Mes trois meilleures amies

La folie

« L'imperfection est beauté, la folie est génie et il vaut mieux être totalement ridicule que totalement ennuyeux. »

Marilyn Monroe

Une semaine plus tard.

« Comment tu te sens ? me demanda la blonde.

— Aujourd'hui ça va. Il est vraiment agréable ce soleil. Je pourrais rester là, avec toi, pendant des heures. »

C'est vrai que le temps était vraiment superbe ce jour-là. J'en avais profité pour tondre la pelouse et rafraîchir un peu le jardin. J'essayais de rester occupé pour ne pas me retrouver avec mes pensées. Cela faisait déjà une semaine que j'étais seul à la maison. J'avais l'impression de mieux le vivre que ce que j'avais envisagé. Je me donnais le droit d'être moi-même. Cela me faisait du bien. Je n'avais plus aucun rôle à adosser ni aucune responsabilité. Je ne rendais plus de compte à personne.

Je n'avais surtout pas vraiment l'impression d'être seul, j'étais entouré de mes trois meilleures amies. Notre relation était particulière. Éline me faisait peur, ses yeux étaient devenus noirs. Elle me plombait en permanence le moral. Cependant, je savais que tout ce qu'elle me disait était vrai. Il fallait donc que j'apprenne à accepter certaines choses pour mieux y faire face. Ma relation avec la danseuse était particulière. Je n'avais désormais plus honte de passer du temps avec elle. Je pouvais rejoindre cette maîtresse envoûtante dès que j'en avais envie, ou plutôt dès que j'en avais besoin. Enfin, il y'avait la blonde. Elle avait toujours un mot gentil ou bienveillant à mon égard. J'éprouvais donc le besoin d'aller me confier à elle une à deux fois par heure.

Bien entendu, j'avais tout à fait conscience que tout cela n'était pas réel. Du moins, j'essayais de m'en persuader. Parfois je me mettais à rire lorsque je réalisais que je parlais tout seul. Les voisins devaient me prendre pour un fou. Cependant, ces voix étaient bien présentes dans ma tête. J'avais aussi de plus en plus de flash qui me faisaient voir les trois femmes de ma nouvelle vie. Je ne savais pas quoi penser d'elles. Était-ce simplement la représentation d'un esprit malade ou quelque chose d'autre ? Comme un phénomène surnaturel qui se manifeste pour m'aider. La raison m'importait peu au fond. Je savais que je pouvais compter sur elles même si leur manière de procéder était singulière.

Beaucoup de questions restaient néanmoins en suspens. étais-je sur la voix de la guérison ou étais-je en train de m'enfoncer dans la maladie ? Comment avais-je constitué les pièces du puzzle de ma vie pour en arriver là ? Bizarrement, je ne me sentais pas si triste que ça. Je ne savais pas si je remontais doucement la pente ou si c'était seulement une accalmie avant une chute bien plus profonde. J'avais toujours était quelqu'un qui réfléchissait beaucoup à la vie et à mes actions. Ce trait de caractère avait souvent porté préjudice à mon moral.

« Il est presque midi, tu te poses trop de question. Vient donc un peu danser avec moi pour te vider la tête. Ça ne peut te faire que tu bien.

— Je ne sais pas trop. Il est tôt. Si je commence maintenant, je serais trop fatigué pour le reste de la journée.

— Et alors, tu as quelque chose de particulier à faire aujourd'hui ? Laisse toi donc aller, tu verras, tout sera plus léger après. Si t'as peur de ne pas tenir le choc, on peut simplement danser un petit slow. Allez, ne me laisse pas toute seule, tu sais que je suis là pour toi.

— Rien qu'une petite danse alors. J'ai encore mal à la tête de la fête d'hier soir. »

Elle avait toujours raison. C'en était à un point que ça devenait agaçant. J'aimais être désinhibé, je l'assumais. C'est comme si tous mes soucis disparaissaient le temps d'un instant. Mais les artifices ne duraient pas longtemps. Il fallait ensuite faire le choix de continuer à s'essouffler avec la danseuse ou d'accepter que tout me retombe dessus de manière amplifiée. Je choisissais l'une ou l'autre solution selon mon état d'esprit. Mais j'admets que la balance penchait souvent du côté de la facilité.