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Jeudi 23 février (suite)

Notre déjeuner est à plusieurs reprises interrompu par des appels et des textos de la bande : tout le monde s'inquiète pour moi. Je me sens un peu coupable de monopoliser l'attention alors que ma chère Lévy se remet à peine de sa douloureuse perte. J'en fait part à Juvia qui tente de me rassurer :

- Ne t'en fait pas pour ça. Nous sommes toutes consciente de ce que Lévy traverse actuellement, mais elle nous a bien confirmé que, pour l'instant, elle voulait traverser cette épreuve avec Gadjeel. Parler de toi, de tes soucis, je pense que au contraire cela la soulage puisque nous n'aborderons pas le sujet qui la touche le plus. Elle sait que nous sommes là pour elle si elle en exprime le besoin. De toute façon, ce n'est jamais la solution de nous tenir à l'écart les unes des autres.

Cette dernière phrase sonne comme un avertissement. Je me sens obligée de justifier mon comportement de la semaine précédente.

- Je voulais pas te blesser en agissant de la sort la semaine dernière tu sais. Je n'ai pensé qu'à moi.

Elle hausse les épaules.

- Ce n'est pas ça qui m'a blessée. J'ai seulement eu l'impression que je ne comptais plus pour toi. Comme si tu étais capable de ne partager que tes malheurs avec nous. Comme si nous n'étions bonnes qu'à t'épauler dans les mauvais moments et que ton bonheur tu préférais en profiter seule.

Je ne réponds rien, abasourdie par ce qu'elle vient de me dire. Jamais je n'aurais pensé que mon comportement aurait pu être si mal interprété.

- Et pourtant, dès que j'ai eu besoin de toi, tu as accouru. Je ne te mérite pas.

Elle sèche une larme qui perle au coin de son œil, puis me dit :

- Non, c'est moi qui doit m'excuser, car je sais que j'avais tort et que, quelque part, ma réaction n'était due qu'à la jalousie. Je n'ai pas supporté que tu sois heureuse, j'ai souhaité qu'il t'arrive de nouveau malheur pour que tu me reviennes, et c'est injuste de ma part. Je suis horrible ! J'aurais dû me réjouir pour toi. J'aurais dû te laisser profiter de tout ce qui t'arrivait et même t'encourager, au lieu de te clouer au pilori comme je l'ai fait. J'aurais dû être ton amie et me comporter comme telle, mis j'ai eu peur de te perdre. Je me suis sentie bêtement trahie.

Nous nous blottissons alors dans les bras l'une de l'autre, pleurant et riant comme seules deux vieilles amies peuvent le faire, nous suppliant mutuellement de nous pardonner. Puis, comme prises d'un soudain éclair de lucidité, nous nous forçons à retrouver notre calme.

- Je suis contente que nous nous soyons dit ce que nous avions sur le cœur, me dit Juvia d'un ton très formel, car elle reprend toujours très vite son sérieux, mais le travail n'attend pas. Je contacte un plombier et je file. Essaye de relativiser, demain est un autre jour.

Je ne bouge pas de mon canapé, trop bouleversée par toutes les émotions qui m'ont traversée au cours de l'heure qui vient de s'écouler, mais je l'entends appeler le plombier depuis ma cuisine tout en faisant la vaisselle et en jetant les ordures dans la poubelle.

Elle revient toute guillerette, et m'embrasse chaleureusement avant de me dire qu'un réparateur viendra dans la journée.

- Comme d'habitude, ils m'ont indiqué un créneau horaire : entre quatorze heures et vingts heures trente, donc inutile de prévoir une sortie dans le quartier pour tester le sex-appeal de tes orteils habillés de cette merveilleuse attelle, c'est mort ! Évite aussi de faire la sieste, tu as déjà une mine de papier mâché et remâché. Un conseil, mets-toi plutôt au boulot, ça te remettra les idées en place et t'éviteras de penser à ta cheville ou à l'autre connard que tu viens de quitter.

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