Chapitre 23.

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Elle était là, devant lui. Elle était, à ses yeux, la plus belle, celle qui le faisait craquer, celle pour qui il donnerait tout. Elle était la mère de ses enfants, les deux magnifiques enfants qu'elle lui avait donné. Il était tellement heureux et fier d'avoir eu une femme comme elle. Des larmes coulaient sur son visage encore hâlé par le soleil italien, le soleil italien de leurs dernières vacances, du moins leurs dernières à quatre, en famille. Elle avait dit au revoir à ses enfants Paul avait pleuré, beaucoup pleuré, Lilou elle, trop petite pour comprendre la situation avait fait ses premiers pas dans la chambre d'hôpital de sa mère tendant les bras vers elle en criant des « mamans » à tout va. Alice était heureuse, elle avait entendu la voix de sa fille, sa toute petite fille, celle qu'elle avait tant espéré avoir un jour et qu'elle allait maintenant devoir quitter. Les deux enfants s'étaient endormis dans les bras de leur maman, sans doute pour la dernière fois de leur vie.Fred lui, s'était aussi endormi avec eux, sa femme dans les bras, le cœur en miettes. Il humait son parfum, la caressait tendrement afin de l'apaiser mais de ne pas oublier. De se souvenir de ce corps qu'il avait aimé et qu'il aimerait toujours, pour toute la vie, ce corps qu'il avait aimé et toujours désiré. La fin était proche, il le savait, il voulait tout lui dire, lui dire la formidable femme qu'elle avait été, la merveilleuse mère pour leur enfants. Il lui promît alors tout ce qu'elle lui avait demandé le jour tragique où elle lui avait appris sa maladie, sa putain de maladie, celle qui avait brisé à jamais leur famille, leur belle famille, celle qui lui avait pris sa femme, celle qui avait pris leur mère à des enfants pourtant si jeunes. Même avec son corps malade, à ses yeux c'était la plus belle. Il la regardait tendrement, ses yeux étaient brillants, brillants d'amour mais aussi de larmes, elle allait partir, le laisser seul, laisser ses enfants seuls qui allaient à jamais ressentir le manque d'un de leur parent, leur maman.
Pourquoi elle ? Pourquoi elle et pas lui ? Il aurait préféré partir à sa place, souffrir à sa place. Elle, sa femme, la femme de sa vie, la seule femme qu'il avait aimé et qu'il aimerait à jamais. La seule femme qui l'avait aimé avec ses mauvais côtés, celle qui avait refusé le poste de procureur afin de rester avec lui, près de lui, celle qui aujourd'hui allait le laisser à jamais seul. Il voulait être fort pour elle, il ne voulait pas craquer, il pleurerait ce départ sans doute toute sa vie. Il l'aimait tant, il l'aimerait toute sa vie, car lui savait qu'elle aussi l'aimerait, qu'elle serait toujours là, près de lui, au travers d'un mot, d'une parole, d'une chanson, de leurs enfants, leur petite fille, elle ressemblait tant à sa maman, elle avait finalement hérité de son magnifique regard émeraude dans lequel le père de famille aimait tant se plonger, le plus beau cadeau qu'il n'ai eu dans sa vie.
- Je t'aime Fred, je n'ai jamais aimé que toi... je t'aimerais à jamais mon amour déclara t-elle difficilement.
- Moi aussi aussi, je n'aime et je n'aimerai que toi...
Il l'embrassa tendrement.
- Tiens dit-elle en lui tendant une lettre, promets moi de la lire quand je ne serais plus là...
- C'est promis ma chérie.
Elle le regarda une dernière fois, pour la dernière fois de sa vie, elle vit se magnifique regard azur, dans lequel elle aimait tant se plonger. Il lui tenait la main, fort, très fort. C'est dans les bras de celui qu'elle aimait tant que la juge venait de pousser son dernier souffle. La maladie avait gagné. Il allait devoir apprendre à vivre sans elle.
Il resta de longues minutes avec sa femme dans les bras, c'est avec des larmes sur les joues qu'il se décida à lire la lettre qu'elle lui avait laissé.

« À Fred, à mon amour,
Prends soin de toi, prends soin de nos enfants, dis leur à quel point je les aime, dis leur que je veillerai à jamais sur eux, souviens toi de moi, de nous, de notre histoire, souviens toi que je t'ai aimé, que je n'aimerai que toi. Notre histoire a été ma plus belle histoire, nos enfants mon plus beau cadeau, et notre mariage le mariage dont j'ai toujours rêvé. Merci mon amour, merci pour tout. J'ai été la plus heureuse des femmes à tes côtés, toi tu as été un homme merveilleux, notre famille était la raison de mon combat, malheureusement la maladie m'a vaincue... Pardonnes moi de t'abandonner, nous qui nous étions promis de voir nos enfants grandir, de vieillir ensemble, de finir notre vie ensemble, j'ai fini ma vie avec toi, sois heureux Fred, sois heureux. Ne te prives pas de recommencer quelque chose avec quelqu'un, ne vis pas dans mon deuil. Penses à moi dès que ça ne va pas, je serai là, je serai toujours là.
Merci mon amour, pour la vie que tu m'as offerte.
Je t'aime...
Alice. »

— Dix ans plus tard. —

Cela faisait dix ans qu'il vivait sans elle, que tous les jours elle lui manquait. Il n'avait pas refait sa vie, pour lui recommencer une histoire était lui être infidèle, et ça, il ne le pouvait pas. La famille Marquand n'habitait plus Paris, ils avaient déménagé en Normandie, le rêve d'Alice. Les enfants eux aussi ressentaient le manque de leur maman. Aujourd'hui âgés de treize et dix ans, de là où elle était, leur mère était fière d'eux, fière de son mari, fière de sa famille. Les enfants étaient beaux, ils étaient heureux. Alice elle, était avec sa maman, celle qui manquait pour que son bonheur soit complet. Tous les trois formaient une belle famille, conscient qu'à chaque instant une vie pouvait s'arrêter, une famille se briser, accablée par la perte d'un proche, conscient que la vie était courte, qu'il fallait en profiter à chaque instant comme Alice l'avait fait en fin de vie. Il souriait en y repensant, en fermant les yeux il pouvait voir le doux visage de sa femme qu'il n'avait pas oublié. Il n'y avait pas de vent, personne d'autre que lui et ses enfants sur cette plage normande, pourtant il eût la sensation de ressentir un souffle chaud dans son cou, une main sur son épaule, c'était un signe d'Alice, il en était sûr, elle était là avec eux, et ça pour toujours. Tous les trois jetèrent à la mer des roses blanches, les préférées d'Alice, avec le message suivant : « Nous t'aimons et nous t'aimerons toute notre vie ». Les roses furent vite emportées par les remous de l'océan.

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⏰ Dernière mise à jour : May 02, 2020 ⏰

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La vie sans toi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant