Chapitre 3

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Je battis des paupières.

À peine eussé-je esquissé un mouvement qu'une douleur aiguë me transperça le crâne. Je portai une main à ma tête, tout en me redressant. Bon sang... Je regardai autour de moi, puis réalisai que je me trouvais au fond du puits. Mes yeux se posèrent sur mes doigts, tachés de sang. Pas besoin d'être Einstein pour comprendre que je m'étais cogné la tête et évanouie pendant un laps de temps indéterminé. Mon mal de crâne était un indice à lui seul. Merde, j'avais eu de la chance. J'aurais pu me casser quelque chose ou même me tuer. Il n'y avait pas d'eau pour amortir ma chute, j'étais tombée sur de la terre battue.

Je me redressai lentement, le sang battant contre mes tempes au moindre mouvement. Je bougeai chaque membre et découvris avec soulagement que, en dehors de quelques contusions, j'avais l'air intact. Rassurée, je levai la tête vers l'ouverture du puits, située cinq mètres plus hauts. Voilà autre chose. Je pris une profonde inspiration et me mis à crier à l'aide.

Je hurlai durant de longues minutes. Rien. A dire vrai, je m'y attendais un peu. Peu de gens venaient se balader par ici. Si j'avais préféré me promener en ville plutôt que dans un vieux cimetière abandonné, je n'aurais jamais eu ce genre de problème. Mais on ne se refait pas. Je poussai un soupir.

La nuit commençait à tomber, il allait falloir que je trouve une solution rapidement.


Je ramassai les restes de mon portable sur le sol. Lui en revanche n'avait pas survécu à la chute. Aucune aide de ce côté-là. Je m'approchai de la paroi du puits et cherchai des prises pour mes mains. Du lierre avait poussé à certains endroits et je m'y accrochai. Je réussis à monter jusqu'à mi-hauteur, mais le lierre se détacha soudain des briques. Je ne pus me rattraper. La chute fut rude, mais moins que la première.

Je me redressai, le corps douloureux. Ma cheville gauche me faisait mal, mais cela ne me semblait pas très grave. Je pouvais toujours la remuer, c'était le principal. Je tentai de nouveau d'escalader. Après un troisième échec, la douleur me vrillait le crâne, au point de me donner la nausée. Mon genou droit était écorché, mes mains éraflées de toutes parts. Si je continuais comme ça, j'allais finir par me fracturer quelque chose.

Dépitée, je regardai l'ouverture. La nuit m'entourait peu à peu et j'étais quasiment plongée dans l'obscurité totale. J'étais bonne pour dormir ici, au fond d'un puits asséché. Une perspective réjouissante.

Je m'assis par terre, le dos appuyé contre les vieilles briques. Mon ventre se manifesta et je me souvins que je n'avais rien mangé depuis plusieurs heures. Fouillant dans la poche de ma veste, j'y trouvai une barre de céréales. Je la dévorai. Ce n'était pas très consistant, mais je m'en contentai.

La fraîcheur était tombée en même temps que la nuit et je fermai ma veste. Qu'allais-je faire si personne ne me trouvait ? Pourrais-je sortir par moi-même ? J'avais constaté que la paroi était glissante, difficile à escalader. Mais peut-être qu'en persévérant, j'y parviendrais. Je levai les yeux vers l'ouverture circulaire. Les étoiles scintillaient doucement dans le ciel, impassibles.

Je soupirai. Mon mal de tête n'avait pas l'air de vouloir s'estomper. Je me frottai les tempes, soudain épuisée par cette journée. Je m'allongeai sur le sol, ramenant mes jambes contre ma poitrine. Je n'étais pas très rassurée de dormir ici, au fond d'un puits délabré, mais une autre alternative n'était pas au programme de ce soir.

Un frisson me parcourut. Et je ne crois pas qu'il était lié à la froideur de la nuit.


Je me réveillai plusieurs heures plus tard, un peu étonnée de m'être endormie aussi facilement. Je regardai vers le ciel. Le soleil devait commencer son ascension, car des rayons orangés se réfléchissaient sur les briques, trois mètres au-dessus de moi.

Chroniques de Vahaïra : L'Héritière de la luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant