9. Chagrin

2.9K 200 211
                                    

J'ai vidé mon sac à Satsuki ce jour là, assis sur le lit de l'infirmerie du gymnase. Autant que j'ai été incapable de parler face à Sawako, je ne me suis pas arrêté avant d'avoir tout dit à Momoi. Et elle, elle m'a écouté sans rien dire, assise à mes côtés. Mais ce silence n'a duré qu'un temps puisque depuis mon amie aux mèches roses ne cesse de me harceler sur le sujet. Comme maintenant alors qu'on marche sur le chemin du lycée.

- Ça me dépasse Dai-chan ! Pourquoi tu l'appelles pas ? Ça va faire un mois !

- Parce que je peux pas, c'est tout !

- Toi et ta maudite fierté ! grommela t-elle. Tu préfères qu'elle te passe sous le nez !

- Arrête, t'es lourde ! Elle est avec Kagami, c'est déjà mort pour moi...

Vous avez l'air aussi têtu l'un que l'autre... Ok, elle a un copain mais peut être que si elle avait le choix, ce n'est pas lui qu'elle choisirait ! T'as pensé à ça ?

Je lui lance un regard en biais mais ne réponds pas. Mes sentiments sont peut-être réciproques d'après Satsuki car selon elle, on était deux dans cette piscine à boules, deux à être sur le point de s'embrasser.

- Dai-chan, continue Momoi, tu sais ce qu'on dit qui ne tente rien n'a rien et elle vaut peut-être le coup de prendre un petit risque, non ?

Je garde encore une fois le silence et l'entends soupirer avant de me tendre mon sac à l'entrée du lycée. Je n'ai plus de béquilles mais elle insiste pour me le porter jusqu'à ce que je ne boite plus. Elle me salue ensuite d'un sourire et s'en va rejoindre sa classe.

Assis à mon bureau pendant l'heure du déjeuner, je repense à ce que mon amie m'a dit. Est-ce que Sawako ne vaut-elle pas que je ravale un peu ma fierté ?
Je sors mon téléphone et fixe l'écran des messages.
Finalement, que se passerait-il si elle m'envoyait balader ? On ne se verrait plus et j'aurais le cœur qui se serre chaque fois que je penserais à elle. En fin de compte, c'est déjà ce que je vis depuis un mois.

" Salut. On peut se voir pour parler ?"

J'ai le cœur battant la chamade quand j'appuie sur la touche d'envoi. Et arrive l'attente. Je n'avais pas pensé à ça et c'est pire que tout. J'ai le ventre noué et je tourne mon téléphone entre mes doigts dans un geste impatient. Puis enfin, il vibre.

"OK. Où et quand ?"

" Ce soir, à 18h dans le parc de jeux de Takatori Square ?"

Elle ne répond pas. Je suppose que ça veut dire qu'elle est d'accord et je passe l'après midi à chercher ce que je vais lui dire et surtout comment je vais lui dire. Aucun match de basket ne m'a jamais autant stressé. Sur le parquet, c'est instinctif, je n'ai même plus à penser à mes mouvements et puis surtout je suis le meilleur sauf qu'avec Sawako, c'est différent.
L'après midi traîne en longueur mais finit malgré tout par se terminer et je suis enfin libre de prendre le chemin de Takatori Square.

Les journées se sont allongées et il fait encore jour quand je m'installe sur l'un des bancs du parc de jeux pour attendre mon amie. Les minutes passent et s'étirent sans que Sawako n'arrive. Je jette un coup d'œil à l'heure. 18h30. Puis à mes messages. Rien. Je soupire et me lève en m'étirant pour faire le tour du parc, les mains dans les poches, puis je m'assois sur une balançoire. 19h05. C'est ridicule, j'ai été con d'y croire. Elle n'a sûrement jamais eu l'intention de venir. Le message est clair et je viens de le saisir douloureusement. Je quitte le parc pour rentrer chez moi alors que la nuit amène avec elle la pluie.

J'écoute les gouttes d'eau s'écraser sur la fenêtre de ma chambre, assis par terre, le dos calé contre mon lit et la tête en arrière. J'ai écouté Satsuki et voilà le résultat. Je me sens encore plus mal, je suis en colère et j'ai envie de ne voir personne. Mes parents sont absents de la maison pour la soirée et j'ai coupé mon téléphone pour être sûr que Momoi ne m'harcèle pas.
Brusquement, j'entends la sonnette de la porte d'entrée. Je pousse un soupir, me doutant qu'il s'agit de Satsuki. Je décide de l'ignorer, elle finira bien par partir. Cependant la sonnette retentit à nouveau, rapidement suivie par des coups à la porte. Je grogne en me relevant et dévale les escaliers aussi vite que ma cheville fragile me le permet, prêt à déverser ma colère sur mon amie un peu trop têtue.

Un verre de lait |KnB|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant