Nous étions revenus à la maison sans encombre. Le trajet avait été rapide et silencieux.
Ileana nous attendait dans la cuisine. Sa tension était palpable, et je devinais à son expression que la nôtre également. Elle s'approcha de nous, le regard soucieux.
— Tout s'est bien passé ?
— Oui, mentit Yhann, nous savons où chercher Elenwynn.
Ileana ne parut pas soulagée pour autant, et les raisons étaient évidentes. Yhann et moi retirâmes nos capes, puis il se tourna vers sa mère.
— Nous partirons demain à l'aube.
Celle-ci eut du mal à cacher son trouble.
— Si tôt ? Mais vous venez d'arriver !
Yhann la regarda, puis s'approcha d'elle.
— Nous devons partir le plus vite possible, Mère. Le trajet sera long et difficile, il ne faut pas perdre de temps.
Je vis Ileana déglutir avec difficulté et la culpabilité m'assaillit une fois de plus. Je savais ce que cela représentait pour elle : des mois sans voir son fils, peu de nouvelles, et bien plus de risques que d'habitude. Décidément, je ne lui donnais aucune raison de m'apprécier.
Mais elle prit sur elle et nous sourit :
— Je vous ai préparé les lits dans la cave. Vous y serez en sécurité.
Je me tournai vers Yhann, surprise, tandis que sa mère allait chercher plus de bougies.
— La cave est le nom que l'on a donné à une pièce cachée en dessous de la maison. Ma mère l'a fait construire pour mon frère et moi avec l'apparition des Nouvelles Lois.
C'était compréhensible. Beaucoup de familles avaient dû recourir à ce genre de méthode afin de garder leurs enfants à l'abri de l'armée. Je suivis donc mon compagnon jusqu'au bout du couloir, avant de tourner dans la chambre de sa mère. La pièce était simple, mais bien agencée, munie d'un grand lit, une armoire en chêne, une petite table de chevet, et un petit secrétaire près de la fenêtre en face de nous. Les murs blancs étaient nus, mais la pièce dégageait tout de même une certaine chaleur. Yhann poussa le lit vers la fenêtre, dévoilant un grand tapis couleur pourpre. Puis il souleva le tapis qui cachait une petite trappe dans le sol. Il la déverrouilla à l'aide d'une grosse clé en fer avant de l'ouvrir. Je m'approchai alors et me penchai au-dessus du trou. Une petite échelle permettait de descendre deux mètres plus bas, où je pouvais entrevoir à la lueur d'une bougie allumée un petit couloir.
— J'espère que tu n'es pas claustrophobe, me dit Yhann, un bougeoir à la main.
— Pas que je sache, répliquai-je.
Mais je n'avais jamais passée une nuit entière dans une cave, sans lumière, ou sans ouverture.
— Suis-moi.
Yhann descendit le long de l'échelle, et je fis de même. Arrivée en bas, je vis un petit couloir en pierre qui semblait mener à deux pièces. Yhann me tendit un autre bougeoir, et je le suivis dans l'étroit corridor, seulement éclairé par nos deux flammes vacillantes. Il nous amena dans la première pièce. Celle-ci devait faire 10 m2 tout au plus, et ne comportait que deux lits à une place, séparés par une petite table de chevet. Yhann s'avança et posa sa bougie sur la table avant de se tourner vers moi.
— Je sais que c'est assez précaire, mais cela nous permettra de dormir sans risque.
— C'est très bien.
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Chroniques de Vahaïra : L'Héritière de la lune
FantasíaAnna est libraire. Elle s'y connait en histoires de toutes sortes. Pourtant, lorsqu'elle atterrit sans le vouloir dans un monde magique et terrifiant, elle réalise à quel point survivre, c'est pas aussi facile que dans les romans. Surtout lorsque v...