14. Serre moi

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Je regarde les bulles de mon soda remonter et exploser à la surface de mon verre. J'entends à peine mes parents discuter à côté de moi, c'est comme si ils étaient dans une autre pièce et que leur conversation me parvenait étouffée à travers un mur.

- Daiki ? Daiki! la voix de ma mère semble soudain résonner à mes oreilles à plein volume. Tu m'écoutes ?

Je relève alors la tête pour la regarder et la voir soupirer.

- Ton père et moi allons rentrer à la maison. Tu viens avec nous ?

- Non, dis je alors que mes yeux glissent vers Sawako. Je vais encore rester un peu.

Je sens la main de ma mère serrer doucement mon bras et mon père hoche la tête. Puis ils s'éloignent tous les deux vers Madame Fukuda pour la saluer.
J'ai envie d'aller voir Sawako, assise sur le canapé, les yeux rivés sur ses mains crispées autour de son verre pas entamé. Mais elle est constamment entourée de gens. Je vois une larme perlée sur sa joue et s'écraser sur sa robe sombre. J'ai alors la sensation qu'on me plante un couteau dans le cœur et je pose mon verre pour aller la rejoindre.
Mais une main se pose sur mon torse pour m'en empêcher et je croise deux prunelles rouges foncées.

- Pas ici, pas aujourd'hui, Kagami, je gronde doucement pour ne pas attirer l'attention sur nous.

Il baisse les yeux et sa main retombe mollement de mon torse, réalisant probablement que notre rivalité, même si elle concerne Sawako, doit être oubliée pour un jour.
Je viens m'asseoir sur le canapé à côté d'elle, profitant que les gens commencent à quitter le domicile des Fukuda. Sans me regarder, elle vient glisser sa main dans la main. Elle est si gelée que ça m'arrache un frisson. Puis sa tête se pose doucement sur mon épaule. Nous restons ainsi, sans parler, sans bouger, jusqu'à ce que Haru s'approche de nous, et je réalise alors qu'il n'y a pas plus que nous dans le salon, assombri par la nuit qui tombe.

- Maman ne veut pas dormir ici, nous allons chez tante Asami, annonce t-il à sa sœur. Tu viens avec nous ?

- Non, Onii-san, réponds Sawako d'une voix enrouée en se redressant. Je préfère rester là.

- Toute seule ? grimace Haru. Je suis pas certain que ce soit une bonne idée...

- J'vais rester avec elle, je propose, les yeux rivés sur mon amie.

- Quoi ? s'exclame son frère en me lançant un regard suspicieux. Je te vois venir...

- T'en fais pas, je le coupe. Je dormirais par terre ou bien sur le canapé, ici.

Haru pose les yeux sur sa petite sœur dont la main n'a pas lâché la mienne depuis plus d'une heure et soupire.

- Très bien, Aomine. Je te la confie.

Quand la porte se referme sur Haru et sa mère, je prends conscience du silence lourd qui règne dans la maison. J'ai dû mal à réaliser qu'il y a à peine plus d'une semaine, je me trouvais dans cette même maison pour l'anniversaire de Monsieur Fukuda et qu'aujourd'hui, il n'est plus là. Sawako n'a pas bougé du canapé sur lequel elle s'est assise à notre retour du temple. J'ai la sensation de sentir la peine emanée d'elle par vague. Je soupire en quittant ma veste de costume noire et vient m'accroupir devant elle.

- T'as faim ?

Elle secoue la tête négativement mais n'ouvre pas la bouche alors je pose ma main sur les siennes, toujours aussi froides.

- Écoute, tu vas aller prendre une douche chaude et pendant ce temps, j'vais commander des pizzas. On se mettra un film en mangeant, tu pourras même le choisir sans que je râle si tu veux. Oh ! Et t'as pas le choix !

Un verre de lait |KnB|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant