La Forteresse Perdue

106 16 0
                                    


La neige tombait à gros flocons depuis le matin sur la forêt de pin. Le vent balayait le flanc de la montagne, soulevant des bourrasques de neige glaçante. Elle s'accumulait sur les branches des arbres, si bien que son poids faisait tomber de temps en temps une partie du manteau neigeux plus bas, au niveau du sol.

Une violente rafale de vent venant de l'est vint balayer la cime des arbres et une partie de la neige accumulée tomba à pic aux pieds de l'arbre. Elle s'écrasa sur une forme imposante, immobile, qui commençait à être recouverte de neige. Elle se fondait presque dans le paysage, la neige lui servant de camouflage.

Genoux à terre, il observait. Sans un bruit, sans un mouvement, il observait les alentours, à l'affût d'une menace quelconque. Bolter serré contre son plastron. Le réacteur énergétique de son armure au minimum de sa puissance, n'alimentant que les parties vitales. Les tuyères à l'arrière de son paquetage dorsal n'émettant qu'une infime chaleur, presque indétectable.

Soudain sur sa gauche, son Sergent fit un simple geste de son poing amuré. Les systèmes de son armure s'éveillèrent à la vie. L'alimentation revint en même temps que le générateur de son armure monta en régime. Les tuyères crachèrent la chaleur en trop, les fibres musculaires synthétiques tapissées à l'intérieur et les servomoteurs l'aidèrent à se relever sans un bruit et aisément malgré l'encombrante armure d'Astartes. L'esprit de la machine de son armure venait de se réveiller.

Autour de lui, huit formes similaires s'éveillèrent, se dégageant de la masse de neige qui s'était accumulée sur eux pendant leur halte. Ils allaient reprendre la progression vers leur objectif. Un autre signe de la part de leur chef, il pointa une direction dans la forêt de pins enneigés.

« En Avant ».

La progression aurait été dure pour un soldat mortel. Pour les Astartes c'était relativement simple, malgré les trente centimètres de neige, les aspérités du sol, les crevasses à peine visibles cachées par l'épais manteau. Le casque de leurs harnois permettait de voir plusieurs spectres visibles, comme les sources de chaleurs, d'accentuer la luminosité, ou bien de voir à travers certaine surface, la neige en faisait partie.

Le sergent activa d'une simple pensée différent filtre visuel dans son casque. L'armure étant reliée directement à la moelle épinière de son hôte par le biais de connectique directement incorporée dans la chair du porteur, ainsi que dans sa carapace noire.

Il entrevit une crevasse dans la roche devant lui, qu'il enjamba aisément.

Il voxa :

-Attention aux aspérités de la roche sur cette crête mes frères.

Onze bips de confirmation lui revinrent dans les écouteurs de son casque. Frère Konrad situé cent mètres à l'avant de la formation, en éclaireur, activa son vox sur le canal d'escouade.

-La forêt se densifie. La progression sera plus difficile à partir d'ici frère sergent.

-Très bien. Arrière-garde, réduisez l'écart avec la formation principale.

-Frère Maximilian en mouvement, répondit-il.

Ils reprirent leur progression vers leur objectif.

Cela fessait maintenant des heures qu'ils progressaient dans la montagne, l'exercice aurait été éreintant mais c'était sans compter sur la physionomie des Astartes. Leurs trois poumons fonctionnaient de concert pour capter la moindre molécule d'oxygène, raréfiée à cette altitude, le respirateur intégré à leur casque combiné au recycleur d'air dans leur paquetage, envoyait un air purifié et riche en oxygène dans leurs armures. Leurs deux cœurs pompant leur sang à un rythme soutenu. A cette cadence, un humain non amélioré génétiquement serait mort d'épuisement depuis longtemps, pas un Astartes. Ils étaient à peine fatigués par leur longue marche. Le peu de transpiration qui émanait de leur peau était immédiatement recyclée par leurs armures, et injectée sous forme de liquide dans les ports connectiques greffés à même leur peau. Frère Johann, quant à lui, devait porter son Bolter lourd avec lui. Transportant aussi sur son paquetage dorsal l'énorme magasin à munition. Ainsi que deux chargeurs hélicoïdaux à sa ceinture, de tous les Croisés présent c'était le plus chargé. Pourtant il avançait à un bon rythme, ses muscles de fers, ainsi que les assistances de son armure, l'aidèrent à garder le rythme de progression à travers la forêt gelée.

Black TemplarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant