Tempête Meurtrière

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Il observait le bâtiment depuis une vingtaine de minute, rien ne bougeait. Aucun signe de mouvement ou d'activité humaine. Derrière le sergent Brüner, la colonne de char attendait. Leurs moteurs éteints. Depuis son couvert, au bout de la rue, il pouvait voir une immense place dans le style impériale pur. Elle avait subi les affres de la guerre mais on pouvait encore voir les piédestaux des statues de héros impériaux encore debout. Certaines de ces statues gisaient au sol, brisées. La place était jonchée de cadavres et d'épaves de véhicules. Brüner reconnut l'appartenance régimentaire des véhicules, c'étaient bien ceux de Marrick et du colonel disparu. Ils étaient passés par là, et avaient combattu. Des dizaines de corps démembrés, pulvérisés, avaient peint le marbre des pierres de la place de taches de sang rouges coagulées et collées par le sable.

La place donnait sur un immense bâtiment au toit plat. Ses murs donnant sur l'extérieur étaient criblés d'impacts de balles et de projectiles. Des cadavres d'hérétiques s'empilaient même en dessous des fenêtres les plus basses, comme un pont morbide. Les cadavres commençaient à être recouverts par le sable et la poussière. Mais certains semblait plus récent que d'autre. Continuant de se vider de leur sang sur le parvis.

On pouvait distinguer encore le marquage qu'avait laissé le caducée impérial dans la pierre, sur la devanture du bâtiment. C'était un ancien hôpital impérial. Et à en juger ce devait être aussi une école pour les futurs médecins de cette ville. Le bâtiment dépassait en taille et longueur toutes les autres bâtisses qui le cernait. On pouvait circuler librement autour du bâtiment avec un char, la place s'étendait autour de l'hôpital abandonné. Cela laissait un champ de vision et des positions de tirs idéales pour se défendre. Les corps autour le prouvaient.

Le sergent sorti de son couvert. Il marcha avec détermination, entrant sur la place d'une démarche assurée. Ses armes rangées au fourreau. Il enjambait les cadavres hérétiques et loyalistes avec facilité. Des monticules de corps étaient cachés par les colonnes et les statues effondrés. Figés dans la mort, dans une fresque sordide. Des soldats mutilés étaient morts sur les chars qu'ils pilotaient, essayant de s'enfuir de leurs habitacles, submergés par les soldats du Grand Ennemi. Le sergent Brüner se planta devant la façade de l'hôpital. Ses murs s'élevant sur trente mètres de hauteur, le noyant sous leurs ombres démesurées. Les portes principales étaient fermées. Des pans de maçonneries jonchaient le perron. Toujours aucun mouvement. Rien ne bougeait. Le temps semblait figé. Soudain, dans un boum supersonique le Defiance, passa en rase motte au-dessus de l'hôpital. Faisait vibrer ses fondations, ses vitraux et les cadavres devant ses fenêtres. Le Thunderhawk continua sa route, et pris de l'altitude dans une courbe majestueuse, pour repartir voler au-dessus d'un autre quartier de la ville. Son passage fit tomber sur le parvis un bloc de ferrobéton du toit, qui s'écrasa dans un bruit de pierre brisée, non loin du sergent.

C'était ce qu'il fallait pour convaincre les défenseurs. Les immenses portes s'ouvrirent dans un bruit de métal torturé, et de bois malmené. Une escouade de garde en émergea. Le sergent les observa attentivement. Ils étaient mal rasés, fatigué, mais leur armement était propre et prêt à faire pleuvoir la mort. Ils se déployèrent dans un arc de cercle parfait, en cadrant et bloquant de leurs corps l'accès à l'intérieur de la bâtisse. Ils pointèrent leurs fusils lasers sur lui. Il s'en doutait, mais d'autres gardes, cachés derrière les fenêtres brisées braquaient eux aussi leurs armes sur lui. Au moindre faux mouvement il serait criblé de laser. Il s'avança très lentement, les bras le long du corps et s'arrêta devant la volée de marche qui menait aux portes principales. Il activa les hauts parleurs de son armure :

-Je suis le sergent Brüner, et je sers l'Empereur-Dieu de l'Humanité !

Sa voix porta sur toute la place, se réverbérant sur les murs de pierre, et résonna dans les ruelles encombrées de cadavre.

Black TemplarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant