirée pour virer tout le monde après ? 

-C'est Mathieu. 

-Je ne sais pas pourquoi je suis là. 

-Moi non plus. La sortie est derrière toi. 

Je me retourne parce que les larmes commencent à couler à flot et je ne veux pas qu'elle me voit comme ça. Je dois revenir le gros de con de Zach dans sa tête, pas le faible. Je la fuis en jouant l'indifférent, c'est mieux pour elle. Je l'entends souffler derrière moi:

-Quand vas-tu arrêté de changer de comportements toutes les trois minutes ? 

Et puis la porte claque. Silence, le silence emplit la pièce et j'explose. Je me mets à trembler, j'appuie mon dos sur la bar derrière moi et dès que mes fesses touchent le sol, je me replis sur moi-même et je pleure à en avoir mal partout. 

Après un moment, je relève la tête et j'aperçois une silhouette derrière la fenêtre. C'est elle et elle a tout vu. 

MY SUNBEAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant