CHAPITRE 5

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— Oh. Mon. Dieu.

Les yeux écarquillés, je regardai un cheval ailé se poser devant nous. Oui, j'ai bien dit ailé. Je n'arrivais pas à réaliser ce que j'avais en face de moi.

— C'est impossible... 

J'avais ainsi la confirmation que j'avais totalement perdu l'esprit. Puis je tournai la tête vers Yhann. Ou, à choisir, j'avais la confirmation que tout ce qu'il venait de me dire était vrai. J'avais demandé une preuve après tout. Bordel, j'étais servie pour le coup.

Je secouai la tête. Non, tout cela n'était pas possible. Cela n'existe pas les mondes parallèles et les chevaux ailés, ou les loups-garous, ou je ne sais quelle foutue créature fantastique.

— Tu veux la caresser ? dit Yhann, brisant le fil de mes pensées mouvementées.

Je le regardai, la bouche entrouverte, incapable de parler. Il s'approcha alors de l'animal et posa sa main sur son flanc.

— Je te présente Sodad, ma jument.

Bon sang ! Et si tout ceci était bel et bien réel ? Yhann n'était pas une invention de mon esprit après tout.

— C'est la tienne ? réussis-je à demander, la gorge sèche.

Il haussa les épaules.

— Les chevaux ailés n'appartiennent à personne à vrai dire. Disons qu'elle semble juste éprouver une certaine affection pour moi depuis que je l'ai soignée il y a quelques années.

— Je n'arrive pas à y croire, murmurai-je, totalement dépassée.

Yhann fit un pas vers moi.

— Tu veux la toucher ? Elle est bien réelle, crois-moi.

Légèrement tremblante, j'acquiesçai et je m'approchai de la jument.

Celle-ci était tout simplement magnifique. Sa robe entièrement blanche luisait sous les rayons déclinants du soleil, sa crinière grise tombait en cascade sur sa puissante encolure. Je n'avais jamais vu de créature aussi sublime de toute ma vie.

Il faut dire que c'est la première fois que j'entre dans un monde parallèle, pensai-je, sarcastique.

La jument posa sur moi des yeux d'une grande douceur. Je tendis la main, hésitante et touchai son pelage soyeux.

— Elle est tellement douce, soufflai-je, émerveillée.

Je caressai doucement son encolure, puis suivis la ligne de son dos, effleurai ses ailes avant de revenir sur son chanfrein. Elle était calme et patiente.

— C'est incroyable. Elle est incroyable, dis-je, confuse et époustouflée en même temps.

Yhann me regarda, esquissa un sourire.

— Tu voulais une preuve.

Je laissai retomber ma main, gardant les yeux posés sur ce superbe animal.

— Oui.

Yhann claqua de la langue et Sodad s'ébroua. Elle recula et se mit à brouter à quelques pas de nous.

Je la regardai encore quelques instants, peut-être pour essayer de me convaincre une dernière fois qu'elle était bel et bien là, devant moi, et totalement réelle. Puis je me tournai vers Yhann.

— Comment ai-je pu arriver ici ? dis-je, sans vraiment réaliser que je demandais une chose pareille.

Ses yeux sombres rencontrèrent les miens.

Chroniques de Vahaïra : L'Héritière de la luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant