Une ombre à l'horizon

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« Tout corps traîne son ombre et tout esprit son doute. » 

Victor Hugo


Trois semaines plus tard.

Je me réveillais en sueur. J'avais encore dû faire un de ces cauchemars. Le réveil indiquait 3h24. Nous étions lundi, c'était le jour de ma reprise. Je crois que je n'avais jamais été aussi content de retourner travailler.

Rendors-toi vite, c'est un grand jour pour toi aujourd'hui. Pas question d'arriver au boulot avec une tête de déterré.

Allé, pense à ta grotte.

Je tournais encore et encore dans le lit. Impossible de me rendormir. Il n'y avait pourtant aucune raison à cela. Le réveil indiquait maintenant 4h12.

Et merde. Ça va être rude demain.

Quelques minutes plus tard, j'entendis Thibault pleurer. Il réclamait son en cas du matin.

Oh non, ça devient lourd là.

Lucie se leva. Je lui dis aussitôt :

« Reste couché mon ange, je vais y aller.

— Non, c'est à mon tour. Repose-toi.

— Je ne dormais pas de toute façon, autant qu'un de nous deux soit en forme demain.

— T'as encore eu une insomnie ?

— Oui et forcément, ça ne tombe pas le bon jour. »

Sans se faire prier, cette dernière se recoucha. Je suis donc allé préparer le biberon puis le donna à mon petit bonhomme. Je repensais à ces trois dernières semaines.

Avec Sacha, nous avions réussi à terminer tous les travaux : carrelage, peinture, parquet, vasques, placards et dressing. Ce fût un peu laborieux au début. Effectivement, il nous avait fallu un peu de temps pour nous remettre dans le bain et retrouver les bonnes pratiques.

En tout cas, cela m'avait fait du bien de passer autant de temps avec mon pote de toujours. En effet, plus nous avancions dans les années et plus ces occasions étaient rares par rapport à notre enfance. Chacun de nous avait sa propre vie désormais. Autant dire que l'ambiance était à la rigolade mais se prêtait également à des discussions plus profondes. Avec le stress, j'avais également eu tendance à augmenter sensiblement ma consommation de tabac.

Lucie et moi avions fait sous-traiter le gros œuvre ainsi que les domaines que je ne maîtrisais pas comme l'électricité ou la plomberie. Au début, avec Sacha, nous primes pas mal de retard et j'étais inquiet de ne pas réussir à tout terminer à temps.

Nous avions acheté cette parcelle à des personnes retraitées qui souhaitaient diviser leur terrain : Léonard et Rose. J'avais rapidement sympathisé avec eux. Ce dernier était tout le temps à l'extérieur. Il s'occupait de son jardin et de ses bêtes. Je pense qu'il cherchait surtout à combattre l'ennui.

Il passait donc régulièrement pour nous donner un coup de main. Sans lui, nous n'aurions pas pu terminer à temps. J'ai également appris à le connaître. Le courant passait bien entre nous. Bien entendu, son âge avancé lui procurait une grande expérience et ses astuces étaient toujours pertinentes.

Après le déjeuner et à la fin de la journée de travail, nous nous retrouvions toujours autours d'une bière bien méritée. Un jour, Léonard avait même insisté pour nous faire goûter un alcool distillé par un de ses copains. L'ensemble de mon système digestif avait été désinfecté.

Mes trois meilleures amiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant