Les Profondeurs

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Elle était là, dos à la montagne, baignant dans son ombre. Son donjon, une immense tour de pierres noires, luisantes de crasse dû à la fumée de tir des canons, trônait au centre d'une cour intérieure. A son sommet, des créneaux de fer forgé, où étaient empalés les cadavres des défenseurs, protégeaient une batterie Hydra anti-aérienne. D'étranges formes se balançaient, suspendu à des cordes, tendues depuis les meurtrières. D'une simple pensée les optiques de son casque effectuèrent un agrandissement de l'image et firent une mise au point. C'était les officiers défais, qui commandaient cette forteresse, qui bringuebalaient au grès des vents des montagnes. Tout autour de cette place forte, de hautes murailles hérissées de canons, de postions d'armes lourdes, et bunkers dominaient de toute leur hauteur le no man's land jusqu'à la lisière de la forêt. Toute la longueur des contreforts était renforcée de sac de sable et de plaques anti-explosions. A intervalle régulier, sur les sommets des tours de guets de pierre, avait été monté des batteries anti-aériennes, ou des autocanons, tournés vers le ciel. Des sentinelles immobiles, habillées de couleurs sombres fixaient l'horizon. Guettant le moindre mouvement. Des rafales de vents glaçantes emmenaient des tourbillons de neiges par-dessus les murs de pierres noires de suie. D'immenses braseros, où brûlaient un bois huileux et nauséabond faisaient fondre la neige sur le chemin de ronde. Des escouades entières de soldats ennemis patrouillaient les remparts, prêts à tout moment, à renforcer un point faible de la ligne de défense.

Les carcasses des intercepteurs Fury qui avaient servis de diversion pour leur débarquement avorté, ne brûlaient plus. Une carcasse noircie par les incendies gisait là, écrasé au pied des remparts, l'intercepteur avait été sectionné en deux par les tirs traçants. Son immatriculation impossible à lire tellement la carlingue était brûlée.

Ils étaient cachés à l'orée de la forêt, derrière les troncs des pins, sous des branchages, les réacteurs de leurs armures tournant au ralenti, indétectable. Ils avaient tous vu les clichés pris depuis le Revenant, en orbite. Ils savaient que dans la cour intérieure, des baraquements préfabriqués abritaient au moins deux compagnies de combat. Une surveillance prolongée avait montré une grande organisation, les tours de garde étaient précis, ainsi que les relèves le long des remparts. Les exercices physiques des troupes stationnées étaient longs et exigeants, ce qui prouvait qu'ils ne manquaient ni de vivre ni de munitions, cette base arrière envoyait des escadrons de sabotages, de guérilla et de reconnaissances partout dans les vallées plus basses. Ils avaient pillé la quasi-totalité des stocks de la garnison impériale stationnée dans la forteresse.

Une imagerie thermique en profondeur montrait bien que les monte-charges toujours actifs, ramenaient les obus d'artillerie des bunkers à munitions situés sous le donjon. Elle avait aussi permis de détecter un système de tunnels avancés sous la montagne, l'épaisseur de la roche interférant avec l'imagerie, la surveillance s'arrêtait à quelques mètres de la surface.

Les trois basiliks volés à la garde, envoyaient leurs obus régulièrement et aucun signe ne montrait que le manque de munition se faisait sentir. Ils avaient été mis sur des plateformes hydrauliques qui pouvaient tourner à trois cent soixante degrés, permettant d'engager n'importe qu'elle cible dans les cinquante kilomètres. Aucune vallée n'était protégée de la menace. Une structure de préfabriquée à l'est avait attirés leur attention, aucun cliché n'avait pu montrer ce qu'il y avait dessous, l'épaisseur du blindage et les filets de camouflages obstruant la vue. Pourtant, régulièrement des gaz d'échappement s'en échappaient. Les hérétiques avaient en leur possession un parc de véhicule actif.

Il devint vite clair lors de l'étude leur cible que le haut commandement ennemi était stationné dans le donjon. Des plaques de blindages avaient été rivetées à la pierre, assurant une meilleure protection des étages sensibles. Des antennes longues portées avaient été rajoutées sur le versant nord du donjon où devait se trouver leur salle radio. C'était là que se terrait la bête. Et ils devaient la décapiter, pour mettre fin à cette guerre qui ravageait cette planète. C'était là le dernier bastion de l'ennemi. Il n'abandonnerait pas aussi facilement. C'était les derniers spasmes d'une bête féroce qui agonise.

Black TemplarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant