Le Plan - 𝓙𝓲𝓴𝓸𝓸𝓴 [Terminé]

Plan/ification (part 2)

PDV Jimin

Dix ans que je ne l'avais pas vu, dix années passées à la voir comme une victime, et il ne lui aura fallu qu'une poignée de minutes pour tout démolir. 

Je suis resté deux jours à Séoul après avoir rendu visite à ma mère. Deux jours. C'est le temps qu'il m'aura fallu pour me remettre du contrecoup et pour prendre mon courage en main. J'ai eu peur de voir ma mère, mais, elle, a proprement parlé, ne me fait pas peur. Mon père, c'est une autre histoire.

Cette visite aurait pu drainer toute mon énergie, mais ce n'est pas le cas. Je suis plus déterminé que jamais à tout déterrer pour pouvoir balancer tout ça loin derrière moi, pour pouvoir rejoindre Jungkook. Et puis, avec ce que j'ai appris de la bouche de ma mère, les poings de mon père ressemblent presque à des signes d'affection.

Presque.

Son appartement est vide quand j'y entre. Enfin, vide, mon père n'est pas là. Vu l'heure et l'odeur de clope bien présente, il doit juste être sortie faire une course. Je l'attends, assis sur le canapé, face à la porte. C'est la première fois depuis une éternité que je suis aussi impatient qu'il revienne. L'attente me paraît longue, mais elle porte ses fruits.

- T'es pas en cours ? me balance t'il à peine rentré et sans vraiment me regarder.

Puis, soudain, mon absence du week-end semble lui revenir en mémoire.

- T'étais barré où ce week-end ? J'me suis inquiété.

Je m'autorise un rire jaune. Lui, inquiet pour moi ? C'est la meilleure. 

Il est sobre, heureusement pour moi. Rares ont été les fois où il s'est emporté sans être alcoolisé. Rare, oui, mais c'est quand même déjà arrivé, les fois où je l'ai poussé à bout, comme j'en ai l'intention maintenant.

- T'étais avec ton mec, c'est ça ? enchaine t'il face à mon silence.

Là n'est pas le sujet.

- Je suis parti voir maman, je lui révèle calmement.

Mon père dépose lentement ses clés sur le meuble de l'entrée, toujours sans me regarder, alors que, moi, je le dévisage.

- Pourquoi ? veut-il savoir, visiblement curieux.

- J'avais des questions à lui poser.

Sa langue claque sur son palais.

- C'est pas un peu tard pour faire ta crise existentielle ?

- C'est tard, c'est vrai, je lui concède. Mais pas trop tard.

Il pouffe, presque moqueusement. Il est pris au dépourvu par la situation, ça se voit.

- Pourquoi elle est partie ? je lui demande.

Je veux sa version. J'en ai besoin.

- Elle a pas eu le courage de te le dire alors, ça m'étonne pas d'elle, siffle t'il avec dégoût.

Mon père s'approche de moi et, inconsciemment, je recule dans le canapé. Il prend une grande inspiration et commence à parler, les dents serrées.

- Ta mère... Tu la connais pas. Tu sais qu'elle refusait de manger quand elle était enceinte de toi ? Dès qu'elle a su que tu étais dans son ventre, elle a compris qu'elle ne t'aimerait pas.

Un sentiment indescriptible s'est emparé de moi. De la haine, du dégoût, de la tristesse, un horrible bordel. 

- Pourquoi ? je demande sans être sûr de vouloir entendre une réponse.