****Raby****
Je m'apprête à frapper à la porte de la chambre de Bintou quand celle-ci s'ouvre. Dès qu'elle me voit, elle sent qu'il y a quelque chose d'anormale. Elle regarde derrière elle et je vois son mari qui nous regarde.
Baba : Raby ? Tu as un problème ?
Bintou : parle rapidement Raby, je commence à flipper.
Moi : on vient juste de m'annoncer le décès d'un parent au village. Il était à Dakar où il a été enterré.
Baba : toutes mes condoléances et si je peux faire quelque chose pour toi, dis-le.
Moi : je sais Baba. Merci beaucoup.
Bintou me prend par les épaules et on se dirige vers ma chambre. Une fois la porte refermée, elle pose la question qui lui brule les lèvres.
Bintou : parle vite ! Qui est mort.
Moi : le marabout.
Bintou : quel marabout ? Celui qu'on était parti voir la fois passée ? Celui qui gère mes fétiches ? Si c'est lui, il va revenir de l'au-delà. Il ne peut pas mourir.
Moi : il est bel et bien mort. Depuis une semaine que j'essaie de le joindre sans succès et c'est finalement maintenant que sa sœur a décroché le téléphone pour m'annoncer la mauvaise nouvelle.
Bintou : qu'est-ce qui m'arrive ? Quand je commence à espérer sur quelque chose, tout bascule. Il ne pouvait pas attendre un autre moment ?
Moi :....
Bintou : qu'est-ce que tu as ? Tu ne connaissais pas le marabout avant qu'on y aille donc pourquoi cet air triste ?
Moi : c'est parce que j'ai appris à le connaitre que je suis triste. Toi tu l'as vu une seule fois mais moi chaque jour j'y allais pour toi. C'est un être humain avec des qualités que j'appréciais beaucoup.
Bintou : tu connais chez lui ? Si tu décides d'y aller tu me préviens, je te donne une petite quelque chose pour sa famille.
Elle sort sur ces mots me laissant seule dans la chambre. Comme la vie est injuste et cruelle. Elle peut basculer d'un moment à un autre sans que tu t'y attendes.
****Badou****
Je me retourne du lit et m'étire comme un chat. Eh oui vous avez bien vu c'est moi le soi-disant mort. Je voulais juste quitter cette relation nocive qui commençait à me dépasser. Ne voulant pas quitter une relation les mains vides, j'ai simulé ma mort. Les morts, on ne les demande pas l'argent. Raby, plus je décrochais, plus elle s'accrochait. Je ne savais plus quoi faire d'elle et c'est ma copine qui m'a suggéré cette idée. Seule une femme est capable d'avoir des idées si fantastiques pour se débarrasser d'une rivale devenue trop encombrante et collante. Depuis le début, Mariama ma copine était au courant de notre relation Raby et moi. Elle ne disait rien car elle savait que cette soi-disant relation n'allait pas durer et ne menaçait la tienne aucunement. Elle n'était pas perdante dans tous les cas car elle bénéficiait de l'argent de cette idiote de Raby. J'ai fait express de ne plus répondre à ses appels et au bout d'un moment, j'ai éteint le téléphone et ensuite vous connaissez la suite. La seule fausse note de l'histoire est Raby veut venir chez moi présenter ses condoléances. Je n'ai pas de famille à Dakar. Je suis étudiant mais les conditions sont de plus en plus difficiles pour moi et ma famille restée au village n'avait pas de soutien. N'ayant pas de logement au campus social ni de parents chez qui logé dans la capitale, j'étais hébergé par un étudiant qui avait pitié de moi. Il partait chaque jour faire du footing sur la corniche et je le voyais souvent changer de fringues, de matériels high tech que je me posais la question à savoir d'où il puise tout cet argent. Quand je lui ai posé la question, il m'a clairement fait savoir qu'il ne fait que s'exhiber devant les belles dames qui font leur sport sur le même lieu que lui. Si une femme est intéressée par son physique, elle l'approche. Ainsi, une relation donnant donnant commence. Les femmes assurent ses besoins et il assume le lit. Si chacun n'y voit plus son intérêt, eh bien chacun est libre de partir quand il veut. Le soir, en allant au sport, je l'ai accompagné et c'est comme ça que je suis devenu un couguar. Je continue mes études malgré tout mais je me fais de l'argent sur le dos de ces femmes qui sont riches, belles mais sans un homme pour réchauffer leurs lits ou en manque de nouvelles sensations. Ma famille ne manque plus de rien en ce moment mais cette vie, tôt ou tard, on doit la quitter car elle est sans issue. J'ai une copine officielle mais elle savait dès le début ce que je fais en dehors du campus.