Une Lueur Dans La Tempête

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L'atmosphère de l'habitacle était étouffante, cela faisait bien longtemps que la climatisation ne fonctionnait plus, elle ne soufflait plus que de l'air chaud, alors, le chef de char avait décidé de l'arrêter. Il se mit debout sur son siège et déverrouilla l'écoutille juste au-dessus de lui. Il dut la pousser avec son épaule pour l'ouvrir, l'air extérieur pénétra dans la tourelle, l'air était aussi chaud que celui de dedans, il n'était pas sûr que ce fusse une si bonne idée. Il s'en fichait. Il alluma une cigarette, en protégeant son briquet de ses mains. L'air chargé de sable venait lui fouetter le visage. Il entendait dans les écouteurs fixés sur ses oreilles, sous son casque de tankiste, les rapports radios de la formation dont il faisait partie. Une nouvelle rafale de vent cinglante, vint lui labourer les parties exposées de son corps aux éléments.

Il tourna le dos aux dunes qui se trouvaient devant son char pour se protéger. Derrière son Leman Russ qu'il chérissait tant, le suivait de près deux autres Leman Russ. Il connaissait personnellement les chefs de ces chars, c'était des amis proches. Ils avaient combattu ensemble. Et aujourd'hui cela pourrait être bien la fin de tout ça. Cinquante mètres sur sa droite un autre escadron de trois chars fonçaient à travers la pleine aride, et sur sa gauche un autre escadron de trois autres chars. Trois escadrons au complet de Leman Russ, le char le plus répandu et le plus robuste de la garde impériale. Il salua d'un grand geste de la main un autre chef de char qui fumait lui aussi une cigarette à la tourelle de son tank. Il lui rendit son geste.

Derrière ces trois impressionnants escadrons suivaient une quinzaine de transports de troupes chimère, ils étaient presque impossibles à voir, les chenilles des engins devant eux, soulevaient tant de poussière dans l'air qu'ils étaient complètement cachés. Un léger vent de nord-ouest venait faire dévier le nuage de poussière, libérant un peu de visibilité aux pilotes des transports. Ils devaient vivre un enfer, piloté pendant des heures, suffocant par tant de poussière qui rentrait par les meurtrières qui leur servaient à piloter. Il n'y pensa plus. Il avait une mission plus importante à mener. Il lança sa cigarette presque finie dans le sable, elle tomba et s'éteignit quand les chenilles des chimères l'écrasèrent.

Il sauta dans le fauteuil défoncé de son poste de commandement et ouvrit une liaison vox avec les autres escadrons.

-Vérifiez vos positionnements, resserrez la formation en pointe, flanc droit vous dérivez de quelques degrés.

-Affirmatif, on se repositionne.

Ils roulaient depuis le matin, les pilotes commençaient à fatiguer avec cette chaleur, et s'éloignaient un peu de la formation convenue en pointe de flèche. Les soleils jumeaux de la planète étaient presque à leurs zéniths, ils leur restaient presque deux cycles entiers Terran de lumière naturelle, avant une nuit de soixante-douze heures. Il n'arrivait pas à se faire à ce cycle solaire.

Il avait laissé la trappe ouverte, permettant d'aérer les odeurs corporelles de ses tankistes. Ils n'avaient pas pu se laver correctement depuis presque deux semaines, et l'air devenait presque irrespirable. Sur une planète aussi désertique, l'eau était une ressource rare, et elle n'était pas gâchée pour laver les corps des soldats.

Il s'alluma une autre cigarette dans l'habitacle de la tourelle, c'était formellement prohibé mais vu le combat à venir, il pouvait aussi bien mourir d'une explosion secondaire dans son propre char avec une cigarette mal éteinte, pour ce que cela changeait. Il y a deux semaines, le colonel de son régiment parti avec la majeure partie de ses hommes reprendre une ville au milieu du désert, dans la campagne visant à reprendre cette planète et le secteur aux mains d'une armée hérétiques, étrangement bien armée et organisée. Il était tombé lui et ses hommes dans une embuscade, ses forces quasiment détruite, incapable de battre en retraite et de sortir de la ville en question. La dernière transmission qu'il put envoyer à son arrière garde, c'est-à-dire Marrik et ses hommes, expliquait qu'ils étaient retranchés dans un quartier de la ville, en sous nombre, encerclé, et leurs munitions baissaient rapidement. C'était il y a trois jours.

Black TemplarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant