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Jeudi 23 février

Je suis réveillée par une douleur lancinante à la cheville. Hier, je suis parvenue grâce à l'aide d'une gentille jeune femme à remonter les marches pour prendre un taxi qui m'a emmenée aux urgences. Après y avoir perdu trois heures, le diagnostic a été sans appel : entorse. Je ne me suis pas loupée ! Je dois donc me déplacer désormais me déplacer avec une attelle de cheville amovible et une botte moche qui laisse dépasser mes orteils ; un truc qui me donne une démarche de Verbal Kint dans le mythique film Usual Suspect.

Je boite et je traîne des pieds en râlant. J'ai envoyé un message groupé aux filles en me couchant :

[La roue a tourné,

je suis de nouveau

la reine des chats noirs

et pourtant nous ne sommes

pas vendredi 13.]

Erza et Wendy m'ont immédiatement appelée pour prendre de mes nouvelles. Lévy, quelques temps après, a proposé de me rejoindre pour passer la nuit à mes côtés. Le seule message que j'attendais réellement, c'est celui de Juvia. Elle a fini par se manifester un peu avant minuit pour me dire :

[Je passerai déjeuner

chez toi demain.

Tu as une envie particulière ?]

Ce petit mot m'a fait chaud au cœur, j'avais l'impression d'être restée en apnée tout le temps qu'avait duré son traitement de froid, et je pouvais de nouveau respirer. J'aurais sauté au plafond si ma cheville me l'avait permis.

En attendant le déjeuner, je tourne un peu au ralenti. Je devrais travailler, mais je n'arrive pas à me concentrer. Je n'arrête pas de penser à ma rupture avec Sting, même si nous n'étions pas à proprement parler engagés dans une relation. Je rumine aussi la chance qui m'a quittée. Pendant près d'une semaine, j'ai vécu sans épée de Damoclès au dessus de la tête, je dois désormais me préparer à ce que le sort s'acharne. Mon réfrigérateur continue à émettre un son étrange et tourne sans arrêt, quelque chose me dit que ça ne présage rien de bon. Malchanceuse mais prévoyante, j'en ai un de secours dans ma cave. Je regarde le ticket de Loto, qui n'a pas quitté sa place. Avec ma patte folle, je vais avoir du mal à récupérer mes gains, heureusement qu'il me reste une vingtaine de jours pour le faire car rejoindre le centre de paiement sera une véritable expédition. Ouvrant la porte, j'attrape une bouteille de lait : j'ai besoin de manger quelque chose pour me requinquer. Mais elle m'échappe des mains et explose sur le carrelage : ça y est, c'est parti pour une journée de galères !

Après avoir essuyé les dégâts, je m'assieds à mon poste de travail pour constater que je ne peux pas me connecter au wi-fi. De toute façon ma cheville me lance trop, je me traîne jusqu'à la salle de bains pour avaler une des pilules antidouleur qui m'ont été prescrites. Me doutant que cette journée ne sera pas une sinécure je décide de prendre ma matinée pour me reposer et attendre sagement Juvia. Sauf tremblement de terre, je devrais être en sécurité sous ma couette.

J'ai dû m'assoupir parce le bruit de la sonnette de ma porte d'entrée me sort soudain de ma torpeur.

- J'arrive, j'arrive !

Ne pouvant pas courir et n'étant pas sûre que mon amie m'ait entendue, je lui envoie un message. Je suis surprise car elle répond :

[Qu'est ce que tu racontes ?

Je suis à la bourre.

J'arrive dans cinq minutes.]

Je me demande alors qui peut bien s'énerver sur ma sonnette.

Non sans mal, je finis par arriver dans l'entrée pour ouvrir ma porte et me retrouver nez à nez avec Mme Orlando, ma voisine du dessous. Elle me dévisage de la tête aux pieds, sans doute surprise de me découvrir encore en pyjama avec une d'oreiller sur la joue alors qu'il est déjà midi.

- Vous avez une fuite, dit-elle simplement.

D'instinct - et je sais que c'est ridicule – je regarde mon pantalon. Elle soupire, ayant sans doute suivi mon regard.

- Pas sur vous, reprend-elle, chez-vous. J'ai une tâche sur le plafond de ma cuisine, alors ça ne peu venir que de chez vous. Vous permettez que je regarde ?

Sans attendre la réponse, elle me pousse avec toute la délicatesse dont elle est (in)capable pour gagner ma cuisine. Elle ouvre la placard sous l'évier et là, je vois de l'eau s'échapper des tuyaux.

- Oh, zut. Je n'avais rien remarqué.

- Je m'en doute bien, répond ma voisine en continuant à soupirer.

Elle farfouille un instant dans le placard et finit par couper l'arrivé d'eau.

- Ça limitera les dégâts, mais bon, va falloir que vous fassiez venir un plombier.

Je raccompagne Mme Orlando à la porte tout en m'excusant platement.

- Ce n'est rien, ça arrive, me dit-elle, il faudra faire plus attention la prochaine fois.

Elle s'en va et Juvia arrive à ce moment-là, les bras chargés de victuailles. Enfin quelque chose de positif dans cette journée : ma meilleure amie et un bon repas !

Sans dire un mot, mon amie me précède dans l'appartement. Elle pose sur la table basse des boîtes en plastique toutes remplies de bonnes choses qui me remontent le moral : beignet de crevettes, riz cantonais, brochettes de bœuf et au fromage et enfin le meilleur, des makis. Puis elle me fait signe de m'asseoir à côté d'elle.

- Je suis désolée pour toi, finit-elle par dire. Ta chance a tourné et, vu ta tête, tu n'as pas dû être épargnée au cours des ces dernières heures.

Les larmes me montent alors aux yeux, comme si je l'attendais pour véritablement lâcher prise. Entre deux reniflements, je lui raconte ma rupture avec Sting, ma cheville blessé, la bouteille de lait et mes problèmes d'évier. Personne d'autre qu'une fille de la bande ne serait capable de comprendre un traître mot du flots de paroles sans queue ni tête qui s'échappe de moi, mais Juvia m'attire contre elle avec un pâle sourire.

- J'aimerais te dire que ce sont les aléas de la vie, que tu vas rebondir, que c'est juste une mauvaise journée parmi d'autres, mais je sais à quel point ces quelques jours d'insouciance t'ont fait du bien, et, je suis navrée que le retour de bâton soit aussi douloureux.

- Je suis juste heureuse que tu sois là, je réponds en me mouchant bruyamment.

- Tant mieux, je ne peux pas faire grand-chose, mais je peux te nourrir et tenter de te rendre le sourire et, quand on aura fini de déjeuner, j'essaierai de te trouver un plombier.

Toujours efficace, elle se lève pour aller chercher des bols dans la cuisine, puis elle revient et me sert l'équivalent d'un saladier de riz couvert de beignet. A la vue de ce festin asiatique, mon ventre se met à gargouiller.

Tout en mangeant, je réfléchis à la situation actuelle. Mes amies ont toujours été d'un grand secours pour m'épauler lorsque je me trouvais victime de mauvaise fortune. Mais d'habitude j'encaisse plus facilement. Est-ce que la bienheureuse expérience vécue quelques jours m'a rendue plus fragile, ou suis-je simplement à bout de nerfs ?

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Et le voilà enfin !

Je n'ai rien posté ce mois ci car je n'avais pas trop le courage vu que j'étais débordée de travail, mais c'est bon !

C'est reparti !

Bref n'hésitez pas à donner vos impressions sur ce chapitre, ses point négatifs et positifs, ou juste vos espérance pour la suite de la vie de Lucy.

J'aime beaucoup avoir vos retours ♥

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