« La dépression, c'est le novembre de l'âme, le décembre du désir. »
Philippe Labro
Le jour où tout bascula.
« Bon on arrête tout ! somma le médecin. Vous allez faire un break de trois semaines minimum avec le travail et on va s'occuper de vous. »
Un silence s'installa. Il me fixa et poursuivit :
« Monsieur Blondar, vous souffrez d'une dépression majeure. »
Quelques secondes passèrent, je ne comprenais pas. Puis ces mots s'abattirent sur moi comme une enclume.
« Non non docteur, c'est impossible, lui répondis-je avec la voix tremblante. Je traverse simplement une mauvaise phase, je suis quelqu'un de normal.
— Oui, personne n'a dit le contraire. Vous êtes simplement malade. On va vous soigner.
— Malade ? C'est-à-dire ?
— La dépression est une maladie mentale, m'expliqua-t-il. Pour schématiser, lorsqu'on souffre de dépression, notre cerveau interprète tous les événements avec des filtres négatifs. Mais rassurez-vous, aujourd'hui, c'est une maladie bien connue qui se soigne parfaitement bien. »
Je restais silencieux. Une immense culpabilité s'installa en moi. Comment en étais-je arrivé là ? Moi, un dépressif ? Un faible ? J'avais peut-être exagéré certains symptômes et il devait y avoir une erreur. Alors qu'il écrivait sur son ordinateur, mes premières pensées allèrent vers mon travail.
« Mais je ne peux pas être absent au travail ! dis-je brusquement. J'ai une tonne de choses à faire. On compte sur moi. Pouvez-vous s'il vous plait m'arrêter seulement un ou deux jours. Je me repose un peu, je prends quelques cachets et j'y retourne. »
Le docteur s'arrêta d'écrire. Il croisa ses mains et me regarda à nouveau fixement. Il était plutôt jeune. Ses cheveux bruns étaient ébouriffés et traduisaient la longue journée de travail qu'il avait eu. Il ne devait être pas loin de 19h et j'étais son dernier patient. Il avait toujours dégagé quelque chose de rassurant, de sécurisant. C'était un médecin avec qui je m'étais tout le temps senti en confiance. Pourtant à cet instant, je n'avais pas envie d'être là.
« Monsieur Blondar, vous n'êtes pour le moment pas en état d'assurer une activité professionnelle. De plus, avec votre métier, vous risquez de mettre des personnes en danger. Je vais vous prescrire des antidépresseurs. Le traitement va mettre entre trois et six semaines avant d'agir. Je vous prescris également des anxiolytiques à prendre en cas de crise d'angoisse ou si vous sentez que vraiment ça ne va pas. Nous nous revoyons dans trois semaines pour faire un point. Nous reparlerons d'une reprise à ce moment-là. Cela va dépendre de votre réaction au traitement. Il faudra également vous faire soigner par un psychiatre, prenez rendez-vous au plus vite. »
Je restais assis, stupéfait. Mon esprit refusait d'admettre ce diagnostic. Je me sentais comme quelqu'un qui tombe mais qui reste persuadé qu'il ne touchera jamais le sol car il saura se raccrocher à quelque chose à temps.
« Je suis désolé docteur, mais comment est-ce possible ? J'ai une vie normale, une femme, des enfants, une maison. Il n'y a aucune raison pour que je sois dépressif.
— Vous savez Monsieur Blondar, les maladies mentales sont complexes. Pour vous, votre passé vous octroie malheureusement un terrain propice à la dépression. De plus, les événements que vous avez vécus cette année ont pu être des facteurs précipitants. »
Lorsque je sortis du cabinet, ma montre indiquait 19h19. Cela signifiait que j'avais dix bonnes minutes pour aller à la pharmacie. La nuit était tombée et les rues se vidaient doucement. Les lampadaires étaient allumés. La lumière artificielle se répandait dans toute la ville en donnant à la fois une sensation de sécurité et d'angoisse.
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Mes trois meilleures amies
Mistero / Thriller"Mes trois meilleures amies" est un livre qui vous emmène au plus profond de la pire des prisons : notre tête. Jérémy est un papa et un mari comblé. Pourtant il traîne avec lui un lourd passé. Un concours de circonstances va le faire sombrer peu à...