****Oumou****
Je suis en ce moment avec mon père et ma petite sœur en centre-ville. On se balade complices main dans la main. Je ne sais pas ce qui se passe mais il est à la maison H24. Il n'a pas arrêté de me faire des cadeaux ce mois-ci. Il se passe quelque chose qu'il n'a pas encore dit. Il me rappelle mon père avant la mort de maman, je dirais plutôt avant son mariage avec ma tante. Ça ne me déplait pas, du tout loin de moi cette idée mais je veux savoir ce qui se passe. On entre dans une boutique qui vend des vêtements de tous les âges. Ma sœur s'avance vers la vendeuse pour demander une tenue qu'elle a vu dans la vitre de devant.
Ma sœur : donc toi Oumou tu vas aller t'asseoir comme papa ?
Moi : et qu'est-ce que je suis censée faire d'après toi ?
Khadija ma sœur : les filles normales, quand elles voient de jolies choses, elles vont voir de plus près et acheter.
Papa : j'approuve cette idée.
Moi : je ne suis pas les autres filles, je suis moi-même et je ne copie pas sur elles.
Khadija : quel rabat-joie !! Viens voir ce joli ensemble. La couleur t'ira bien.
Moi : et c'est une petite fille de onze ans qui parle.
Khadija : moi je connais la tendance et si toi tu te décidais à laisser un peu tes cahiers et autres, tu comprendras beaucoup de choses.
Moi : qui surveille cette petite, papa ? Est-ce que réellement on la surveille d'ailleurs.
Avec un visage si innocent, elle me répond :
- Papa est souvent absent et maman aussi n'est jamais à la maison donc on est laissés à nous-mêmes. Avant il y avait Astou mais elle n'est plus à la maison.
Astou n'est plus à la maison ? Bizarre car mon père parle souvent d'elle que j'ai pensé qu'elle est toujours là-bas.
Moi : les enfants sont encore très jeunes, papa. Vous devez veiller sur eux.
Papa : tu connais ta tante. Elle n'a jamais de temps pour l'essentiel, juste pour des futilités.
Moi : ce n'est pas une raison de laisser des enfants livrés à eux-mêmes. Ils sont jeunes pour le moment et ont besoin de votre présence à tous les deux. Ne fais pas l'erreur que tu as commise avec moi : ne rien savoir de ma vie.
Il baisse la tête et regarde longuement au sol. Khadija qui cherchait une tenue en ce moment revient avec la vendeuse.
Khadija : bon Oumou tu peux te taire car je sais que tu n'as pas bon gout. Papa ?
Papa : c'est super comme toujours. Tout ce que porte ma petite princesse à moi sera joli.
Khadija : bon maintenant tu peux donner ton avis Oumou.
Moi : elle n'est pas assez courte la jupe ?
Khadija : qu'est-ce que je disais ? Tu oublies un détail : c'est pour juste la maison car à l'école on porte des tenues.
Moi :...
Khadija : papa ? Tu en penses quoi ?
Papa : ta sœur a raison si tu pouvais avoir une jupe un peu plus longue ça serait mieux.
On discute sur la jupe de Khadija quand, à travers la vitre, je vois une mignonne petite fille qui regarde dans la boutique. Une sensation bizarre m'envahit. J'ai comme l'impression d'avoir subitement froid. Ma sœur, qui soudain me voit regarder dehors suit mon regard.