CHAPITRE 13

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Je relève la tête vers lui, un sourire aux lèvres et je plonge mon regard dans le sien. Je sens son souffle chaud sur mon visage, son odeur emplit mes narines. Mais il ne faut pas que je craque parce que pour une fois c'est moi qui vais gagner la bataille. Je m'approche de lui doucement, il est surpris. Tant mieux. Mais il reprend vite le contrôle, je sens ses mains se poser sur mes côtes puis d'un coup ma poitrine touche son torse, nos regards ne se lâchent pas et nos bouches sont juste séparées de quelques millimètres. Ne craque pas. Il joue. Tu joues. Quand il approche ses lèvres, je tourne ma tête, son souffle arrive sur ma joue. Puis il rigole. Mais pourquoi il rigole ? Je m'éloigne vite de lui et je reprends enfin mon souffle. Il repart vers sa voiture toujours en rigolant. Mais juste avant de rentrer dedans, il se retourne, son rire est parti, son visage est sérieux, même trop sérieux et la dernière fois que je l'ai vu comme ça, on sait tous comment ça a fini.

-Tu sais...

Il marque une pause, je ne dis rien, j'attends juste la fin de sa phrase. Et je ne sais pas pourquoi mais j'ai un infime espoir qui s'excuse et qui m'embrasse de toutes ses forces. Je ne devrai pas dire ça mais j'en ai envie, oui j'ai envie de Zach, celui qui m'a brisée complètement mais si une personne peut te briser alors elle peut aussi te reconstruire.

-En fait rien, salut bonne nuit.

Puis il rentre dans sa voiture et démarre sans m'avoir jeté un seul regard. Une fois dans mon lit je me remémore ce qui vient de se passer et j'ai juste envie de dire: putain. J'ai envie de crier et de tout casser parce qu'il s'est passé ce que je fuis depuis qu'il est revenu. J'ai baissé ma garde comme une pauvre fille amoureuse. J'ai baissé ma garde, ça il le sait, ça il le voulait et comme d'habitude, il a eu.

Je passe toute la journée dans mon lit, les filles n'ont pas arrêté d'appeler mais je n'avais pas envie de leur parler, pas en ce moment parce que je pourrais craquer à tout moment et que c'est une mauvaise idée de montrer mes faiblesses. Alors demain je vais aller en cours, demain je vais vivre comme une personne normale, demain tout le monde saura que je suis forte, demain tout ira bien.

Je suis dans la voiture avec mon père pour aller au lycée, on écoute silencieusement de la musique. Puis on arrive au lycée, je m'apprête à sortir mais mon géniteur m'interpelle:

-Anna ?

Je me retourne vers lui pour l'écouter. Il baisse la tête, souffle et fixe ses yeux verts dans les miens.

-Tu sais, les murs qu'on construit autour nous, ça marche dans les deux sens. Oui ça te protège mais ils peuvent aussi te séparer des autres. Réfléchis à ça s'il te plaît, ma chérie.

Je hoche la tête encore sonnée par ces mots.

-Bonne journée.

Je sors de la voiture. Je me rends compte que je viens de me prendre une claque. Une grosse gifle et tellement elle est puissante toutes mes pensées dans mon cerveau sont bouleversées et se bousculent. Je réfléchis à ces mots et peut-être que je réfléchis trop surtout quand je vois apparaître mon groupe d'amis à ma droite, puis Zach à ma gauche, puis Amanda devant moi. Ma tête tourne entre tous ces gens, elle tourne trop et elle devient trop lourde. Je ne peux plus supporter ça.

"Les murs ça peut séparer"

Cette phrase se répète dans ma tête, je n'arrive plus à l'arrêter, je ne contrôle plus rien. Il y a beaucoup trop de monde, j'entends des gens autour moi criés mon prénom mais je suis trop faible pour répondre. Je suis trop faible parce que mon corps a abandonné, parce que ma tête aussi vient d'abandonner. Tout le monde vient de quitter le combat, je suis seule au milieu du champs de guerre à regarder toutes les victimes autour moi. Il faut que moi aussi je quitte cette bataille, je ne peux plus supporter, je ne peux plus. Je suis désolée, je ne peux plus.

***

POINT DE VUE ZACH:

J'entends des appels à l'aide, je reconnais rapidement les voix de Pauline, Jeanne et Lydia. Au début, je ne comprends pas ce qui se passe mais quand je vois le corps inerte d'Anna dans les bras de Pauline. Mon sang ne fait qu'un tour et mon cœur commence à battre trop rapidement. Une foule s'est crée autour d'eux, je bouscule tout le monde en leur criant de partir d'ici. Je prends Anna des bras de Pauline et je vois dans son regard qu'elle me supplie de faire quelque chose. Anna dans mes bras, ses amies derrière moi, on s'éloigne du lycée, je l'installe à l'arrière de ma voiture avec Jeanne et Lydia, Pauline s'installe devant. Puis je roule, peut-être trop vite mais je m'en fiche, je pense juste à Anna c'est tout.

-Son pouls diminue Zach !

Alors j'accélère, je connais par cœur la route de l'hôpital. On y arrive assez vite, les docteurs l'a prennent rapidement en charge et ils ont l'air de la connaître. Mais pourquoi autant de gens dans un hôpital connaisse une fille de 17 ans ? Une fois que je suis sûr qu'elle est en sécurité, je m'éloigne de l'hôpital pour fumer et reprendre mes esprits. J'ai agi comme un robot dès que je l'ai vu dans cet état. Pourquoi avec elle je ne suis pas le même homme, pourquoi son regard me paralyse, pourquoi elle me rend fou ?

-Hé.

Je me retourne et je vois Pauline à ma gauche, elle a l'air triste et complètement perdu.

-Elle va bien ? dis-je.

-Normalement ça va aller, ils sont habitués mais elle n'avait jamais fait une crise comme celle-là.

« Ils sont habitués. Une crise comme celle-là. »

-Comment ça ?

-Rien laisse tomber.

Puis elle part avant que j'ai le temps de dire quelque chose. Je la regarde s'éloigner et ses mots passent en boucle dans ma tête. Ils me rappellent de trop mauvais souvenirs et un étrange pré-sentiment s'installe en moi. Il me faut une réponse alors je vais l'avoir. Je rentre dans l'hôpital et je me dirige vers sa chambre. Quand je pénètre dedans, il y a un médecin et une infirmière qui discutent:

-Elle va s'en sortir ?

-Son corps a tout lâché mais il faut y croire.

-Je m'étais attachée à cette fille, c'est une personne fabuleuse.

-Ne perdons pas espoir Mademoiselle, elle reste quand même une femme forte.

-Si jamais ça sera la deuxième de la ville qui succombera à cette maladie.

S'il vous plaît. Non. Je ne veux pas revivre ça. Ce n'est pas possible. J'en n'aurais pas la force.

-Madame..

Non. Non.

-Vender nous manque.

Et là, tout est vide, ma mère est morte de cette maladie. Anna a la même maladie. Anna, putain Anna. Je dois tout vider, mon cerveau s'éteint, mon cœur s'allume. Je ne peux pas rester ici, mes pieds se dirigent vers ma voiture, ma voiture se dirige vers la salle de boxe. Mes larmes silencieuses coulent et je ne fais rien pour les arrêter. J'attrape le sac de sport dans le coffre, je me change et j'enfile des gants. Puis sans contrôle mes poings tapent le putching-ball. Je ne m'arrêterai pas tant que je serai redevenu l'impénétrable Zach Vender.

MY SUNBEAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant