28. La course

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Mon portable indique 22h40. Le silence absolu qui règne dans la maison m'indique que mes parents sont couchés et endormis depuis un bon moment. Je sors alors le plus discrètement possible de chez moi en rabattant ma capuche sur mon visage et prends la direction de l'Arcade Game. Cependant tout au long du chemin, j'ai une drôle de sensation qui m'oppresse la poitrine, comme une mauvaise intuition.

L'établissement de jeux fait encore plus miteux la nuit avec ses néons roses. Les types qui zonent devant n'ont plus rien de petits lycéens jouant les bad boys.
La dénommée Yukio me repère dès que je franchis le seuil et se jette presque à mon cou.

- T'es revenu bien vite, beau gosse !

- Lâche moi, dis-je en la repoussant. J'suis pas là pour toi...

- C'est quoi cet accoutrement ? T'as cru qu'on allait braquer une banque ou quoi ? se moque Haizaki en arrivant à ma hauteur avant de tirer sur ma capuche. Allez enlève ça ! Personne te connaît où on va !

Je le fusille du regard mais lui emboîte le pas malgré tout jusqu'à plusieurs voitures. Plus vite que je ne le réalise, je me retrouve à l'arrière d'une de ces bagnoles ronflantes qui filent dans les rues en direction d'une zone industrielle. Il est trop tard pour reculer maintenant que je suis là.
Alors qu'on arrive à destination et que je m'extirpe enfin de cette voiture horriblement tunée, Haizaki se tourne vers moi avec un regard mauvais.

- Voilà, je t'ai amené jusque là maintenant tu te démerdes, play boy. Si tu t'attires des embrouilles, je sauverais pas ton cul, ok ?

- Ouais, c'est bon, je grogne en regardant autour de moi.

On doit se trouver sur l'une des îles artificielles de la zone industrielle de Kawasaki, étant donné que, en face de moi, de l'autre côté de la rivière sombre se trouve un aéroport. Mais l'endroit est pour le moment recouvert de voitures aux peintures tape à l'œil et aux néons fluos. Des centaines de personnes sont regroupées autour de quelques bagnoles et plus de la moitié sont des filles en mini-shorts ou jupes si courtes qu'on voit le galbe de leurs fesses. Je me dit que si Matsumi est ici, il va être difficile à repérer dans tout ce monde.
Des grondements sourds m'indiquent qu'un peu plus loin, des petites courses ont déjà lieu. Je m'aventure parmi ces gens à la recherche du visage de Matsumi. La plupart m'ignore complètement mais j'attire tout de même certains regards et pas forcément celui admiratif de jeunes femmes.
Je suis clairement pas à ma place ici et je suis sur le point de renoncer quand je vois passer une voiture similaire à celle de Matsumi, la fenêtre du conducteur ouverte.

- J'le savais, je murmure pour moi même. J't'ai grillé, enfoiré !

Des éclats de voix attirent mon attention dans mon dos, dont une qui me semble bien trop familière. Mon sang se glace et mon cœur rate un battement quand mes yeux se posent sur la dispute en question. Je m'élance dans cette direction et pousse violemment le type à l'origine de tout ce tapage puis me retourne, furieux.

- Qu'est ce que tu fous là, Sawako ?

- Je pourrais te poser la même question ! Je t'ai suivi ! Mais j'aurais jamais imaginé que tu traînerais dans ce genre d'endroit !

Je sens peser sur nous le regard de gens qui nous entourent et je décide que cette conversation devient beaucoup trop publique mais surtout qu'on attire un peu trop l'attention sur nous. Alors j'attrape Sawako par le bras, un peu trop fermement peut-être et la traîne à l'écart.
Quand je vois sa tenue, il est clair que c'était pas dans ses plans de la soirée de se retrouver ici. Elle porte un simple jean troué avec un t-shirt à l'effigie d'un animé des années 90 et des baskets hautes. Elle a clairement pas le look de toutes les autres filles présentes dans ces courses. Elle me dit bien la vérité.

Un verre de lait |KnB|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant