« Le livre est comme une grotte un peu magique que chacun explore avec sa propre lumière intérieure pour y chercher sa vérité. »
Janine Boissard
Deux semaines plus tard.
J'en étais à ma troisième semaine d'hospitalisation. Même si les journées se ressemblaient toutes, je n'avais pas vu le temps passer. Je me sentais mieux. J'allais enfin mieux. Mes crises d'angoisses et mon appréhension de cet endroit avaient complètement disparu. J'étais installé dans ma petite routine. J'avais appris, en suivant les conseils des médecins, à me fixer des petits objectifs journaliers que je réalisais à mon rythme, petit à petit. J'étais en réalité en train de réapprendre à vivre sans me brusquer. Bien sûr, j'éprouvais encore de la tristesse mais je ne culpabilisais plus d'être ici et d'être malade. Cela me donnait de bonnes perspectives pour le futur. J'avais en effet accepté que ma guérison allait prendre du temps. Il fallait surtout que je me donne le temps nécessaire pour cela. J'essayais de m'octroyer des petits bonheurs simples comme profiter du soleil ou d'un livre. L'hôpital disposait également d'une salle de sport à laquelle je me rendais désormais tous les jours. Le fait de faire de l'exercice libérait de l'endorphine et contribuait un peu plus à mon bien être.
L'élément qui me faisait le plus de bien était de pouvoir prendre du temps pour moi. Je n'avais pas réussie à le faire pleinement durant mes premières semaines d'arrêt. En effet, lorsque je n'étais pas dans un état second, ma culpabilité me poussait à réaliser des tâches trop ambitieuses. J'étais, comme tout à chacun, également accaparé par mon rôle de père et j'essayais d'être à membre actif de la famille malgré la maladie. Je vivais très sereinement ma nouvelle vie sans alcool. Cela jouait bien sûr favorablement sur mon état. De surcroît, avec l'esprit moins embrumé, les éléments du quotidien redevenait saints et plaisants.
Ce nouvel état d'esprit était une conséquence de mon nouveau traitement. J'avais enfin rencontré le psychiatre la semaine précédente. Comme à la plupart de mes rendez-vous médicaux depuis que j'étais dépressif, j'avais commencé par énoncés tous les éléments qui, à mon sens, m'avaient entraîné dans cet état. Cet exercice était toujours très douloureux et compliqué. Il m'avait ensuite fallu énumérer pour la énième fois l'ensemble de mes symptômes. Le médecin avait tout d'abord confirmé l'inefficacité de la molécule de mon antidépresseur actuel. Il l'avait modifié en conséquence. Suite à mes hallucinations et à ma très forte anxiété, il avait également ajouté un neuroleptique à mes anxiolytiques. Ce médicament était un antipsychotique puissant et un tranquillisant majeur.
À ma grande surprise, le psychiatre ne s'était pas montré particulièrement empathique envers moi. Lors de la longue attente précédent ce rendez-vous, je m'étais imaginé cette rencontre différemment. En effet, je pensais mettre en place des exercices mentaux qui me permettraient d'avancer dans ma guérison. J'imaginais également, à l'instar du psychologue, trouver auprès de ce spécialiste une oreille attentive et une présence réconfortante. Ces éléments seraient peut-être plus présents à notre prochaine rencontre fixée dans un mois. Pour l'heure, la finalité était l'adaptation de la médication. Cette dernière fut néanmoins nécessaire et très efficace.
Un autre aspect de l'hospitalisation, qui était très bénéfique pour moi, était ma relation avec les autres patients. Les circonstances nous avaient en effet amené à nouer des liens. Nous nous retrouvions généralement au coin fumeur aménagé dans la cours intérieure. Depuis que je fumais, cet aspect social était le seul point positif que j'accordais à cette addiction. Malgré le contexte, l'ambiance était chaleureuse et bienveillante. Nous pouvions échanger sur nos différentes pathologies de manière complètement libre. Il n'y avait aucun jugement. Au contraire, c'était l'empathie et le soutiens mutuel qui prédominaient. Beaucoup de ces personnes étaient présentes pour un sevrage et donc pour une hospitalisation courte avant une post-cure. Je voyais en conséquence, à mon grand désarroi, beaucoup de venues et de départs. J'avais donc due apprendre à ne pas trop m'attacher.
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Mes trois meilleures amies
Mystery / Thriller"Mes trois meilleures amies" est un livre qui vous emmène au plus profond de la pire des prisons : notre tête. Jérémy est un papa et un mari comblé. Pourtant il traîne avec lui un lourd passé. Un concours de circonstances va le faire sombrer peu à...