La gamine, Tome 1 - Toi, lui et moi

Chapitre 15

               Le vendredi est passé à une vitesse folle ! Peut être parce que j'angoisse de mon weekend avec mes parents, et du coup le temps me torture et passe plus vite... Peut être qu'il passe plus vite parce que j'angoisse de la soirée avec Julia et Maël... Je suis en train de paniquer, et de presque tout remettre en question. Quand je dis "presque tout", c'est vraiment presque tout. Du genre : est-ce que je suis sûre de moi ? Est-ce que je veux vraiment aller à KEDGE et l'abandonner ? Est-ce que je suis prête à être fiancée, à l'épouser ? Est-ce que je me vois faire ma vie entière avec lui ? Est-ce que je ne devrais pas aller chez le coiffeur et donner un grand coup de ciseaux à toute cette tignasse ?

               Tout. Je remets tout en question. Mais je n'ai pas le temps de me prendre plus la tête que ça, car j'arrive devant l'immeuble de Julia, où elle et Maël m'attendent déjà. Je monte à son appartement et n'ai pas le temps de sonner que la porte s'ouvre sur une Julia... énervée.

          - Je n'en reviens pas que j'ai du l'apprendre par Johan ! JOHAN ! Ton frère, qui habite à dix-sept-mille kilomètres ! s'écrie-t-elle.

          - Ouais... Je sais... dis-je en entrant.

Je pose mon sac à côté du canapé et m'installe dessus, face à mes deux amis.

          - Johan m'a appelée hier matin. Il m'a un peu gâché la nouvelle, j'étais très triste de sa réaction. Du coup je me suis enfermée dans le boulot, et je n'avais pas envie de voir votre réaction.

Julia et Maël ouvrent la bouche mais je les coupe de suite.

          - Vous ne l'aimez pas, vous le tolérez. Du coup, effectivement, j'ai retardé le fait de me prendre la tête avec vous...

           - Andy chérie, je ne l'aime pas du tout, mais je suis contente pour toi ! S'il te rend heureux, s'il te traite bien, si c'est ce que tu veux, alors je suis extrêmement contente pour toi, dit-elle en me prenant dans ses bras.

          - Mais t'aurais pu nous le dire plus tôt ! dit Maël en riant.

Je lui balance un coussin dans la tête et me joins à leurs rires.

          - Bon aller, raconte nous tout maintenant ! La soirée, la demande, la fête dans le lit...

          - Julia ! s'esclaffe Maël.

Je souris et leur raconte ma soirée dans les moindres détails, comme si je la vivais de nouveau, me rappelant de chaque instant.

               Je termine mon récit par l'appel de Johan, et ma déception de sa réaction, ainsi que de l'absence de nouvelles de mes parents.

          - Ne te prends pas la tête tout de suite pour ton frère ou tes parents. Là où je suis contente, c'est que tu as des étoiles dans les yeux en parlant de cette soirée. Je t'envie presque !!!

          - Toi, te fiancer ?! dis-je en riant.

          - L'idée même, oui. Dans les faits : laisse tomber ! JAMAIS de la vie !

          - "Ne jamais dire jamais", énonce Maël. Je suis pressé de te voir en robe blanche remonter l'allée !

Nous rions tous les trois, et passons commande à la pizzeria. Pendant que Julia téléphone, je mets la table et Maël sort l'alcool et les verres de shot. Julia s'assoit à côté de nous et nous sert les apéritifs : crème à l'ail et légumes.

          - En tout cas, il ne s'est pas foutu de toi avec cette bague ! déclare mon amie.

          - Ca, c'est sûr ! J'ai l'impression qu'elle pèse une tonne sur mon doigt.

Mes amis me charrient, me traitant de snobe avec ses gros bijoux. Si tous mes bijoux étaient de ce gabarit là, ils auraient eu raison !

          - Et t'as pas parlé de la fête dans le lit, c'était bien ?!

          - Tu es insortable, Julia, insortable ! s'écrie Maël.

          - Bah quoi ?!

Je secoue la tête, un sourire aux lèvres, et lui réponds.

          - C'était exceptionnel. Et tu n'auras rien de plus, Julia !

Elle fait la moue mais sourit. La sonnette retentit, et Julia se lève pour récupérer nos pizzas. Nous prenons notre photo rituelle tous les trois et nous mettons à manger, en discutant entre deux parts de pizza, la musique en fond sonore.

               Le lendemain matin, Lucas me dépose chez mes parents en m'embrassant tendrement et me souhaitant un bon weekend. Mon coeur se serre de le laisser partir, même si ce n'est que pour vingt-quatre heures. On dirait une adolescente amourachée. C'est d'un risible ! Ou alors, est-ce que mon coeur se serre d'être confronté à mes parents ? Je n'en sais rien, mais rien qu'à cette idée ma respiration s'accélère.

Je descends de sa voiture, un sac sur chaque épaule, et sonne à la porte, légèrement stressée. Ma mère m'ouvre et me prend dans ses bras, comme à son habitude. Elle m'embrasse la joue et referme la porte derrière moi. Bon, ma mère a l'air d'aller. Je dépose mes sacs sur le canapé et cherche du regard mon père. Ma mère m'apprend qu'il est au travail pour la matinée. Bon. Ca me laisse un peu de temps pour travailler avec les garçons, qui doivent déjà m'attendre. Enfin, ce matin, comme tous les samedis, c'est entretien d'anglais avec Josh de neuf heure à dix heure. Ensuite j'enchaine avec un TAGE puis un test d'écrit d'anglais. L'après midi, je lis et fiche les nombreux livres que les garçons m'ont conseillé. Et nous nous retrouvons le lendemain pour un entretien. Parfois avec Johan, ou parfois avec Max ou Roman.

               Je me connecte sur Facebook et attends un message de Josh pour me dire d'aller sur Skype, mais ce message n'arrive pas. D'habitude, il est en ligne à neuf heure moins le quart, mais aujourd'hui ce n'est pas le cas. J'envoie un message sur la conversation de groupe avec les garçons en leur demandant s'ils m'ont oubliée. J'aurais pu envoyé ce message uniquement à Josh, mais je trouvais ça un peu trop "rentre dedans"... A Huit heure deux, Max me répond en message privé.

Max : Salut gamine ! Josh a un empêchement aujourd'hui, du coup je vais m'occuper de toi pour anglais.

Oh... Je suis déçue. Je me faisais une joie de travailler avec lui... J'adore Max ! Mais Josh... Eh bien, c'est Josh, quoi... Mais voyons, Andy ! T'es fiancée ! Josh, Max ou Roman, c'est tout pareil !!!

Moi : Pas de souci :) , je t'attends sur Skype !

Malgré ma déception de ne pas travailler avec l'australien, je suis contente de voir Max. Il me fait toujours rire, et me fait un peu penser à ce qui se rapprocherait d'un petit frère. Oui, un petit frère, malgré ses cinq années de plus !

               L'entretien en anglais s'est bien passé. L'accent british de Max est parfait, et cela me change de l'accent de Josh. Mais les écoles et recruteurs préfèrent de loin l'accent anglais, alors au final je suis contente d'avoir pu travailler avec Max. C'est ça, Andy, je ne sais pas qui tu essaies de convaincre...

          - Sinon, ça se passe bien les études ? Tu t'en sors entre la préparation et tes cours ? me demande-t-il.

          - C'est compliqué à gérer... Mais écoute, pour la moment ça va.

          - Tant mieux. Alors cet après midi tu lis et fiches tes livres, et demain tu déchires tout à ton entretien, d'accord ?

          - Merci Max, t'es un amour !

Il me fait un clin d'oeil et raccroche. Bon, c'est parti pour le TAGE !