Chapitre 11

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Chapitre11 :

(Wyatt )

Je suis au restaurant, toujours cloué dans ce maudit fauteuil. Je grogne et marmonne tout seul dans mon coin. Je déteste de ne pouvoir rien faire et surtout de regarder les gens avoir l'air heureux. Je ne voulais pas être ici, sauf que monsieur le grand patron en a décidé autrement. Il ne voulait pas me laisser seul dans sa petite maison, ayant peur que je ne fasse quoi que ce soit. Il m'a fait un sacret chantage et je lui en veux toujours d'ailleurs. C'était soit je venais avec lui, soit il n'allait pas m'acheter mon paquet de clopes ce soir. Je me suis vite décidé, ne pesant même pas le pour et le contre. Il a remporté la manche haut la main et avec un grand sourire. Je lui en veux toujours, et malgré que cela fasse déjà plus de deux heures que je suis dans son petit commerce. Par chance, ce matin, ce n'est pas trop remplit. Il y a seulement les habitués avec quelques clients de passage, qui prennent le temps de prendre un petit café ou chocolat chaud avant de repartir faire leur petit train. Dans la deuxième partie, ce n'est pas la même chose, les serveurs se dépêchent de finir les tables pour le service du midi, qui va commencer dans quelques minutes. Je soupire, me frotte mon visage fatigué et baille, sans chercher à m'en cacher. Je dévisage un peu tout le monde, surtout ceux qui se permettent de le faire aussi, chuchotant quand ils détournent leurs yeux. Je sais très bien que je fais gazer les gens sur ce que j'ai eu, mais je m'en carre totalement et cela ne les regarde pas. J'aimerais pouvoir bouger, faire rouler mon fauteuil pour aller dehors, mais je ne peux pas, enfin, je n'y arrive absolument pas. Ma main toujours plâtrée m'empêche de pouvoir me déplacer comme je peux. Je stoppe un serveur qui passait par là et lui demande avec peu d'amabilité de m'amener dehors, ce qu'il accepte non sans faire une grimace. Une fois, dehors, il me laisse là, sans savoir si j'ai besoin d'autre chose et va sûrement continuer ce qu'il a, à faire. Il n'a pas du bien prendre ma façon que je lui ai demandée. Je sors non sans difficulté mon paquet de cigarettes. Je l'ouvre et sors ma drogue, que je coince entre mes lèvres. Je prends le briquet dans le paquet après-en vide et l'allume. Sans pouvoir m'en empêcher, je prends une grande bouffé, inspirant la nicotine qui vient se loger dans mon cerveau.

La cigarette est pire qu'une drogue pour moi. Dès que j'ai pu fumer, je l'ai fait. Je me rappelle qu'au début, c'était juste pour faire enrager mes vieux, qui n'aimait pas ça et qui trouvait que cela faisait trop une racaille. De toute façon, si j'avais dû les écouter, ils n'aimaient pas grand chose, à part leur propre cul. C'était juste une cigarette par ci, par là, n'ayant pas forcément les moyens de m'en acheter. C'était des mecs un peu plus vieux qui m'en filait au bahut, en échange de quoi je leur rendais quelques services et ça s'arrêtait là. Quand j'ai commencé à travailler, j'ai pu enfin m'en acheter, connaissant bien les bureaux de tabac qui se foutent complètement de l'âge, nous vendant leur saloperie. Maintenant, je ne pourrais plus m'en passer, c'est devenu ma première compagne dans la vie ; et elle au moins, elle me soutient. Je suis plus que dépendant de cette merde, si je devais arrêter par obligation, je crois que je me tuerais. Je sors de ma transe quand je l'ai fini, ressentant enfin la brise qu'il y a la mi-mai. Je respire un grand coup, prenant une grande bouffé d'aire. Je laisse mes yeux divaguer, fixant les voitures qui passent et repassent dans la rue. Les grands immeubles ternes, avec leurs façades pour certaines fades en pierre. Le bruit incessant des moteurs ainsi que des klaxons. Les nombreux feux rouges, les passages piétons avec les deux bonhommes rouges et verts et les passants. Les trottoirs y sont bondés de monde, que cela des vieilles personnes, des plus jeunes, des couples et ceux qui sont seuls. Cela m'ennuie, surtout de voir ceux qui sont heureux alors que moi, je suis cloué dans un putain de fauteuil roulant à ne pouvoir rien faire. Je pars loin, je dérive même un peu, laissant mon esprit encore embrumé de nicotine vagabonder. Je pense à ces années où tout cela était moins compliqué, moins casse-tête pour moi. Je ne regrette pas d'être là, d'avoir un patron génial et d'avoir un boulot stable.

un amour difficileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant