La vérité

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Le Joker fit un signe étrange au Barman qui eut l'air d'avoir reçu tout le poids de la terre sur les épaules. Bruce ne tint pas rigueur de cet échange car le clown abandonnait l'idée de se saouler et acceptait de le suivre à l'extérieur. La nuit allait bientôt tomber et le ciel crépusculaire laissait les derniers rayons du soleil tirer leurs révérences face au ciel violacé. Le clown fixa Bruce qui n'avait apparemment que faire du vent frais qui ébouriffait ses cheveux dans tous les sens.

—Tu as peur de ne pas exister, n'est-ce pas ? Fit l'agent en regardant la route moite.

Le Joker voulut se moquer de sa théorie mais aucun mot ne réussit à sortir de sa bouche lorsque le brun posa son regard sur lui. Il avait l'air de lire en lui comme un livre ouvert et cela le déstabilisait. Comment ? Quand lui avait-il donné la possibilité de rentrer dans sa tête?

—Et maintenant que tu n'as plus rien pour confirmer ou infirmer que tout ceci est réel, tu as d'autant plus envie d'en finir avec la vie. Déduisît-il sans lâcher le Joker des yeux.

—Si tu continues, je vais finir par te tuer toi aussi Brucie...Marmonna le concerné en se massant le crâne.

—Tu sais aussi bien que moi que tu n'y arrivera pas.

Le Joker pesta en voyant son interlocuteur sourire à sa menace. Le pire, c'était qu'il avait raison. Il ne voulait pas faire disparaître la seule chose qui le faisait se sentir vivant. La seule chose qui paraissait sensée dans ce bas monde.

—Je peux te torturer et te laisser te vider de ton sang. Je garderais sur la conscience l'idée que tu es mort parce que tu n'as pas été assez rapide pour te sauver. Lança-t-il en souriant légèrement.

Des brides de conversations venant des ruelles adjacentes flottèrent jusqu'à eux alors que le soleil tirait lentement sa révérence.

—Je l'avais déjà remarqué...Commença Bruce en ignorant la préméditation de son possible meurtre. Cette envie suicidaire...Tu as voulu participer à un combat contre Bane, puis tu étais prêt à laisser quelqu'un te faire exploser la tête et tu as voulu obligé Harley à te tuer.

Le Joker s'appuya contre le mur du casino en gardant les deux mains pressées contre son crâne. Le paysage se mouvait devant ses yeux comme du sable mouvant et tout ce qu'il voulait c'était qu'il sorte de sa tête.

—Si j'avais voulu mourir, je n'aurais pas fait en sorte d'être sous la protection de tout ces gens ! S'exclama-t-il en riant pour reprendre contenance, Quel beau détective tu fais. Tu ne sais rien et tu veux me faire croire que...

—Tu as autant envie de vivre pour enfin découvrir qui tu es, que de mourir et en finir avec la folie qui te ronge. Voilà pourquoi tu laisses le hasard décider de ton sort. Déclara Bruce avec nonchalance. Cependant, il s'avérait que le hasard m'ait mis en travers de ta route.

Le blanc du tissu qui couvrait le clown se souilla d'une longue traînée de suie noire lorsqu'il se laissa glisser contre le mur. Sa tête commença à le faire sérieusement souffrir à cause du brusque manque d'air dans ses poumons. Il serra violemment la mâchoire, faisant grincer ses dents tandis que ses doigts meurtrissaient son cuir chevelu. Il avait l'impression d'avoir oublié comment respirer.

Soudain, quelque chose entra en contact avec ses mains. Doux et froid. Ses paupières s'écartèrent avec une lenteur craintive pour que ses pupilles rencontrent celles du brun. Bruce s'était accroupis et avait enveloppé ses mains pâles de ses paumes pour le calmer. Le Joker gigota en lui ordonnant de le lâcher quand Bruce susurra.

—Tu existes.

Le corps du prince du crime convulsait contre son gré alors que le brun lui conseillait de respirer plus doucement. Il abdiqua, non sans difficulté tout en gardant le contact visuel avec Bruce:

—Je te prouverais que tu existes mais il faut que tu arrêtes de faire du mal aux autres. Ou sinon, le jour où tu connaîtras ta véritable identité, tu ne pourras plus te cacher derrière le Joker. Tous ces crimes seront les tiens. Définitivement.

Bruce sentit les mains du Joker s'ébranler et en profita pour les décoller délicatement de son crâne. Le clown semblait tirailler par l'incertitude: ses yeux gravitaient dans le vide à la recherche d'une réponse et il ne riait pas.

—C'est trop tard. Finit-il par dire en regardant son garde du corps avec tristesse.

—Non, Protesta le brun en serrant ses mains avec détermination, tu n'es pas une cause perdue. Je...

Le monologue plein d'émotions passionnés du Chevalier blanc fut interrompu par une multitude de sonneries de téléphones suivit de rugissements d'une foule en colère sorti tout droit du bâtiment juste derrière eux. Les éclats de voix n'avaient rien à voir avec des querelles d'argents qui auraient mal tournés. C'était plus que ça. Comme si toute la population du casino s'était réunie pour tout mettre à sec. Bruce voulut se rendre à l'intérieur pour jouer son rôle de bon justicier quand le Joker lui agrippa l'avant bras:

—Si tu entre, ils t'utiliserons pour m'appâter. L'informa-t-il en se levant.

—Pourquoi ? Que se passe-t-il ?

—Al a fait son travail. Lança le Joker. Tout Gotham regarde les vidéos.

Bruce n'eut pas le temps de chercher qui pouvait bien être ce Al qu'un homme sortit du casino en trombe, son fusil en main. Dès qu'il vit le Joker il interpella le reste de la meute et leva son arme. Malheureusement pour lui, Bruce avait été plus rapide et lui avait explosé la main grâce à ses talents de tuteur. Alors que sa victime se roulait au sol de douleur, le brun intima au clown de rester derrière lui:

—On doit trouver un endroit sûr avant qu'ils ne débarquent, Marmonna-t-il pour lui même.

—Un endroit assez éloigné de Gotham, dont personne n'ose s'approcher et si abandonné qu'il ressemble à une maison hantée ? Fit le Joker en souriant soudain d'excitation.

Bruce n'était pas certain que le suivre aveuglément soit une bonne idée mais les autres commençaient à affluer vers eux.

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