Une nouvelle vie

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« La vie est une succession de changements naturels. Ne résistez pas car cela ne générera que des soucis. Laissez la réalité être la réalité. Laissez faire naturellement les choses. »

Lao-Tseu


Une semaine plus tard.

Je reprenais doucement mes repères à la maison. Le changement de rythme avait été brutal. J'étais de nouveau confronté à la vie « normale ». J'essayais de m'investir du mieux possible pour aider Lucie. Cependant, j'avais appris à m'écouter et j'essayais de ne pas dépasser mes limites. Je ne voulais pas réitérer les erreurs que j'avais commises avant mon hospitalisation. Elle devait malheureusement assurer les tâches que je ne réalisais plus. Cette situation était cependant temporaire. Il me faudrait encore du temps pour être complètement guéri et redevenir entièrement celui que j'étais.

À mon grand regret, ma patience avec les enfants avait également diminué. J'essayais au maximum de profiter d'eux mais ils avaient trop d'énergie pour moi. J'angoissais rapidement en leur présence car ils me demandaient involontairement toute mon attention. Ma maladie était difficilement compatible avec des enfants en bas âge. Était-elle d'ailleurs compatible avec une seule situation ? J'avais néanmoins appris à accepter cela. Je savais que cette situation allait évoluer. Cependant, elle m'attristait car auparavant, les moments que je passais avec mes enfants étaient les meilleurs de ma journée. J'étais impatient de pouvoir à nouveau ressentir pleinement la joie d'être papa.

En journée, lorsqu'ils étaient absents de la maison, je profitais des temps calmes pour me ressourcer. J'essayais de mettre à profit mon arrêt de travail. Certains jours, je parvenais à m'adonner à une activité ou à une corvée. Lorsque j'en étais incapable, j'essayais d'accepter la situation et de ne pas trop culpabiliser. J'avais donc appris à vivre au jour le jour sans me polluer l'esprit. C'était déjà un grand pas en avant. Les médicaments fonctionnaient bien. J'attendais désormais une thérapie appropriait pour continuer à avancer. Je sortais peu car la foule m'angoissait toujours autant. J'avais également réduit mes interactions sociales. Je ne voulais plus me forcer à mettre un masque. À ce niveau, j'organisais des sorties en écoutant seulement ma motivation. En fin d'après-midi, j'avais d'ailleurs prévu de rejoindre Frédéric à la pêche avec Valentin. Le grand air allait me faire du bien.

Dans la matinée, j'étais en train de lire un article sur le développement personnel lorsque le médecin vint me chercher dans la salle d'attente. Je voyais mon généraliste une semaine sur deux pour faire un point. C'était mon premier rendez-vous suite à mon hospitalisation. J'ai commencé par lui expliquer le déroulement de mon séjour et l'impact favorable de mon nouveau traitement. Je lui ai également parlé de mon abstinence et de tous les effets positifs que cela me procurait.

« Je suis content de voir que les démarches que vous avez entreprises vous soient bénéfiques Monsieur Blondar. Personnellement, je trouve que vous avez meilleure mine qu'au début.

— Merci docteur. Oui en effet je me sens déjà beaucoup mieux. Il y'a encore des éléments qui doivent évoluer mais c'est un bon début.

— Ne vous en faites pas, cela va venir avec le temps. La temporalité est un facteur majeur dans votre processus de guérison. Vous avez déjà bien avancé.

— Oui, j'en ai conscience. À propos de temporalité, il y'a une question qui me travaille : vous pensez que cela va encore prendre combien de temps avant que je sois totalement rétabli ?

— Je ne peux pas me prononcer là-dessus. La dépression évolue différemment en fonction des personnes. Cela peut mettre encore un certain temps. Il faut pour l'heure vous concentrer sur des petites victoires.

Mes trois meilleures amiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant