L'héritière de la Lórien

Partie 10 - L'Anduin

Je me levais avant l'aube pour me préparer et retrouvais le reste de la communauté devant le fleuve, près de barques. Mon grand-père était là pour nous souhaiter bon voyage. Nous nous mîmes en ligne et des elfes vinrent déposer sur nos épaules des capes. Ensuite, ils y accrochèrent une broche en fleur de Lórien.

- Avant ce jour, aucun étranger n'a revêtu l'habit de notre peuple. Puisses ces capes vous protéger totalement des yeux hostiles, prononça Celeborn. Plus vous vous enfoncerez vers le sud, plus le danger s'accroitra, dit-il alors que nous marchions avec lui, Aragorn et moi. Les orques du Mordor tiennent la rive est de l'Anduin. Mais la rive ouest est plus sûre. D'étranges créatures portant la main blanche ont été vues à nos frontières et il est très rare que les orques se déplacent au grand jour. Et ceux-ci l'ont pourtant fait. Vous êtes traqués. Par le fleuve vous avez des chances d'atteindre avant l'ennemi les chutes de Rauros.

Il offrit une dague elfique à Aragorn et m'embrassa sur le front. Nous nous rassemblâmes alors à nouveau devant les embarcations pour les adieux de ma grand-mère.

Galadriel fit un cadeau à chacun d'entre nous. À Legolas un arc des Galadhrim, digne de l'adresse de nos parents des bois. À bien y regarder, il ressemblait un peu au mien, enfin celui que j'avais récupéré de ma mère. À Merry et Pippin des dagues de Noldorin ayant servi durant la guerre. Elle les rassura sur le fait qu'ils trouveront le courage en eux pour s'en servir le moment venu. À Sam une corde elfique. Celui-ci était déçu de ne pas avoir reçu une dague comme les deux autres, mais je faisais confiance à ma grand-mère, elle lui servirait. Elle n'offrit rien à Aragorn. Il avait déjà reçu le meilleur par Arwen, son collier et tout son amour. Et elle exprima ce que nous savions déjà. Leur amour ferait diminuer la grâce d'Arwen. Ce qu'Aragorn ne souhaitait pas. Mais je savais que ma cousine ferait ce que son cœur lui dicte, peu importe ce que nous pourrions bien lui dire. Elle offrit à Frodon la lumière d'Eärendil, notre étoile, dans un flacon pour l'éclairer dans les endroits sombres. En ce qui concerne Gimli, j'ignore ce qu'elle lui a offert. Devant nous, celui-ci n'avait exprimé que sa volonté de pouvoir l'admirer encore une fois. Ce qui me fit bien rire. Le nain qui depuis le début de notre voyage déclarait à tout va haïr les elfes se mettait à en admirer une.

Lorsqu'elle s'approcha de moi, les larmes coulaient déjà le long de mes joues. Autant mon arrivée en Lothlórien fut dure, autant le départ fut encore plus difficile. Je quittais ma famille, l'amour que celle-ci m'offrait, mes terres, mon peuple, ma forêt. Elle me serra dans ses bras.

- Je n'ai rien de plus précieux à t'offrir mon enfant que mon amour, murmura-t-elle à mon oreille. Sauf peut-être ceci. C'est un bracelet. Je vois que tu portes déjà celui de ta mère, j'ignore d'où elle le tenait. Elle n'a jamais voulu me le dire. J'espère que tu accepteras de porter celui-ci aussi. Il a été fabriqué dans du cristal. Il est précieux et fragile, mais moins que l'on pourrait croire. Il se transmet de mère en fille depuis quelques générations.

- Merci grand-mère.

Je la serrai une dernière fois dans mes bras et me tournais vers mes compagnons. Nous embarquâmes tous dans les barques. À mon plus grand malheur, je me trouvais dans la même que Legolas. Je ne lui avais plus adressé la parole ni même regardé depuis l'entraînement de tir à l'arc.

Legolas prit la rame. Après un moment de silence solennel dû au moment passé avec la dame de Lórien, Gimli décida de briser celui de notre barque.

- Lors de ce départ, j'ai reçu ma pire blessure. Car j'ai jeté un ultime regard sur ce qu'il y a de plus beau.

- Merci, souris-je. Quoi ? On m'a toujours dit que je lui ressemblais, me justifiais-je en voyant le regard désapprobateur de l'elfe.