Partie 19 - La voie est close

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Le chemin était long et le soleil qui s'était à présent levé tapait fort. De plus, le froid que ma dispute avec Legolas avait jeté ne rendait pas le trajet plus facile. Cela faisait des heures que nous chevauchions dans un silence pesant. Aragorn n'appréciait pas non plus que je sois là, même s'il en était sans doute un peu soulagé, car pas seul. Il n'y avait que Gimli qui ne soit pas fâché contre moi. Ou pas que je le sache en tout cas.

- Quelle sorte d'armée se tarderait dans un endroit pareil, grommela-t-il pour couper ce silence gênant.

- Une armée maudite, répondis-je.

- Il y a fort longtemps, les hommes des montagnes prêtèrent serment au dernier roi du Gondor. Ils lui jurèrent allégeance, promettant de l'aider au combat, raconta Legolas. Mais quand l'heure fut venue, quand le Gondor eut besoin de leur aide, ils s'enfuirent, disparaissant dans les ténèbres de la montagne.

- Alors Isildur les maudit, souhaitant qu'ils n'aient aucun répit jusqu'à l'accomplissement de leur serment, continuais-je.

- Qui les appellera du Gris Crépuscule ? Les Gens Oubliés ! L'héritier de celui à qui ils prêtèrent serment ! Du nord il viendra ! La nécessité l'amènera. Il franchira la Porte du Chemin des Morts, dit Legolas mystérieusement, réussissant presque à me donner des frissons dans le dos.

Un moment plus tard, après avoir suivi un chemin, nous descendîmes de cheval en arrivant près d'arbres secs. L'endroit était angoissant.

- La chaleur de mon sang semble s'être dérobée, annonça le nain apeuré.

- La voie est close, lut Legolas, les symboles, au-dessus d'une entrée dans la montagne. Elle fut faite par ceux qui sont morts. Et les morts la gardent. La voie est close.

Un souffle effrayant s'échappa de l'entrée. Les chevaux prirent peur et s'en fuirent. Nous ne pûmes les rattraper. De plus, je ne pensais pas qu'ils accepteraient de pénétrer dans cette lugubre montagne.

- Brego, cria Aragorn avant de se tourner face à l'entrée. Je ne crains pas la mort, annonça-t-il solennellement.

Il pénétra dans la montagne et Legolas le suivit. Moi, j'étais plus dans l'état d'esprit du nain. Malgré tout le courage, morte de peur.

- Voilà bien une chose inouïe. Un elfe accepterait d'aller sous terre et un nain ne l'oserait pas, grogna-t-il. Jamais entendu cela.

- Allons-y Gimli, lui souris-je.

Et nous entrâmes à notre tour dans la montagne. Il y faisait sombre. Mais pendant que nous tergiversions à l'extérieur, Aragorn avait trouvé une torche. Le chemin se séparait en plusieurs directions. Nous ne savions pas laquelle prendre. L'un d'eux fut éliminé, car jonché de crânes humains. J'ignore si c'était ma condition d'elfe, mais je voyais plus que ça. C'était angoissant.

- Qu'est-ce que c'est, demanda Gimli en voyant l'expression du visage de Legolas. Qu'est-ce que vous voyez ?

- Je vois des formes d'hommes et de chevaux. Et de pâles étendards semblables à des lambeaux de nuages. Nombre de lances s'élèvent. Telles des branches en hiver à travers un halo de brume. Les morts nous suivent. Ils ont été appelés, finit-il en accélérant le pas.

- Les morts ? Appelés ? Je le savais, répondit le nain apeuré.

- Courage Gimli, dis-je la voix tremblante face aux images en me jetant à la suite de l'elfe.

- Legolas, entendis-je crier derrière moi.

Des formes vaporeuses nous entouraient. Elles essayaient de s'agripper à nous, leurs longs bras tendant leurs doigts en hauteur. Je commençais sérieusement à avoir vraiment peur. Je sentais quelque chose craquer sous mes pieds.

L'héritière de la LórienOù les histoires vivent. Découvrez maintenant