CHAPITRE 20

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ANNA

Le lendemain matin, je me réveillais dans le lit de Golfied, sans savoir comment j'y avais atterri. Je me redressai, et découvris Yhann endormi dans un lit de camp à côté du mien. Borg leva la tête avant de réclamer des caresses. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait être. Par la fenêtre, je distinguais les premières lueurs du jour, mélange d'orangé et de rose. Yhann remua dans son sommeil. Il était tout habillé, avec seulement une couverture en laine qui le recouvrait jusqu'au ventre. Une de ses mains était crispée sur un pan du tissu, l'autre posée sur son cœur. Ses cheveux bruns en bataille retombaient sur son front. Ses lèvres pleines étaient légèrement entrouvertes, sa respiration profonde. Je regardais sa poitrine se soulever durant quelques secondes. Il semblait si paisible ainsi. Puis je repensais à la conversation que j'avais entendue la veille. Difficile de se détendre avec de tels dangers chaque jour. J'admirais d'autant plus leur courage et leur combat. Endurer cela au quotidien...je ne savais pas si j'en aurais eu la force. Mais avaient-ils vraiment le choix ?

Je me levai sans bruit, rejoignis la cuisine. Je m'aspergeai le visage avec de l'eau fraîche. Il fallait que j'aille récupérer mon épée sans que personne ne s'en aperçoive. J'enfilai ma veste et mes chaussures avant de sortir dans la bruine matinale.

Le vent avait apporté son lot de nuages. Le ciel était bas et menaçant, l'air vif me fit cligner des yeux. La ville s'éveillait à peine. Je croisai quelques marchands qui partaient déjà sur les routes, deux boulangers transportant de l'eau pour finir leur pain. Lorsque j'arrivais devant l'enseigne du forgeron, j'eus peur qu'il ne soit pas encore ouvert. Mais la forge incandescente était déjà en action. J'entendis des coups répétitifs résonner dans la bâtisse.

Rassurée, j'actionnai la petite clochette de l'entrée avant de pénétrer dans le bâtiment. Le forgeron, un homme mûr au visage buriné, posa ses instruments lorsqu'il me vit. Il s'avança vers moi avec un sourire.

— Vous êtes bien matinale, demoiselle.

— Bonjour, j'espère que je ne vous dérange pas, répondis-je.

Il secoua la tête, puis se dirigea vers son étal où toute une panoplie d'armes était alignée.

— Je l'ai fini il y a plusieurs heures, elle n'attendait plus que vous !

Il avait dû travailler toute la nuit. Je m'approchai, et il me présenta une superbe épée. Le pommeau était orné d'une jolie pierre blanche ronde, créant une poignée simple mais efficace. Je la soulevai, elle était plus légère que ce que j'avais imaginé.

— J'ai utilisé un alliage particulier, me dit-il avec fierté. Les elfes créaient des matériaux extraordinaires et leur savoir s'est transmis dans ma famille durant des générations. Grâce à cela, je peux fabriquer des armes légères mais terriblement mortelles. Vous n'aurez jamais à affuter la lame, et vous ne serez pas épuisée après cinq minutes de combat.

Impressionnée, je fis un léger mouvement avec et j'eus l'impression qu'elle était une extension naturelle de mon bras. J'aurais besoin de beaucoup d'heures d'entrainement, mais avec une épée pareille, cela ne me sembla plus si insurmontable.

Je remerciai chaleureusement le forgeron et le payait avant de retourner le plus rapidement possible à la maison de Golfied. Je jetai un coup d'œil furtif dans les écuries, mais plus personne ne dormait. Je cachai l'épée parmi mes affaires et les harnachements de Calypso. Puis, j'entrai dans la maison où je trouvais tout le monde réuni dans la cuisine, en train de déjeuner.

— Où étais-tu partie ? me demanda Yhann en s'approchant, l'air soucieux.

— Juste prendre l'air.

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⏰ Dernière mise à jour : May 09, 2020 ⏰

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Chroniques de Vahaïra : L'Héritière de la luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant