19. Crise d'orgueil

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Je vois Sawako éviter mon regard et ses joues devenir rouges.

- Tu l'a déjà fait ? je demande à nouveau.

- En fait... Oui...avoue t-elle dans un souffle à peine audible.

- Oh... je fais à mon tour puis la lumière se fait dans mon esprit et c'est la douche froide. Kagami !

Cette fois, je me relève complètement et attrape mon t-shirt que j'enfile. Je sens la colère bouillir en moi.

- Non...C'est pas...Attends! Qu'est ce que tu fais ? me demande Sawako d'une voix tremblante en se redressant sur le lit.

- Excuse moi, mais passer après Kagami, j'ai du mal ! je lance d'un ton sec. J'ai besoin de prendre l'air !

- Quoi ? Mais... Daiki! s'écrie t-elle alors que je quitte ma chambre en la plantant là.

Je descends en vitesse pour sortir de chez moi en claquant la porte et je marche droit devant sans faire attention où m'entraînent mes pas. Au bout d'une dizaine de minutes, je réalise que je suis de l'autre côté du parc de jeu de mon quartier. Là où Sawako et moi venions jouer enfants.

La colère bat dans mes tempes et j'ai les mains qui tremblent. Kagami ! Il fallait, bien sûr, que ce soit cet enfoiré. Je ferme les yeux et le visage de Sawako apparaît derrière mes paupières, rempli d'incompréhension et de tristesse. Je réalise que ce que je viens de faire a peut-être, voir même sûrement, signer la fin de notre relation et à cette pensée j'ai l'impression qu'on me plante un couteau dans le cœur. Alors c'est tout. Notre histoire n'aura duré que quelques semaines. Et notre amitié ? Elle ne survivra pas à ça non plus, c'est certain. Je l'ai perdue. À cause de Kagami.
Je commence alors à l'imaginer avec lui, dans un lit, comme nous l'étions il y a encore moins d'une demi heure. Je peux voir ses mains le toucher, lui, sa peau se frotter à la sienne, son prénom franchir ses lèvres. Ma gorge se serre et j'ai soudain la nausée. Non, je n'arrive pas à faire comme si ça ne me faisait rien. J'ai perdu face à Kagami.

Je ne sais pas combien de temps je reste là, dans ce parc, adossé contre le grillage du petit terrain de basket, mais quand je relève la tête, je m'aperçois que le soleil commence à décliner et que les enfants ont tous disparus, probablement rentrer chez eux. Je soupire et baisse à nouveau les yeux pour fixer le sol.
Des bruits de pas s'approchent et deux pieds chaussés de baskets s'arrêtent juste en face de moi.

- Relève toi ! m'ordonne la voix de la dernière personne que j'ai envie de voir. T'es vraiment qu'un gros connard, t'en as conscience ? Relève toi, je te dis !

- Ferme la et dégage ! Je t'ai rien demandé, Kagami ! je lui rétorque sans même lever les yeux vers lui.

Il pousse un grognement et attrape mon t-shirt pour m'obliger à me remettre sur mes pieds.

- Tu me chourres ma copine et en plus tu la fais pleurer ! J'avais raison, t'es qu'un enfoiré de première qui pète plus haut que son cul !

A cet instant précis, je sens ma colère déborder et j'explose. Je repousse violemment Kagami et serre le poing à m'en faire craquer les phalanges pour lui envoyer dans le nez. C'est comme si il n'attendait que ça, comme si il ne voulait pas être le premier à frapper et à présent que j'ai ouvert les hostilités, il se lâche. Son poing vient rencontrer ma mâchoire et la violence du coup me fait chanceler. Cet abruti a une force surprenante, je dois l'avouer mais ma fierté et ma colère me poussent à répliquer encore et encore, coups pour coups jusqu'à ce que l'on s'écroule tous les deux contre le grillage, essoufflés. Je crache sur le côté un peu de salive mêlée à du sang et pose le regard sur mes mains égratignées.

Un verre de lait |KnB|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant