Chapitre 8

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****Yandé, la domestique de Dieyna****

J'attends Dieyna avant de rentrer chez moi. Elle m'avait dit ce matin en partant qu'elle reviendra tôt pour aller avec les enfants au restaurant ou au parc, je ne sais plus ce qu'elle a dit en partant. J'ai mon week-end de libre aujourd'hui et je vais en profiter pour aller voir mes enfants qui sont au village avec ma mère. Je m'appelle Yandé Ndiaye et j'habite à Sindia, sur la route nationale 1. Je suis divorcée avec des enfants. Je me suis mariée très jeune avec un cousin à mon père. J'avais seize ans et lui presque le triple. Mon père avait contracté une dette auprès de lui et plus les années filaient, plus la dette augmentait avec les intérêts. Un jour, le vieux est venu à l'improviste à la maison réclamer son dû. Mon père m'a échangé ce jour-là contre de l'argent et c'est ainsi qu'a commencé mon calvaire. J'ai trouvé chez mon mari trois coépouses. Les deux premières étaient âgées mais la troisième avait presque mon âge. Notre mari était le commerçant le plus riche de la localité et de ses environs mais il était tellement pingre et vulgaire. La lune de miel durait juste le temps d'une rose et puis on revient à la réalité. J'ai vécu l'humiliation, le viol, la violence et la faim avec mes enfants. Lorsqu'il arrivait que je me rebelle, j'étais enfermée dans ce que notre mari appelait le cachot. C'est une petite pièce qui n'a de mobilier qu'un simple matelas tellement usé que t'as l'impression d'être couché sur le sol. Il a fallu l'intervention de la gendarmerie pour que je quitte la maison conjugale. Il m'avait enfermée pendant des jours au cachot en me battant et me violant comme un esclave. Une source anonyme a dénoncé mon mari à la gendarmerie et les éléments m'ont délivré. J'ai fait une semaine à l'hôpital avant de rentrer chez ma mère qui était veuve depuis peu. Mon mari a été mis aux arrêts et avant son procès six mois plus tard, il s'est suicidé dans sa cellule à la maison d'arrêt et de correction de Thiès. Il est mort sans savoir que j'ai quitté sa maison avec une grossesse.

La sonnerie de la porte me ramène au présent. Je quitte ma chambre pour aller ouvrir et celui ou celle qui sonne appuie avec insistance sur la sonnette. C'est surement les enfants du quartier, ils ont l'habitude de sonner et de courir se cacher. Je me dépêche pour attraper le coupable et je tombe sur Dieyna. Avant de faire le moindre geste, elle tombe à mes pieds, évanouie. Je panique à la vue du sang qui coule de sa tête. Je crie si fort et les voisins viennent instantanément. Je ne sais plus comment les choses se sont passées, mais je me retrouve dans l'ambulance des sapeurs avec Dieyna. A la SAMU, elle est vite prise en charge par une équipe d'infirmiers. Je reste à l'accueil et c'est là que me trouve un médecin qui demandait les parents de la patiente pour des informations complémentaires.

Moi : je suis sa domestique. Qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

Le médecin : on a besoin de son dossier sanitaire et d'un proche parent pour signer les papiers. On doit l'opérer d'urgence.

Moi : dans ce cas je vais essayer d'appeler sa mère mais je ne sais pas si elle viendra car elles sont en froid avant même que je ne travaille pour Dieyna.

Le médecin : essaie pour voir.

Dès que j'ai commencé à travailler pour elle, Dieyna m'a remis le numéro de sa mère qui vit à Dakar et celui de sa sœur qui vit à Kaolack pour en cas d'urgence. Heureusement que j'ai pris son sac en main avec moi ; je prends son téléphone pour appeler sa mère. Ça sonne mais personne ne décroche. J'essaie plusieurs fois avant qu'elle ne décroche.

Moi : bonjour maman. Je suis Yandé et je suis la bonne de Dieyna.

Elle : que me vaut l'honneur de ton appel ?

Moi : ta fille a été agressée et je suis présentement à l'hôpital avec elle. Elle m'avait remis ton numéro en cas d'urgence.

Elle : mon dieu !! Quel hôpital ? Comment va-t-elle ? Qui l'a agressé ?

Rends-moi mon enfant!!!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant