Gordon

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   La nuit était tombée depuis quelques heures et l'agence de police était presque vide. Il ne restait qu'une dizaine d'agents et Gordon qui se morfondait encore sur la dur décision qu'il avait dû prendre. Il essayait de se convaincre qu'il faisait tout cela pour le bien de Bruce. Le Joker était bien trop dangereux, même pour lui.

—Ne restez pas travailler trop tard, le conseilla Pérez en posant un dossier sur son bureau.

L'officier ne l'avait même pas entendu entrer tant il s'était perdu dans le courant de ses pensées. Il lui fit un geste moue de la main accompagné d'un micro sourire reconnaissant. Lorsque la porte se referma, il soupira de fatigue et se leva. Il lui fallait juste un café noir et tout irait mieux dans le meilleur des mondes.

C'est ce qu'il pensa en posant sa main sur la poignée quand une balle se logea dans son épaule gauche. Le verre se brisa sous le choque, le pénétrant à certains endroits du visage. Par réflexe, il s'était accroupis et avait sortis son arme, grognant sous la douleur. Il n'avait pas le temps de s'inquiéter pour sa blessure car une ribambelle de coup de feux ruisselait déjà dans l'agence, tuant ou blessant gravement les autres policiers de la GCPD de service de nuit. Dès que la première salve fut épuisée, Gordon se redressa et visa l'homme qui s'amusait à décimer ses agents de son Bereta. Il réprima un hoquet de surprise en reconnaissant le prince du crime jetant une mitraillette au sol de son commissariat. C'était la première fois qu'il ne voyait pas le clown sourire et cette vision était absolument effrayante. Ses yeux scrutaient les moindres recoins de la salle comme ceux d'un fauve qu'un enfant se serait amusé à énerver en lui envoyant ses cacahuètes par dessus sa cage. Cet animal fou voulait du sang, il n'y avait aucun de doute à cela. Et, de toute évidence, ce bain de vie innocente ne lui suffisait pas.

—Que celui où celle qui a survécu à cette délicieuse rafale se lève pour me dire où se trouve Bruce où je le ferais taire à jamais.

Gordon était prêt à lui tirer une balle dans le crâne mais le destin était visiblement contre lui. Quatre hommes entrèrent lorsque le clown claqua des doigts:

—Tuez tout ce qui bouge. Je récupère ce qui est à moi.

—Et merde. Pesta Gordon en chargeant son arme.

Ce n'était pas le nombre de suppôts que ce diable avait apporté qui le gênait le plus, mais les multiples fusils qu'ils avaient sur le dos. Ces quelques balles ne suffiraient pas à les épuiser. Ils pouvaient changer d'armes à l'infini. Les hommes masqués se séparèrent pendant sa réflexion, tirant au hasard dans l'amoncellement de cadavres créé par leur patron plus tôt. C'était mauvais, encore un peu et ils le retrouveraient. Il y en avait deux qui ratissaient des deux côtés de l'entrée et deux autres autres qui s'avançait en zigzag un peu plus loin. Toutefois, et, heureusement pour lui, les autres bureaux étaient assez hauts pour qu'il puisse glisser derrière eux et rejoigne les cellules à l'arrière. Une fois là, il trouverait bien une manœuvre. Gordon ouvrit donc lentement la porte de son bureau et mît son plan à exécution.

Pendant ce temps, le Joker défonçait la porte de la salle qui l'intéressait. Comme il le pensait, Bruce était debout contre les barreaux, inquiet et les pensées probablement toutes centrées sur les tirs qu'il avait entendu de l'autre côté.

—Gordon... Où est-il ? Souffla ce dernier en priant pour que rien ne lui soit arrivé.

—C'est moi qui vient te sauver Brucie. Tu pourrais au moins me dire: merci.

Le regard emplit de colère du brun ne lui rendit pas son sourire. Le Joker se vit à penser qu'il avait fait tout ce chemin pour retrouver un jouet ingrat. Cette idée lui donnait envie de faire souffrir quelqu'un, là, tout de suite. Le drogué de la cellule voisine hurla de douleur lorsque le clown lui tira deux balles dans les jambes mais sa voix se fit couvrir par celle parsemée de rage du Joker.

—Tu sais ce que j'ai envie de faire maintenant ?! Te lacérer, t'éviscérer, te forcer à bouffer ce qui te sert de mains mais je ne le fais pas ! Pourquoi ? Explique le moi !

Bruce fut surpris, le joker lui posait réellement la question. Le prince du crime fit les cents pas en ébouriffant ses cheveux alors que l'autre homme criait encore à la mort.

—Ferme là ! Ferme là ! Ferme là !! S'égosilla le clown en pointant subitement l'innocent avec son arme.

—Non ! Le stoppa Bruce avant qu'il n'ait le temps d'appuyer sur la détente. Laisse lui la vie sauve... C'est moi que tu es venu chercher....

Le criminel eut l'air de respirer plus lentement même si ses yeux laissaient encore transparaître son envie incroyablement meurtrière dirigée directement sur le drogué.

—Je viens avec toi, ok ? Fit Bruce en surveillant chacune de ses gestes.

—Tu as mes indices ? Lui demanda-t-il soudain en se grattant la tête avec le goulot de l'arme.

Bruce hocha la tête, gratifiant le Joker d'une petite pique de joie. Un sourire apparut sur le visage tout d'abord ronchon du clown qui posa à nouveau ses yeux sur son soit-disant protecteur.

—Tu sais comment parler aux sociopathes Brucie, Ironisa-t-il en tirant sur la serrure de la cellule sans prévenir.

La porte sauta violemment tandis que le brun reculait au fond de sa cellule, certain qu'il s'agissait d'un des subordonnés du Joker.

—Les mains en l'air enfoiré de taré. Ordonna Gordon en visant le criminel au cheveux vert tout en entrant dans la salle.

—Quel retournement de situation ! S'esclaffa le concerné en éclatant de rire. C'est moustachio ! Mon petit poulet préféré.

—Ferme là et lâche ton arme Joker. Pesta-t-il en faisant signe à Bruce de le rejoindre.

Le joker obéit docilement sans lâcher son jouet des yeux. Son sourire s'élargissait alors que celui-ci rejoignait le camp « ennemi ».

—On dirait que je vais mourrir ici... et cela va gâcher mon final, Gordy.

—Je t'ai dit de la fermer.

—Si je meurs, mes sbires vont vous tuer puis toutes les vidéos compromettantes des gentils petits riches de Gotham vont accidentellements fuiter. Je me demande comment cela va finir... pas toi Brucie ?

Le brun se rappela de la vidéo du capitaine Hammer et il fit signe à Gordon de ne pas tirer:

—La vie de personnes innocentes sera détruite, chuchota Bruce en espérant que le clown n'entende pas.

L'officier resta bouché bée devant ses dires. Comment abattre le Joker pourrait mettre des vies en danger ? Quel genre de pouvoir un simple être humain déguisé en clown dandy pouvait bien avoir pour mettre le cerveau de son élève le plus talentueux en vrac.

—Je ne peux pas le laisser en vie, ils trouveront un moyen de le sortir de prison et tout ceci recommencera.

—Tu ne lui a pas parlé de notre accord Brucie ?

Contre toute attente, le Joker se retourna et frappa le policier au ventre avec une force que ce dernier ne s'attendait pas à sentir. Toute l'air de ses poumons se fit la malle alors que le clown lui envoyait son pied à la figure. Gordon gémit de douleur en sentant une lame lui trancher la joue. Ce malade avait des couteaux cachés dans sa semelle. Le même malade s'amusa a le frapper, lui offrant des petits coups de poignards à chaque shoots. Il se rendit ensuite à l'autre bout de la salle récupérer l'arme du policier tandis que Bruce se précipitait entre Gordon et lui. Le clown le détailla du regard comme pour essayer de cerner cette action chevaleresque.

—Voyons chéri, je suis le Joker. Il n'y aurait rien d'amusant à le tuer.

Le clown enfouit sa main dans la tignasse de Bruce et sourit à Moustachio encore blessés sur le sol poussiéreux.

—Je prends ça.

Bruce ne put s'empêcher de regarder l'homme vautré dans son propre sang alors que le prince du crime le traînait hors de la salle avec enthousiasme.

Make me smileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant