La guérison

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« L'espérance de guérir est déjà la moitié de la guérison. »

Voltaire


Un mois plus tard.

Mon humeur et mon mental s'étaient stabilisés ces dernières semaines. Je me sentais à nouveau bien. Selon mon médecin, j'avais réussi à vaincre la maladie. Je ne voyais plus la vie à travers des filtres négatifs. Je ne la voyais certes pas non plus tout en rose mais plutôt avec des nuances de blanc et de noir, comme quelqu'un de normal. J'arrivais à nouveau à me projeter dans le futur et à avoir des projets. J'avais à nouveau de la patience avec mes enfants. Je ne m'énervais plus aussi rapidement lorsque j'étais contrarié. Je n'avais surtout plus cette boule au ventre qui ne demandait qu'à grossir en permanence. C'en était également fini des idées noires et des insomnies. Je pouvais enfin souffler et apprécier pleinement la vie.

J'étais également non-fumeur depuis deux semaines. Les premiers jours avaient bien sûr étaient difficiles mais je ressentais aujourd'hui moins le besoin de cette béquille. J'utilisais des patchs anti-tabac pour combler le manque de nicotine. Lucie trouvait au début que ce n'était pas le bon moment pour franchir cette marche. Elle craignait que cela affecte trop mon humeur. J'avais été bien sûr plutôt irritable au début. Je ressentais en effet des envies de fumer très fortes, comme des pulsions. Il avait été compliqué de lâcher la main à la blonde. Elle m'accompagnait depuis très longtemps.

Cependant, je me sentais différent mentalement. J'avais envie de repartir de zéro. Je ne voulais plus de mes vieilles amies dans ma vie. Cet état d'esprit était idéal pour arrêter de fumer. J'avais facilement abandonné la danseuse et j'étais très content de ne plus boire. J'avais en conséquence voulu faire de même avec la blonde. Je sentais d'ores et déjà les effets bénéfiques de cet arrêt. J'avais plus de souffle, je ne toussais plus, les aliments avaient plus de goût et je me sentais surtout globalement mieux. Il n'y avait plus cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête et cette peur de constamment tomber malade. J'étais très content de ces victoires. Elles contribuaient à me redonner confiance en moi. Je me sentais à nouveau fort et c'était une sensation que je n'avais pas éprouvé depuis très longtemps.

Je vivais ma guérison comme une renaissance. Je revenais de loin. J'avais retrouvé tout un tas de sentiments comme la joie, la passion, l'envie et l'amour. Durant ma maladie, je les avais enfui au plus profond de moi-même. Je prenais un nouveau départ et j'avais envie de marquer le coup. J'avais décidé de me faire tatouer. Je voulais bien sûr un motif qui représente cette renaissance. Le phénix s'était donc naturellement imposé à moi. Je le voulais cependant unique, comme la vision de mon combat. J'avais donc mis plusieurs heures à dessiner le motif que j'allais me faire tatouer dans tout le dos.

J'avais réservé une très grande partie de mon après-midi chez le tatoueur. Le dessin que je voulais été imposant et plutôt détaillé. Même si je le désirais en une seule couleur, il faudrait un certain temps pour le réaliser. L'endroit était très propre et le tatoueur très sympathique. Je l'avais déjà rencontré à deux reprises : une première fois pour initier ma démarche et une seconde fois pour lui présenter mon motif. Il avait tout de suite accroché sur ce dernier et semblait très enthousiaste à l'idée de le réaliser. Je me sentais en confiance. Cette démarche était très importante pour moi. Elle représentait la concrétisation physique de ma victoire sur la maladie. Je n'avais aucune appréhension, j'étais même pressé de commencer.

Un peu plus tard, j'étais confortablement installé sur la chaise du tatoueur baissée en position couchette. Il commença par appliquer le calque de mon phénix avant de se mettre au travail. Pour quelqu'un comme moi qui était sensible à la douleur, le procédé était parfaitement supportable. Le bas du dos et la colonne vertébrale furent les endroits les plus douloureux. Je ressentais et j'appréciais cependant chaque moment où l'aiguille traverser ma peau. Je vivais cela comme une victoire, une page qui se tourne. C'est ce qui rendait cet instant tellement spécial. Je me suis forcé à repenser à toutes les épreuves que j'avais traversé pour me conforter dans l'idée que j'avais fait un énorme pas en avant. C'était un moment comme on n'en vit qu'une fois : une douleur qui fait revivre un combat, le fait de réaliser quelque chose d'indélébile et la conviction que tout serait différent à partir de maintenant. Au bout d'une heure, je pris mes écouteurs pour me faire transporter par la musique.

Mes trois meilleures amiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant