Un petit objet tomba dans ma paume. Je reconnus une pierre de lune ; ma tante en possédait quelques-unes.
La lumière crue de l'ampoule dansa sur la pierre. Son éclat était fascinant et d'une extrême beauté. Je passai doucement le pouce sur sa surface douce.
La pierre avait été taillée en un pendentif ovale. Le genre de bijou assez cher. Je me demandais ce qu'il pouvait bien faire dans cette cave, caché dans un vieux livre. Je voulus la remettre où je l'avais trouvée, mais je me rendis compte que j'en étais incapable.
Je regardai le livre, puis la pochette de velours. Je ne le voulais pas et, d'une certaine manière, je ne le pouvais pas. Ce qui était totalement ridicule. Merde, je n'étais pas une voleuse. La pierre luisait d'un éclat chatoyant dans ma paume. Je devais la ranger à sa place.
Brusquement, j'entendis des pas s'approcher. Comme prise sur le fait, je glissai le pendentif dans ma poche et refermai le livre. Je finis rapidement de ranger les autres dans la caisse avant de la remettre là où elle était. La porte de la cave s'ouvrit.
— Tout va bien là-dedans ? me demanda Micham, du haut de l'escalier.
Je me redressai et lui souris.
— Oui, je faisais juste un peu de rangement.
J'époussetai mon jean et le rejoignis. Au moment où je refermai la porte de la cave, j'avais parfaitement conscience de la présence de la pierre de lune dans ma poche.
Lorsque je rentrais enfin chez moi, Lulabelle, ma chatte, vint aussitôt se frotter à mes jambes en miaulant. Son prénom lui venait d'un des personnages de mon roman favori, La couleur des sentiments, de Kathryn Stockett. On ne se refait pas.
— Laisse-moi entrer, Lula, j'ai faim moi aussi figure-toi.
Celle-ci se dirigea d'emblée vers la cuisine, comme s'il fallait me guider. J'accrochai la veste en cuir à mon portemanteau avant de la suivre.
Je la nourris, puis commençai à préparer le diner. Ce soir, je recevais mon amie Julie, et je lui avais promis de faire des galettes bretonnes. Julie était une irlandaise d'adoption tout comme moi. Elle était anglaise, et adorait la cuisine française. Je ne manquais donc jamais une occasion de lui faire plaisir.
Nous nous étions rencontrées à la librairie, alors que je cherchais encore du travail. C'est la jeune anglaise qui m'avait présentée à Micham par la suite. Notre amour pour les livres nous avait rapprochés avant qu'une véritable amitié ne se tisse. Si j'avais pu décrocher mon job de libraire, c'était grâce à elle. Lui préparer quelques plats de mon pays me semblait depuis une manière de la remercier.
J'allumai la télévision – que je ne possédais que pour regarder Netflix et quelques films – pour lancer un peu de musique. La voix mélodieuse de Neil Young sur sa chanson Old Man emplit l'espace, parcourut les murs. Ayant grandi avec un père qui écoutait tout le temps du rock – de Bruce Springsteen, à Bob Dylan en passant par U2 et les Rolling Stone -, j'avais étrangement l'impression de revenir à la maison lorsque j'écoutais leurs chansons. Une drôle d'ironie au vu de leur origine anglaise pour la plupart.
Comme toujours, lorsque je pensais à ma famille, je ressentis un pincement au cœur. Mais je l'ignorai. Après tout, c'était moi qui avais décidé de partir.
Quelqu'un toqua à la porte, me sortant de mes réflexions peu joyeuses.
— J'apporte le dessert ! s'exclama Julie avec un grand sourire lorsque j'ouvris le battant.
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Chroniques de Vahaïra : L'Héritière de la lune
FantasíaAnna est libraire. Elle s'y connait en histoires de toutes sortes. Pourtant, lorsqu'elle atterrit sans le vouloir dans un monde magique et terrifiant, elle réalise à quel point survivre, c'est pas aussi facile que dans les romans. Surtout lorsque v...