Chapitre 4

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**** Mor, le gardien de chez Khadim****

Je me suis réveillé avec un mauvais pressentiment. Je ne sais pas d'où ça viendra mais une mauvaise nouvelle est dans l'air. La domestique de Mame Diarra m'amène le petit déjeuner que je peine à manger ; j'ai l'estomac noué. Khadim s'arrête devant ma loge.

- Tu n'as pas l'air en forme ce matin, Mor !

- Je me suis levé du mauvais pied on dirait

- Il faut dormir dés fois

- Un gardien qui dort ? Pardon Khadim mais ça ne se fait pas.

- Bon c'est à toi de voir. Tiens ce petit billet, peut être que ça va adoucir ton humeur.

- Merci patron du fond du cœur.

- Donc aujourd'hui c'est patron ? Eh Mor tu as l'art d'éclaircir mes journées.

- Merci encore Khadim.

J'ouvre la grande porte de la maison et il sort avec sa voiture. Avant même que je referme, sa femme Mame Diarra arrive elle aussi. Elle par contre sa voiture est dans le garage donc pas la peine que je lui ouvre et d'ailleurs elle n'a jamais voulu que je le fasse. On se salue un long moment. Je prends la petite Habibatou qu'elle avait dans ses bras. C'est notre rituel. Elle a une nounou mais chaque matin, en allant au travail, elle m'amène la petite qui passe du temps avec moi. J'adore la petite et dès qu'elle me voit, elle commence à taper ses petites mains et les tend vers moi. Elle est très éveillée pour son jeune âge et sait reconnaitre les gens qui l'adorent.

- Au revoir ma petite princesse et sois sage avec tonton Mor, ne le fatigue pas.

- J'adore qu'elle me fatigue.

- C'est ce que j'ai compris. Sa nounou est à l'intérieur et si elle commence à te fatiguer, tu l'appelles.

- J'ai compris. Bonne journée Diarra

Le couple Faye n'a jamais voulu de cérémonial. Dès que j'ai commencé à travailler pour eux, ils m'ont demandé de leur appeler par leurs prénoms. On mange tous ensemble même si ça me dérangeait au début mais je me suis habitué. Ils vont au travail de bonne heure mais Diarra elle, depuis que la petite est là, elle revient du boulot très tôt. A seize heures maximum, elle est de retour. Avant, elle revenait un peu tard, travaillait beaucoup et sortait peu mais Habibatou à changer sa vie.

Comme d'habitude, Diarra est revenue du boulot depuis fort longtemps et il commence à se faire tard. On sonne à la porte et je vais ouvrir et je tombe sur la maman de Khadim. Dès qu'elle vient ici, bonjour les problèmes avec sa belle-fille. Elle est accompagnée de deux hommes et de la maman de Diarra. Ils me saluent et passent leur chemin. Je ne sais pas pourquoi mais je sens qu'il se passe quelque chose. La maman de Diarra n'a pas l'habitude de me saluer de cette manière et elle est toujours joviale. Mais aujourd'hui, on dirait qu'elle a pleuré. Un quart d'heure plus tard, j'entends un cri si fort qu'on dirait que mes oreilles sont trouées. D'autres cris venant de la rue arrivent devant la porte de la maison. J'ouvre et je tombe sur les sœurs de Khadim. Je cours à l'intérieur et je trouve tata Habibatou en larmes en train de verser de l'eau sur sa fille. Je me renseigne et l'un des hommes me dit que le chef de maison a eu un accident et il est mort malheureusement.

****Diarra Touré Faye****

Ma vie marche au ralenti depuis le décès de Khadim. Les premiers jours je n'arrivais pas à me faire à l'idée qu'il soit mort mais je me suis habituée à son absence. Quatre mois et dix jours depuis qu'il a quitté le monde des vivants, je termine le veuvage aujourd'hui. Depuis les funérailles, je n'ai pas mis les pieds dehors. Même amener ma fille à ses séances de vaccination, c'est la nounou et ma mère qui le font. Je suis complétement déconnectée de ce qui se passe autour de moi.

Rends-moi mon enfant!!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant