19/ Your Grace

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Hello people! I'm back! Je sais que je n'ai rien publié depuis très longtemps, mais pour ma défense j'étais assez occupée. J'espère que ce chapitre vous plaira, c'est assez difficile de reprendre l'écriture...

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– Gloire à... commença Hastur.

– Oui, je connais la chanson, râla Crowley. Qu'est-ce que tu fiches ici ?!

– Fais preuve d'un peu de respect pour tes supérieurs, siffla le Duc des Enfers.

– Pardonne-moi, fit Crowley avec l'air de celui qui ne s'excuse pas le moins du monde. Qu'est-ce que tu fous ici, your Grace ?

Cela ne faisait qu'une petite centaine d'années que Hastur était Duc, et il avait autant la grosse tête qu'au premier jour. Crowley aurait passé la majorité de ses journées en Enfer il lui aurait vite fait passer son arrogance, mais le siècle dernier avait été partagé entre ses voyages aux quatre coins de la Grande Bretagne et ses petits rendez-vous avec Aziraphale dans les auberges les plus chics de Londres.

– Ton dernier rapport traîne, répondit platement Hastur. Lord Belzebuth l'attend depuis plusieurs semaines.

– Lord Belzebuth chipote. De toute façon, j'ai été assez occupé en ce moment, je lui enverrai ça dans quelques jours, fit Crowley.

– En parlant de tes occupations...

Le démon aux yeux de serpent eut un battement d'ailes agacé. Sans même qu'Hastur s'en rende compte, ils filaient tout droit vers la capitale, là où cette péronnelle d'Ann Boleyn l'attendait. Le Duc n'était pas en position de force, et le pire, c'était qu'il ne s'en rendait même pas compte. Crowley eut un mauvais sourire.

– Qu'est-ce qu'elles ont mes occupations ?

– Elles intéressent Satan, répondit Hastur.

– Ah oui ? demanda le démon. Aux dernières nouvelles, j'agissais selon mes désirs tant que je causais le plus de Mal possible, à moins que je ne reçoive un ordre direct. Et je n'ai pas reçu de directives d'en bas depuis... Depuis une petite cinquantaine d'années.

Il y eut un instant de silence, parce que la pluie s'était faite plus drue et qu'à cause du bruit des éclairs, il était im-po-ssible d'entretenir une conversation décente. Crowley eut un petit sourire en repensant à toutes les râleries d'Aziraphale durant le déluge, lui qui supportait si peu d'avoir les plumes gorgées d'eau.

Est-ce que l'ange l'avait cru ? Et ce qui intéressait tant Satan dans ses préoccupations était-il lié à Aziraphale ?

– Ton rapport de l'année dernière était très révélateur, selon sa Seigneurie. Si jamais tu parviens à tes objectifs, alors l'Église a des soucis à se faire pour les cent prochaines années.

– Je sais ce que je fais. Il faut juste que Satan me fasse confiance, et que personne ne se mêle de mes affaires pendant quinze ans. Quinze ans, et je fais basculer l'Angleterre dans une guerre de religion. Quinze ans où tu n'interfères pas. Est-ce que tu en es seulement capable, your Grace ? fit Crowley.

Hastur eut une grimace que son compagnon ne put voir dans la nuit sombre. Le démon ne supportait pas qu'il l'appelle comme cela, car on ne décelait aucun signe de respect dans sa voix, juste une profonde... ironie. Quelque part, si Crowley l'avait voulu, il aurait pu être bien plus que vulgaire causeur de trouble, ou bien plus qu'un Duc. Après tout, il était assez bien gradé, avant la chute... Et ses pouvoirs s'en ressentaient.

– Les démons ne font pas confiance, finit par répondre Hastur.

– Pourtant, il est dans ses intérêts que sa Seigneurie le fasse, répliqua sèchement le démon aux yeux de serpent.

– Dans ce cas, tes rapports doivent être plus fréquents. Nous devons les recevoir tous les six mois.

– Personne ne les lit, your Grace, maugréa Crowley.

– Ce n'est pas une raison, siffla Hastur. D'ailleurs, autant commencer tout de suite ! Quels sont tes plans ?

Les deux démons effectuèrent un virage serré. Ils allaient bien plus vite que n'importe quel cheval lancé à toute allure. Ils venaient d'atteindre une couche d'air qui les menait tout droit aux objectifs de Crowley, tout droit sur Londres. Plus que quelques minutes, et déjà au loin, ils pourraient deviner les brumes de la capitale. Les démons avaient dépassé l'orage, et les éclairs sourds ne seraient bientôt que de lointains souvenirs.

– Rappeler à cette petite peste d'Ann Boleyn à qui elle obéit, marmonna Crowley.

– Ann Boleyn ? Qui est-ce ? demanda Hastur qui avait bien potassé son dossier.

Son collègue eut un mauvais regard pour lui, mais le Duc ne le regardait pas vraiment. Il soupira.

– Lady Ann est une petite intrigante. Elle rêve d'être reine, et j'ai appuyé sur chacun de ses désirs. Je suis derrière elle, dans l'ombre, à la tenter. Juste quelques années, et elle nous déclenchera une merveilleuse guerre civile à cause de la religion.

– Jouer avec les armes de l'ennemi, c'est un coup de maître, reconnut Hastur.

Crowley ne répondit rien. Le Duc s'était déjà éloigné, piquant droit vers la terre ferme pour rejoindre l'une des entrées des Enfers. C'était désagréable de l'admettre, mais la présence du démon le mettait toujours mal à l'aise, comme s'il pouvait deviner cette odeur d'ange sur lui.

Crowley renifla, mais il ne sentait que le souffre et le chien mouillé. L'orage avait du bon, parfois.

Une heure plus tard, il se posait sur les toits du château du roi, regardant droit à travers les fenêtres d'une femme qui contemplait la nuit. Elle ne le verrait pas. Elle ne l'avait jamais vu. Mais Ann Boleyn l'entendait, et chacun de ses murmures l'arrachait à sa foi.

Crowley eut un mauvais sourire. Il n'y avait plus d'ange qui comptait, il n'y avait plus aucune attende de Satan. Il y avait juste sa nature, sa nature profonde qu'il réprimait sans cesse et qui éclatait soudain, se déversant dans ses veines. Il n'allait rien faire de bon.

Ses yeux jaunes luisaient dans l'obscurité.

How kindOù les histoires vivent. Découvrez maintenant