CHAPITRE 4

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Je marchais dans la forêt sans savoir où j'allais. Je marchais, cherchant désespérément un endroit, un arbre familier. La chaleur était très douce, légère sous les chênes. Tout était silencieux ; pas même le bruit d'un oiseau. Juste ce silence pesant et inquiétant qui me rendait nerveuse. Un peu de vie, c'était trop demander ?

J'étais totalement désespérée. Où étais-je ? Comment tout cela avait-il pu arriver ? Je n'en avais réellement aucune idée, j'étais dans un endroit inconnu, sans même savoir comment j'y avais atterri. Bon sang. Aucune explication rationnelle ne me venait à l'esprit.


J'avais passé la journée à marcher, chercher, avancer, revenir sur mes pas, repartir. Sans succès. C'était à en devenir fou. Cette situation était complètement inimaginable, carrément absurde. De plus, la faim me tenaillait violemment. J'avais réussi à dénicher des pommes quelques heures plus tôt, mais ça ne m'avait pas rassasiée. Je sentais la faiblesse gagner peu à peu mes membres.

Je soupirai.

Je fis une nouvelle pause, m'appuyant contre un arbre, mais presque immédiatement je décidai de repartir. L'inaction me rendait complètement dingue. Où étais-je simplement folle ?

Un craquement retentit soudain. Je me retournai, les sens en alerte, inspectant les alentours du regard. C'était sûrement un animal. Pourtant, je sentais une présence, quelque chose qui m'épiait. J'avais l'impression d'être dans un de ces films d'horreur où l'héroïne est sur le point de se faire tuer. Mais pourquoi tu penses à ça maintenant ? Et moi qui avais toujours espéré être un minimum courageuse.

Je me remis à marcher tout en restant sur mes gardes. Une ombre passa à ma droite. Je tressaillis et m'arrêtai net. OK, ça, ça ne venait pas de mon imagination. J'hésitai à regarder derrière moi. Le cœur battant la chamade, je comptai trois secondes dans ma tête et fis volte-face.

Rien.

Le nœud qui me serrait l'estomac se relâcha quelque peu. Mais soudain, un feulement sourd me parvint et je sus qu'il était dans mon dos. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. La respiration désordonnée, je me tournai lentement et étouffai un cri. Oh mon Dieu !

Face à moi se tenait un loup énorme. Je crus que mon cœur allait lâcher. Il me fixait de ses yeux jaunes menaçants, les babines légèrement retroussées. Les poils se dressèrent sur ma peau. Cette fois, ce n'était plus drôle. Avais-je tué un Dieu canin sans le savoir ? Et sa vengeance se résumait à passer le reste de ma vie pourchassée par des chiens ou des loups ? Pourtant, en regardant mieux l'animal, je réalisais que ça ne pouvait être un loup. Il était bien plus grand, bien plus imposant. Sa tête était plus large, tandis que ses pattes étaient aussi grosses que des sabots. Ses poils noirs ressemblaient à des milliers d'épines mortelles tant ils étaient drus. Il était horrible, anormal, comme tout droit sorti d'un film d'horreur.

La bête fit un pas dans ma direction. Je reculai aussitôt, terrorisée. Un grognement s'échappa de sa gueule terrifiante. Je vais mourir, pensai-je, au sens figuré comme au sens littéral. Mon esprit me criait de fuir, mais aucun muscle ne semblait vouloir répondre. Et, à y réfléchir, je n'irais pas loin. Il n'y avait pas de vieux puits pour me sauver cette fois.

Je trébuchai en arrière sur quelques mètres lorsque mon dos heurta un arbre. J'eus une terrible sensation de déjà-vu, qui avait un goût amer dans ma bouche. L'animal ne me lâchait pas des yeux et avait maintenant les dents découvertes. Il sentait le cadavre, ce n'était pas un vulgaire berger-allemand, c'était un foutu monstre sanguinaire. Il n'était plus qu'à quelques pas de moi. Et pour la deuxième fois de ma vie, je faisais face à la mort. Mais à ma mort cette fois-ci. Et vu les canines de l'animal, elle ne s'annonçait pas propre. Un frisson me parcourut.

Chroniques de Vahaïra : L'Héritière de la luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant