Chapitre 15

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****Mame Diarra****

De retour depuis une semaine et j'ai toujours l'esprit resté au Sénégal. C'est difficile d'être hors de chez soi même si on le fait pour subvenir à nos besoins et ceux de nos familles et non toujours tendre la main. Il y a des gens qui peuvent demander aux autres mais il y a des gens qui ne savent pas solliciter un service. Je fais partir de cette derrière catégorie. Depuis toute petite, je n'ai jamais voulu demander de l'aide. Peut-être que c'est dû au fait que ma mère a été abandonnée par mon père. Ça m'a poussé à ne jamais dépendre de quelqu'un surtout d'un homme. Lorsque j'ai atteint un certain âge, dès que les grandes vacances arrivaient, je cherchais un travail comme domestique pour qu'à la rentrée, je puisse subvenir à mes inscriptions, fournitures et habillements pour soulager ma mère. J'ai continué ainsi jusqu'à l'université. Je fus interrompue par mon téléphone qui n'arrête pas de sonner.

- Bonjour Maitre Ndao. J'espère que vous avez de bonnes nouvelles.

- Bonjour Mame Diarra. Oui. Tu peux disposer de ta maison quand tu veux, ta belle-famille a quitté les lieux depuis hier et ce matin j'ai fait changer les serrures comme convenu. L'autre maison est mise à la disposition de ta belle-mère et du fils de ton mari. Il a été signifié à ta belle-mère que la maison est désormais au nom du fils de ton défunt mari.

- Merci Maitre. Je ne sais ce que je ferai sans vous.

- Je n'ai fait que mon travail et ça a été un plaisir.

- Le plaisir est partagé. Merci encore Maitre et bonne journée.

Je raccroche en imaginant la tête de ma belle-mère. Elle a tout tenté. On a commencé avec Ngara et lorsqu'elle a su que je ne joue pas, elle a dépêché une délégation de notables pour me supplier de retirer ma plainte contre sa fille. Lorsque ce fut fait, je n'ai plus eu de ses nouvelles. Ça m'a étonné car je connais la personne : elle ne baisse jamais les bras. Donc un matin, en sortant de la maison, je ne suis point étonnée de trouver des œufs bizarres devant la porte. Je retourne et appelle ma mère qui prit peur quand elle voit ça. Elle amène de l'eau bénite et verse sur ces trucs mystiques. Je continue mon chemin. Quand tu ne connais pas l'enfant des autres, il ne faut jamais poser la main sur eux, il faut les toucher avec un long bâton.

****Soukeyna Barro****

Les gens s'affairent à ranger les bagages mais je ne bouge pas de là où je suis. Je reste hébétée. Je n'ai jamais pensé de ma vie sortir de la maison de mon fils par un huissier. Ah les filles d'aujourd'hui ne cesseront jamais de m'étonner. Au temps, il était impensable cette situation.

- Maman on part.

Je suis interpellée par une des filles mais laquelle, je ne saurais le dire. Je me lève et entre dans la voiture. On se dirige vers la maison qu'on a louée en catastrophe. Mame Diarra a mis ma disposition l'autre maison mais je n'en veux pas. Je préfère louer que de vivre de sa charité. Une fois sur place, on range nos affaires comme on peut en attendant de bien se reposer et de poser chaque chose à sa place. Le soir, ma fille Mariama me trouve dans ma chambre.

- Maman je voudrais qu'on discute.

Je me lève du lit où j'étais couchée pour m'asseoir.

- Je t'écoute. J'espère que c'est important car je n'ai pas la tête à certaines choses.

- Je voudrais parler de la situation que nous vivons actuellement. Je ne veux pas te manquer de respect ni te dépasser dans mes propos mais est-ce qu'il n'est pas temps que chacune de nous revoit ses erreurs dans cette histoire.

Rends-moi mon enfant!!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant